Deux jours de formation autour de notre maison commune
Plus de 200 acteurs pastoraux rassemblés dans la salle Calva de Ghlin pour s'informer et réfléchir sur le présent et l'avenir de notre planète. Aidés par des conférenciers très diversifiés, ils ont redécouvert l'encyclique Laudato si' du pape François. Un cri d'alarme qui reste d'une brûlante actualité.
Après les locaux des « Fucam » et les salles d'Imagix à Mons, c'est un nouveau lieu qui a accueilli près de 220 participants : la salle Calva de Ghlin, toujours en région montoise, était comble ce mardi 3 mars, premier jour de cette session de formation permanente 2020. Cinq ans après la parution de l'encyclique « écologique » du pape François, la prise de conscience semble prendre de l'ampleur, comme le démontrent les nombreuses manifestations pour le climat. Mais l'urgence d'un changement de comportements – en matière de mobilité, de production et de consommation d'énergie ou encore d'alimentation – et d'un changement de système économique et social est toujours bien là.
L'équipe « formation » de notre diocèse a donc invité les acteurs pastoraux à relire Laudato si' en croisant les regards. « Cette encyclique nous appelle au dialogue et à une conversion écologique », a lancé Jean-Yves Nollet en guise d'introduction. « Elle offre une approche globale qui intègre la justice dans le débat environnemental, une approche radicale qui réclame une véritable révolution culturelle. Et bien sûr une approche chrétienne : la foi peut être une source de motivation pour que nous devenions protecteurs de l'œuvre de Dieu. »
Pas de planète B
Jean-Pascal van Ypersele, climatologue, professeur à l'UCL et très impliqué dans les travaux du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), a résumé la situation en quelques mots : « Notre terre est la seule planète habitable dans notre système solaire, juste à la bonne distance du soleil pour avoir des températures favorables et avec une atmosphère qui nous protège. Mais nous avons modifié cette atmosphère et les conditions climatiques. »
En termes très accessibles, celui qui a préfacé la version française de Laudato si' a expliqué à l'assemblée comment les gaz à effet de serre (essentiellement le CO2, dont la concentration a considérablement augmenté à partir de la révolution industrielle du 19e siècle) ont épaissi la « couche isolante » qui se trouve au-dessus de nos têtes, la transformant peu à peu en piège à chaleur. A l'activité humaine s'ajoutent des facteurs naturels comme les fluctuations de l'activité solaire ou les éruptions volcaniques. Résultat : une température moyenne qui a augmenté d'1° entre 1900 et 2010. Et une moyenne qui cache bien sûr de grandes disparités à travers le monde.
Sans défaitisme mais sans détours, le climatologue a évoqué les divers scénarios étudiés en matière de réchauffement pour les années à venir. Mais il a aussi parlé « solutions » : diminuer notre production de gaz à effet de serre ; accepter une décroissance dans certaines parties de la planète pour permettre une croissance raisonnable ailleurs ; intégrer le prix de la destruction de l'environnement dans le prix des choses pour nous inciter à une consommation plus vertueuse et utiliser l'argent récolté pour éviter une transition trop douloureuse aux plus pauvres ; repenser notre mobilité, notre alimentation,... « L'humanité a le choix : poursuivre le pire scénario ou limiter l'augmentation de la température. »
La parole de l'Eglise...
Le père jésuite François Euvé, physicien et théologien français, a lui abordé un sujet auquel il a consacré sa thèse, la théologie de la Création. « L'Eglise a une parole propre et originale à dire. Mais l'idée de dialogue est déterminante dans Laudato si'. Il faut donc aussi se mettre à l'écoute du monde scientifique. »
Pour le théologien, la tradition chrétienne est très centrée sur l'Homme, au risque d'ignorer le statut des autres créatures. La sensibilité écologique actuelle peut donc apporter un autre regard sur le monde. Le pape François s'est d'ailleurs inscrit dans cette perspective avec l'idée de continuer à défendre la dignité absolue de la personne humaine, sans toutefois que cela se fasse au détriment de la nature. De son côté, la tradition chrétienne peut offrir une dimension d'espérance, la conviction que la Création dispose en elle des ressources pour faire face aux difficultés, que même si des catastrophes doivent être traversées, la Vie est toujours là.
...et la place des Ecritures
Catherine Vialle, Docteur en théologie de l'UCL, exégète et professeur au Séminaire de Namur depuis 2007, avait reçu une mission des organisateurs de la formation : relire certains passages de l'encyclique pour voir comment les textes bibliques y avaient été « utilisés ». Avant de se placer sous le signe des Ecritures, le pape François a choisi de faire référence à saint François d'Assise, pour qui la nature nous parle de Dieu.
« Il n'y a pas de très nombreuses références à la Bible, mais les extraits repris sont très forts », note l'exégète. Des extraits qui évoquent la Création, un comportement humain qui a pu décevoir l'attente divine,... Mais Catherine Vialle insiste surtout sur la lecture canonique des textes par le pape François : « Une lecture canonique, c'est mettre en contexte. Les textes s'éclairent les uns les autres, ils proviennent d'une même inspiration divine, indépendamment de leur ordre chronologique. » Ainsi, le « Remplissez la terre et dominez-la » de la Genèse n'est en aucun cas une carte blanche pour exploiter notre planète : « La terre appartient à Dieu, l'Homme n'en est que l'intendant. Il est invité à cultiver et garder le jardin du monde. »
- Retour sur la 2e journée : «La crise écologique est une crise spirituelle »
- Un lien utile pour nous aider à prendre des initiatives localement : https://www.egliseverte.org/
La session 2020 en photos
-
Créé parDiocese de Tournai