



Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, 18-25 janvier 2019
Ceux qui, avec beaucoup de précision scientifique, élaborent l’histoire de l’Eglise, l’histoire des disciples du Christ, en commençant au premier siècle de l’ère chrétienne, rappellent régulièrement que l’Eglise telle que nous la connaissons n’est pas l’achèvement définitif de la vie en Christ.
Nous sommes tous baptisés dans le Christ. Nous avons un lien avec une communauté, une institution visible par les non baptisés, mais nous ne sommes pas les seuls à avoir un lien personnel, un lien organique, avec l’Evangile.
Pour faire bref, nous avons, dès le premier siècle de notre ère, des communautés judéo-chrétiennes, dont les membres sont issus de la tradition juive. Ces communautés n’ont pas disparu au IIe siècle ! Elles ont vécu durant plusieurs siècles.
Nous avons également des communautés en dehors de l’empire romain, en Asie et ailleurs. Elles n’ont pas disparu. Les cultures dans lesquelles elles ont témoigné du Christ ont, chacune, une couleur originale.
Nous avons des traditions chrétiennes liées aux grandes villes de l’empire romain : Antioche, Alexandrie, Jérusalem, Constantinople, Rome. Sans oublier l’Afrique du Nord.
Selon l’évolution de ces traditions, nous avons des orientations différentes dont les conciles œcuméniques sont des étapes.
Nous retenons la séparation entre les Eglises byzantines et l’Eglise romaine au XIe et au XIIIe siècles, appelées depuis lors les Eglises orthodoxes et l’Eglise catholique. Soit. Mais est-ce bien une séparation théologique, spirituelle, ecclésiale ou encore politique et culturelle ?
A la fin du XVe siècle, dans l’Europe liée à la tradition romaine, nous avons un vent de réforme. Il en résulte des séparations que nous dénommons : la réforme protestante, les évangéliques, la tradition anglicane et la réforme catholique, dont le témoin éminent est le concile de Trente (XVIe siècle).
L’expansion missionnaire de la tradition romaine, dès le XVIe siècle, a fondé une géographie mondiale du catholicisme. La réforme protestante a une expansion mondiale au XIXe siècle. La tradition orthodoxe russe a une expansion en Asie du Nord et à l’Est en dehors du territoire de la Russie.
La révolution russe de 1917, la chute de l’empire ottoman en 1918 et les conflits violents au Moyen Orient ont provoqué la naissance d’Eglises orientales de la diaspora en Europe, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Australie.
C’est au XIXe siècle que des personnalités chrétiennes promeuvent l’unité des chrétiens. L’œcuménisme moderne commence. Des événements phares jalonnent depuis lors la recherche de l’unité des chrétiens : le Conseil Œcuménique des Eglises en 1948 à Amsterdam (Pays-Bas), qui comprend les Orthodoxes, les Protestants, les Anglicans ; le concile œcuménique Vatican II à Rome en 1962-1965, qui représente l’Eglise catholique, entre officiellement dans la promotion de l’unité des chrétiens.
Depuis lors, des contacts ont lieu très régulièrement. Des colloques théologiques sont initiés dans de très nombreux domaines. Des célébrations liturgiques sont mises en avant chaque année, en particulier durant la semaine du 18 au 25 janvier. Des actions manifestant la diaconie de l’Eglise, indépendamment des traditions ecclésiales, jalonnent chaque année civile.
En Europe, la sécularisation de la société a bousculé les Eglises et les Communautés ecclésiales issues de la Réforme. Nous lisons autrement la prière de Jésus la veille de sa mort : Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé (Jean 17,21-23). Les disciples sont invités à vivre l’unité, la communion, afin que le monde, qui voit leur témoignage, découvre le Christ, Fils de Dieu, comme Sauveur du monde.
Au début du XXIe siècle, ce sont surtout des chrétiens évangéliques qui témoignent, avec force et conviction, sur l’ensemble de la planète. Les évangéliques n’ont pas la même culture œcuménique que les vieilles traditions ecclésiales.
Les évangéliques nous rappellent que le mouvement oecuménique est né dans la nouvelle perception missionnaire des Eglises et des Communautés ecclésiales issues de la Réforme.
Raison de plus pour voir, dans notre tradition catholique, la mission de l’Eglise, des disciples du Christ, dans une société sécularisée.
La semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2019 a été préparée par les Eglises aux Caraïbes. Le texte biblique phare est une citation du livre du Deutéronome (16,11-20) : Tu rechercheras la justice, rien que la justice.
Merci aux unités pastorales qui programment une veillée œcuménique. Merci à tous ceux qui prient pour l’unité des chrétiens.
+ Guy Harpigny,
Evêque de Tournai
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