

Une relique de saint Feuillien sous la loupe pour un hommage grandeur nature
C'est le 30 octobre 655 que le moine irlandais Faelan tomba à la merci d'une bande de brigands, avec deux de ses compagnons, dans les bois du Rœulx. Ce samedi, la châsse qui renferme une partie de sa mâchoire a été ouverte. La précieuse relique va ainsi pouvoir être examinée pour en savoir plus sur la morphologie du saint, et permettre ensuite la création d'une statue afin de lui rendre hommage.
La confrérie Saint-Feuillien se réunissait ce samedi 12 octobre 2019 pour son 29e grand chapitre. Mais cette année, ce rassemblement avait un caractère exceptionnel. C'est dans l'église Saint-Nicolas, au cœur du Rœulx, que les confrères se sont retrouvés. Autour d'eux, les membres de confréries amies : la confrérie de Saint-Feuillen de Fosses-la-Ville et la confrérie Saint-Pholien de Liège. Outre plusieurs dizaines d'habitants du Rœulx, Mgr Guy Harpigny, le vicaire général Olivier Fröhlich, M. le doyen Christian Dubois étaient également présents... tout comme Jean-Pol Gauthier, professeur de médecine légale !
Car c'est événement hors du commun et très attendu qui devait se dérouler en ce début d'après-midi : l'ouverture de la châsse qui contient depuis le 19e siècle la mandibule inférieure du saint. On s'en doute, une telle opération est tout sauf improvisée : « C'est en 1993, lors de l'ouverture de la châsse de sainte Waudru, alors que j'étais doyen de Mons, que j'ai appris que l'évêque devait être présent pour l'ouverture d'un reliquaire », a souligné Mgr Harpigny. C'est ainsi que notre évêque a assisté à des événements similaires pour sainte Rolende ou le cardinal-évêque Jacques de Vitry.
Les techniques modernes au secours de l'histoire
Pour le professeur Gauthier non plus il ne s'agissait pas d'une première. Il a ainsi déjà pu se pencher sur les reliques de sainte Rolende, saint Guidon ou encore Dagobert II. « Notre projet est de créer une statue grandeur nature de Feuillien », explique Benoît Hautenauve, confrère de Saint-Feuillien et passionné d'histoire locale. « Le moine venait de Fosses et se rendait au Rœulx pour célébrer une messe à l'occasion de la saint Quentin, mais il est tombé aux mains de brigands dans les bois du Rœulx et fut décapité. » Treize siècles plus tard, grâce aux techniques modernes, il va être possible de déterminer sa stature, sa morphologie au départ de sa mâchoire.
« Au cours de notre vie, nous avons besoin d'avoir des modèles », a rappelé Mgr Harpigny. « Ce sont d'abord nos parents, nos proches. Puis, une fois que nous sommes adultes, nous avons besoin de références, de personnes qui ont eu une action positive dans la société, une influence. » Comme le fit le moine Faelan, venu avec ses deux frères d'une petite île sur le lac Corrib, dans le Conemara, pour témoigner de sa foi.
Un sculpteur français
Samedi, le recueillement de l'assemblée était palpable lors de l'ouverture de la châsse posée sur l'autel. Délicatement, le confrère Benoît Hautenauve, secondé par notre évêque, a soulevé le couvercle du reliquaire, avant d'en extraire la petite boîte contenant cette mandibule inférieure qui a traversé les siècles pour nous rappeler la vie et l'œuvre d'un missionnaire irlandais venu dans nos contrées avant d'y perdre tragiquement la vie.
Pendant de longues minutes, les différents membres des confréries et le public sont venus défiler et s'incliner devant la relique.
Le chapitre de la confrérie, lui, allait se poursuivre à quelques pas de là, dans l'ancien hospice Saint-Jacques. Après un hommage appuyé à M. Bernard Hanecour, un confrère récemment disparu qui s'était beaucoup investi dans le projet, la séance a été l'occasion de revenir sur le destin de Faelan (le nom irlandais de Feuillien) et sur le parcours des reliques avant que ce morceau de mâchoire ne rejoigne Le Rœulx en 1873 ; la majeure partie des reliques est elle restée à Fosses-la-Ville où le moine avait érigé un monastère.
Puis ce fut au tour d'Alexandre Callet, le sculpteur français choisi pour créer la statue de Faelan, de présenter l'avancement de ses ébauches. Le moine sera représenté grandeur nature, en train de marcher, un bâton à la main, pour symboliser sa force et sa détermination. En bronze ou en pierre, il sera posé sur un socle de pierre bleue, non loin de l'église Saint-Nicolas.
Quant à la relique, une fois examinée, elle retrouvera sa châsse protectrice, dès dimanche prochain...
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Créé parDiocese de Tournai