Mons : les orgues de Sainte-Waudru vont chanter à nouveau
Le 18 mars 2018, Mgr Guy Harpigny procèdera à la bénédiction des orgues restaurées de la collégiale Sainte-Waudru, à Mons. Avec un enthousiasme communicatif et des étoiles dans les yeux, les organistes titulaires Bernard Carlier et Benoit Lebeau nous ont fait passer derrière la façade de ce fabuleux instrument.
Ce n'est pas la première réfection de ces orgues, qui ont pas mal bourlingué depuis leur fabrication aux 17e siècle (pour l'instrument) et 18e siècle (pour le buffet, conçu pour l'abbaye cistercienne de Cambron-Casteau). Mais cette restauration, entamée en 2014, a sans aucun doute été la plus importante de leur histoire. « Les orgues ont été entièrement démontées », raconte Bernard Carlier, organiste titulaire à la collégiale montoise depuis 1992. « Tout est parti sauf le grand buffet (ndlr : la structure de menuiserie dans laquelle sont renfermés les tuyaux et qui constitue la partie visible de l'instrument). Des éléments ont été envoyés à Bonn, d'autres près de Francorchamps, chez des facteurs d'orgue. »
Il faut dire que les démontages, remontages, opérations d'agrandissement ou de modification subis au cours des siècles avaient fragilisé l'ensemble, au point que le buffet de l'orgue principal - le plus grand buffet de l'Ancien Régime conservé en Belgique - menaçait de s'effondrer depuis plusieurs années déjà. La partie instrumentale était elle aussi fatiguée, beaucoup d'éléments du système de transmission électrique des commandes étant dégradés et certains tuyaux ayant été déformés par les mouvements du buffet.
Capacité instrumentale démultipliée
« Il y avait déjà eu des réparations sur place, à peu près tous les dix ans, mais rien d'une telle ampleur », précise M. Carlier. Petit à petit, les divers éléments ont été remontés, ajustés, pour faire retrouver aux grandes orgues une magnificence depuis longtemps oubliée. « Il manque encore toutes les décorations, des angelots, des médaillons,... Ils sont restaurés mais n'ont pas encore été replacés. »
Une superbe horloge (munie d'une seule aiguille pour marquer les heures) surmonte désormais l'instrument. Elle se trouvait dès l'origine à Cambron mais n'avait probablement jamais été montée à Mons, « remisée » dans une nef latérale de la collégiale.
Aujourd'hui, les grandes orgues de Sainte-Waudru allient respect de la conception originelle et haut degré de technicité. « Il y a maintenant environ 70 registres, qui avaient été accumulés au cours du temps et qui ont été tous remontés », se réjouit le jeune organiste co-titulaire, Benoit Lebeau. « Cela en fait le plus grand orgue en nombre de jeux et permettra de tout jouer dans le bon style, en restant fidèle au son qui a été voulu lors de la création des œuvres. »
L'envers du décor : un mécanisme ingénieux haut de plusieurs mètres
pour faire chanter chacun des 4.400 tuyaux des grandes orgues
Un petit bijou de technologie
Si les tuyaux rutilants qui apparaissent en façade sont neufs, certains tuyaux datant encore du 17e siècle garnissent aussi les armoires dissimulées à l'arrière de l'instrument. Au total, plus de 4.400 tuyaux permettent de jouer un répertoire extrêmement varié. Et l'électronique a fait son apparition dans l'orgue : plus besoin d'un assistant pour activer les différents registres (les « timbres » choisis par l'organiste) au fur et à mesure des morceaux.
Désormais, il est donc possible de programmer une succession presque infinie de registres via quelques touches ajoutées sur le côté des quatre claviers superposés. « Un écran se trouve également au-dessus des claviers, ce qui nous permet de suivre l'office qui se déroule dans la collégiale », ajoute Bernard Carlier.
Comme deux enfants la veille de la Saint-Nicolas, les deux organistes attendent maintenant avec impatience que le dernier tuyau soit remonté pour pouvoir faire chanter à pleine voix les grandes orgues restaurées de la collégiale.
Des centaines de tuyaux
de toutes tailles pour constituer
plus de 70 registres différents.
Bel orgue, belles orgues, beaux orgues ?
Petite histoire de deux passionnés
De Cambron à Mons, un parcours mouvementé
Pour en savoir (encore) plus, rendez-vous sur le site de la collégiale
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Créé parDiocese de Tournai