Irak : pour apporter un témoignage de solidarité
Mgr Harpigny et ses deux collègues évêques sont de retour. Ils ont vu des gens désespérés qui se cherchent un avenir.
Quelques heures après son retour à Tournai, et malgré la fatigue, Mgr Harpigny a reçu des journalistes pour leur faire part de ses impressions à l’issue des quatre jours passés en Irak. L’évêque de Tournai a bien précisé qu’il ne s’agissait pas d’un voyage d’étude mais bien d’un périple pour témoigner de sa solidarité et écouter des gens qui vivent dans des camps de réfugiés.
Des camps, Mgr Harpigny en a vu beaucoup au fil des jours, à Erbil et Dohouk. Et son émotion a été vive de rencontrer ainsi des femmes et des hommes désespérés. Ce fut le cas en particulier chez les Yézidis, une population qui n’est ni chrétienne, ni musulmane, mais observe cependant des rites.
Une situation provisoire qui risque de durer
Près de deux millions de réfugiés s’entassent dans ces camps depuis plus d’un an. Ils y vivent dans des conditions très difficiles. Car ils sont logés dans des conteneurs qui abritent chacun deux familles. Et quand on sait qu’une famille de Yézidis compte en moyenne entre 8 et 12 enfants, et une famille chrétienne entre 6 et 8 enfants… En été, il fait très chaud (40°) et en hiver le froid et la neige règnent.
Dans un camp, Mgr Harpigny, Mgr De Kesel et Lemmens ont rencontré un jeune enfant né voici quelques mois, sur place donc. Et ils se disent que d’autres enfants naîtront ici. Malgré la misère, les camps sont organisés ; ainsi la délégation belge a pu visiter des camps avec salon de coiffure, boulangerie, cordonnerie, écoles… On y vit donc une vie sociale, mais sans avenir. Mgr Harpigny se souvient des camps qu’il a visité dans les années 1970 au Liban, en Syrie ou encore en Jordanie : des situations provisoires qui durent toujours aujourd’hui…
Une aide symbolique
La question est évidemment lancinante : faut-il partir ou rester ? Et si l’on veut partir vers l’Europe, c’est très difficile car il faut un passeport et l’Irak bloque les départs. Sur ce point, le patriarche chaldéen est très ferme : il faut rester.
Sur place, différentes organisations humanitaires sont à l’œuvre, et notamment Caritas et Aide à l’Eglise en détresse. C’est d’ailleurs en compagnie de responsables de Kerk in Nood (le pendant flamand d’AED) que les évêques ont fait le voyage. En fin de séjour, ils ont remis aux autorités religieuses locales une somme de 150.000 €. Un montant plutôt symbolique, reconnaît Mgr Harpigny.
A la question de savoir ce que l’Eglise doit faire ici, en Europe, en Belgique, l’évêque de Tournai répond qu’il faut comprendre ces situations et ne pas se contenter de la charité, qui n’a qu’un temps. Rendra-t-il visite réfugiés qui sont depuis quelques semaines à la caserne Saint-Jean ? Jusqu’à présent, il s’est abstenu d’interférer avec le monde politique, mais il ira, bien sûr. Ces réfugiés, dit-il, doivent pouvoir décider eux-mêmes de leur avenir et l’évêque espère qu’ils deviendront « des gens comme les autres »…
Voir le reportage de Notele (Vidéo)