La communauté protestante de Péruwelz quitte l'avenue de la Basilique et s'offre un nouveau temple dans l'année des 500 ans de la Réforme.

L'église protestante baptiste de Péruwelz, membre de l'« Union des Baptistes en Belgique » (l'UBB, créée en 1922), va bientôt quitter son temple actuel au boulevard Léopold III. « Ce bâtiment est devenu trop petit. De plus en plus souvent, lors de mariages et d'enterrements notamment, le rez-de-chaussée et la galerie supérieure sont pleins à craquer et c'est dangereux », témoigne le pasteur Emmanuel Mukwege. « Nous avons sollicité la commune et le bourgmestre pour nous proposer un nouveau lieu de culte. Comme il n'y avait rien de disponible, nous sommes tombés sur l'ancien Intermarché de la rue de la Résistance que nous avons pu acquérir pour nous installer ».

Le changement d'affectation devrait bientôt être accordé par l'administration wallonne. En attendant une inauguration officielle, début 2018 sans doute, la communauté a déjà entrepris de transformer l'ancienne grande surface commerciale en lieu de culte. Les premiers offices religieux devraient pouvoir se tenir dans quelques semaines. On est pile poil 500 ans après le 31 octobre 1517, quand Martin Luther jeta les bases du protestantisme en affichant ses 95 thèses contre les indulgences sur la porte de l'église du château de Wittenberg (Saxe).

L'église fondée en 1875

Les murs extérieurs ont été percés de châssis pour faire entrer de la lumière naturelle, une deuxième porte d'entrée a été créée, des cloisons ont permis de structurer l'espace afin d'y aménager une zone d'accueil, des locaux pour la petite enfance, les enfants et les adolescents, des sanitaires, une future cuisine, etc. « Tout le bâtiment fait 1000 m², et le sanctuaire a une superficie confortable de 425 m². Il y a aussi un bel espace de parking ; au boulevard Léopold III, c'est souvent très compliqué de se garer ».

Il y a une longue histoire entre Péruwelz et la communauté, insiste le pasteur. « Notre église a été fondée en 1875 entre l'église Saint-Quentin et la basilique de Bon-Secours. Il fallait oser, comme minorité, à un moment où être protestant n'était pas forcément bien vu. À Péruwelz, des protestants ont toujours été fort impliqués dans la vie de la commune ».

Emmanuel Mukwege est arrivé à Péruwelz il y a vingt-trois ans. Il était venu en Belgique pour effectuer ses études de théologie. Il avait postulé comme pasteur en 1993. Sans trop y croire. « Il y avait trois autres candidats. Dans l'église protestante, les pasteurs ne sont pas nommés mais sont élus par la communauté. Après huit mois durant lesquels nous avons pu faire nos preuves, j'ai été élu ».

M. Mukwege pensait rentrer au Congo après ses études. Notamment après un doctorat à Lille en 2007. « Cette élection, c'était la confirmation de l'appel de Dieu et de ma vocation. Je n'ai pas choisi la solution la plus facile ; c'est plus aisé d'être pasteur en Afrique où la soif de Dieu est beaucoup plus importante. En Suède, les églises sont extrêmement vivantes et remplies avec toutes les couches sociales. Mais je me plais bien ici ».

Soutien à des projets en RDC

Le pasteur Emmanuel retourne une fois par an en moyenne dans son pays d'origine. Où il retrouve son frère, le gynécologue Denis Mukwege, devenu célèbre pour l'aide chirurgicale et psychologique apportée à des milliers de femmes violées dans l'est de la RDC, en proie à des conflits depuis vingt ans. Un film documentaire, « L'homme qui répare les femmes », est sorti en 2005 pour raconter son projet. Lauréat de nombreux prix internationaux, le Dr Mukwege est devenu citoyen d'honneur de la ville d'Ath.

Les protestants péruwelziens soutiennent des projets sociaux au Congo. « La communauté organise aussi des ventes et dons de vêtements ainsi qu'une banque alimentaire, pour des personnes qui en ont besoin ici ».

Lire aussi : Un accord trouvé avec la commune

(Un article de Christophe Desablens, Courrier de l'Escaut du vendredi 27 octobre 2017)