Le décret Furlan inquiète nos fabriques d'église (L'Avenir)
Dans les pages régionales du journal "L'Avenir" (édition Tournai) du samedi 31 janvier 2015, a été publiée une interview de Pascal Vandevyver, responsable du SAGEP.
Le voici ci-dessous:
Quelle est la portée du décret Furlan? Voici les explications de Pascal Vandevyver, conseiller en gestion de fabriques d’église à l’évêché de Tournai.
Originaire de Comines, Pascal Vandevyver, 59 ans, travaille depuis une dizaine d’années pour le compte du Service d’accompagnement à la gestion des paroisses, créé par le diocèse de Tournai à la fin des années 1990. En Wallonie, notre diocèse est le seul à avoir un Sagep.
Depuis l’adoption du décret Furlan en mars 2014, qui apporte de nouvelles dispositions quant à la tutelle des fabriques d’église en Région wallonne, Stéphane Vandevyver multiplie les séances d’information à destination des fabriciens.
Entré en application le 1er janvier 2015, le décret modifie-t-il le fonctionnement et la mission des fabriques d’église?
Non. Ses membres continueront à être élus au sein des paroisses et à s’occuper de la gestion du temporel. C’est-à-dire veiller à l’entretien des bâtiments (l’église, le presbytère…) et veiller à ce qu’il y ait tout pour le culte (le chauffage, l’électricité…). Ils doivent aussi gérer le personnel. À part à la cathédrale, il s’agit d’emplois à temps partiel. Il y a encore des sacristains un peu partout. Il y a aussi des organistes, des nettoyeurs… Il faut s’occuper du pointage, du secrétariat social. Comme ce personnel ne bénéficie d’aucune convention collective, les salaires sont assez bas. Pour avoir les mains dans le cambouis, j’ai demandé à être trésorier d’une fabrique d’église, à Saint-Piat Tournai. C’est une vraie petite entreprise…
Qu’est-ce qui change alors?
Avant, c’est d’abord la commune qui donnait son avis sur les comptes et budgets des fabriques d’église. Puis, c’était l’évêché qui donnait le sien. In fine, c’est le gouverneur de la Province qui décidait si une commune était obligée ou non de couvrir le déficit d’une fabrique d’église. Désormais, les comptes et budgets sont déposés en même à la commune et à l’évêché, étant entendu que la décision finale revient désormais à la commune. Un recours reste possible chez le gouverneur, mais ça va compliquer les choses. Comment cela va-t-il se passer dans les endroits de la province - ils ne sont pas très nombreux – où il y a systématiquement un avis défavorable? On ne le sait pas…
Et pour les fabriciens eux-mêmes, qu’est que le décret introduit comme nouveauté?
Ils devront détailler leur patrimoine. Jusque dans les années 1970, les fabriques recevaient régulièrement des donations. Par exemple, beaucoup de fermiers leur léguaient des hectares de terres en échange de quelques messes par an. Les fabriques craignent par exemple qu’on refuse de leur payer une chaudière sous prétexte qu’elles ont du patrimoine. L’Union des villes et communes propose régulièrement que les fabriques vendent leurs propriétés alors qu’on n’arrête pas de répéter qu’il est interdit à une fabrique de revendre un bien qui lui a été donné, même 100 ans après. Ce qui embête le plus les fabriciens, et alors qu’on ne cesse de prôner la simplification administrative, ce sont les contraintes imposées par le nouveau décret: les doubles factures (les communes et l’évêché doivent les recevoir en même temps), l’envoi par recommandé, le recours aux marchés publics, des délais difficile à tenir… La Région wallonne n’a pas voulu entendre parler de mesures transitoires. Tout cela ne va-t-il pas démotiver les fabriciens, tous bénévoles, parfois âgés? Comment fera-t-on sans fabriques d’église?
Comment comprenez-vous les nouvelles exigences?
Il y a la pression de l’Europe sur les délais à respecter. Mais il y a aussi le fait que la Région wallonne voudrait qu’une fabrique d’église ait les mêmes exigences de qualité qu’une commune ou qu’un CPAS. Or il faut savoir que, en matière de comptes, aucune ASBL n’est autant contrôlée qu’une fabrique d’église.
De façon générale, les fabriques et les communes sont-elles de bonne volonté?
Oui. En 10 ans, il ne s’est pas passé de réunion avec un bourgmestre ou un échevin où quelqu’un partait en claquant la porte. Je n’ai pratiquement jamais introduit de recours. Il existe des fabriques d’église de mauvaise volonté, mais c’est une minorité. Quand c’est comme ça, l’évêque actuel intervient pour essayer de trouver une solution avec la commune, parce qu’il insiste sur le fait qu’il faut être crédible vis-à-vis de l’autorité de tutelle. L’évêché de Tournai ne s’oppose pas à la destruction d’une église, si le coût des travaux de réparation est déraisonnable, ou à sa désaffectation, si elle n’est plus fréquentée par les fidèles. Parfois, comme à Herquegies, ce sont les villageois, croyants ou non, qui s’opposent à la destruction de l’église, parce qu’ils sont attachés à leur clocher.
Image en page d'accueil : rencontre du SAGEP du 2 décembre 2014
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Créé parDiocèse de Tournai
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