Le dimanche 26 novembre 2017 à 15.00 H, en l'église Saint-Martin à Jemappes (unité pastorale de Cuesmes-Jemappes-Flénu), j'aurai la joie d'ordonner diacre permanent le premier réfugié régularisé dans le diocèse de Tournai. En effet, Jean-Baptiste Hategekimana et Marie son épouse, originaires du Rwanda, ont dû fuir leur pays. Ils sont parents de deux enfants. La vie de Jean-Baptiste est un exemple, parmi des milliers d'autres, de l'itinéraire chaotique de personnes qui, diplômées de l'Université (l'histoire en l'occurrence), ont dû fuir leur pays en raison de troubles horribles, parfois reconnus comme génocides par certains Etats de droit. Tous, nous avons appris ce qui s'est passé au Rwanda au début des années 1990. Jean-Baptiste a été diplômé en histoire en 1993. Il a dû quitter son pays pour la République Démocratique du Congo sur l'autre rive du lac Kivu. Ensuite, pour échapper à la mort, il a fui, avec son épouse, en Zambie, au Malawi, au Zimbabwe, au Mozambique, en Afrique du Sud.

Sans oser raconter dans les détails, afin de protéger la vie de Jean-Baptiste et de Marie ainsi que de leurs enfants, ce qui s'est passé en Afrique du Sud, je constate que la famille s'est retrouvée finalement en Belgique en 1999. Grâce à des connaissances d'Afrique centrale et de Belgique, les diplômes de Jean-Baptiste et de Marie (en plus des études suivies en Belgique) ont été validés. Avec la poursuite de mise en application des lois belges sur la demande d'asile ; avec le dédale de l'inscription comme professeur en Belgique dans une école secondaire, Jean-Baptiste se retrouve, enfin, professeur du secondaire (religion et histoire) dans une école à Bruxelles. Tout au long de son périple, après les études secondaires au Rwanda et jusqu'à Jemappes où il réside actuellement, Jean-Baptiste a mis en route des groupes de prière en l'honneur de la Vierge Marie. Il a assisté aux apparitions de la Vierge Marie à Kibeho (Rwanda), un site que j'ai visité le 19 février 2017, avec les Barnabites du Congo et de Belgique.

Au milieu de toutes ces épreuves, Jean-Baptiste et Marie retiennent la parole du cantique d'action de grâce de Marie : Le Seigneur fit pour moi des merveilles. Je suis très heureux de pouvoir ordonner Jean-Baptiste comme diacre permanent au service du diocèse de Tournai. Il est, pour moi, le signe de la bonté du Seigneur pour tous ceux qui, depuis des décennies, sont victimes de violences dans des régions du monde où le mal semble l'emporter. Au milieu des épreuves, le Seigneur appelle et envoie des prophètes qui annoncent la justice et la paix, des serviteurs du Prince de la Paix.

En la solennité du Christ, Roi de l'Univers, devenons des serviteurs du Royaume qui est au milieu de nous.

+ Guy Harpigny,
Evêque de Tournai