Thuin : les Sœurs grises ressuscitent
Au terme d'une saga mêlant drame et sensibilité, la chapelle des Sœurs grises quitte la salle d'op pour la phase de revalidation.
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La vieille dame a retrouvé sa prestance (Photo EdA) |
Encore que pour ces deux patrimoines thudiniens, une démolition n'a jamais été envisagée. Ce fut le cas pour la chapelle lorsqu'un vote du conseil communal a conduit à cette fatalité, faute de trouver une issue à une situation qui pourrissait depuis des décades.
La chapelle avait été acquise pour le franc symbolique dans les années 1990. Une affectation culturelle n'avait pas abouti, et les projets suivants non plus. Il avait été question de logements, de centre culturel, de bibliothèque. Le père Samuel s'était même présenté pour y organiser son culte. Mais la décision de démolition avait suscité la constitution d'un collectif citoyen qui s'était mobilisé massivement. Il a contribué à ce que les autorités communales optent pour une option de sauvegarde.
Elle a été possible via la collaboration entre la ville et l'institut Notre-Dame. La première, avec un subside d'un million de la Région dans le cadre du SAR (site à réaménager) et une participation propre de 500 000 €, a pris en charge la rénovation de l'enveloppe extérieure. Le deuxième va entamer les travaux d'aménagement intérieur.
Le lifting
Les travaux de sauvetage des murs ont débuté en novembre 2016. Ils ont été réalisés par l'entreprise ACH Construct avec l'architecte Philippe Dulière. « Le challenge, dit-il, a été que je me suis trouvé au chevet d'une vieille dame très malade à sauver avec un budget raisonnable. Aussi nous n'avons pas pris l'option de l'esthétisme qui aurait consisté à tout remettre à neuf, mais nous avons remplacé les parements de briques et de pierres, les éléments de charpente dont l'état représentait un danger ou un risque d'évolution dans la dégradation. Les parties abîmées qui ne présentaient pas de risque immédiat ou à l'avenir ont été maintenues. On a choisi de réparer plutôt que de remplacer ».
À certains endroits, l'enlèvement du cimentage extérieur a imposé de maçonner une demi-brique. Le déclassement de l'édifice a permis une approche plus fonctionnelle. Ainsi, il a été possible de poser une corniche métallique en harmonie avec les nouvelles menuiseries extérieures. Les vitraux ont été restaurés a minima, en se limitant à l'essentiel et en ne retouchant pas aux couleurs, par exemple. Leur démontage et leur repose à l'intérieur ont permis de placer des châssis extérieurs à coupure thermique.
À l'arrière, les annexes ont été démolies pour redécouvrir l'édifice. Des interventions ont été plus sportives comme la couverture d'ardoises du clocheton. Il a retrouvé ses deux croix d'origine.
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Les vitraux restaurés ont été reposés à l'intérieur derrière un chassis
à coupure thermique (Photo EdA)
(Un article de Pierre DEJARDIN, l'Avenir, lundi 14 mai 2018)
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