« Mener des projets avec les migrants »
Comment, très concrètement, les paroisses peuvent-elles accueillir les migrants? Une journée d’étude proposera des pistes…
Le diocèse de Tournai n’a pas attendu la guerre en Syrie pour créer un service pastoral des migrations. Mais les événements récents exigent qu’on passe à une vitesse supérieure, plus fine et plus concrète. Une journée d’étude sera organisée le 24 novembre, à l’intention toute particulière des paroisses. Nous avons rencontré Claude Musimar, vice-doyen de Courcelles et responsable du service pastoral des migrations, pour en présenter les enjeux.
Tout bon chrétien se devrait d’être sensible à la question des migrants. Mais, quand il s’agit de passer à l’action, ce n’est pas si simple que ça…
Beaucoup de prêtres se sentent démunis parce que les différences de cultures créent beaucoup de barrières d’un point de vue pastoral. S’il ne se sent pas accueilli, l’étranger croit qu’on le rejette. “ J’ai été à l’église et personne ne m’a regardé ” me dit-on parfois. Quant au Belge, il a parfois peur de déranger le nouveau venu, et c’est pour ça que, peut-être, il n’ose pas l’aborder. Alors que, au moins, il faut parler avec la personne. Mais si on ose le faire, il faut savoir que le migrant aussi est méfiant. Parce que, à l’Office des étrangers, il a déjà dû répondre à des tas de questions sur son parcours. Il ne faut donc pas, d’emblée, l’interroger sur son histoire personnelle, sur les motifs de son immigration…
Quelle est la meilleure façon d’accueillir un étranger?
Souvent, le mot le mot “ intégration ” est interprété de différentes façons. Il est parfois compris comme “ assimilation ” de la personne. Moi, je crois beaucoup à une vraie intégration, à un accueil réussi, lequel consiste à mettre en place un vrai accompagnement. Parce que si l’intégration échoue, ils iront dans des sectes et des églises du réveil, où on leur dira qu’on va prier pour eux, pour qu’ils aient leurs papiers et qu’ils puissent avoir le CPAS. Mais le jour où ils ont leur CPAS, on leur dit qu’ils doivent en donner la dîme - 10% – au pasteur, parce que ça a marché… Dans des villes comme Mons et Charleroi on compte une dizaine d’églises du réveil!
Comment, alors, aide-t-on un migrant à s’intégrer dans une paroisse?
Via de petites cellules, en créant des espaces de rencontre autour d’une activité commune. Il faut recréer du lien, parce que beaucoup d’immigrés ont perdu tout lien avec leur passé. Cela peut se faire en menant des projets, mais avec eux, parce qu’il ne faut pas laisser les bénéficiaires en dehors du projet qu’on mène pour eux. Un étranger peut s’intégrer dans une paroisse en participant à la chorale, au service des malades, à l’entraide Saint-Vincent-de-Paul…
La meilleure solution ne serait-elle pas de mettre fin aux guerres et d’aider les pays du Sud à se démocratiser?
Bien sûr! Mais il faut se rendre à l’évidence: le commerce des armes et les dictatures ont encore de beaux jours devant eux. Donc, le nombre de migrants vers nos pays ne va pas diminuer. Que du contraire! Avec la mondialisation et le développement des moyens de communication, les inégalités sociales apparaîtront de façon de plus en plus criante. Une personne cherche toujours le mieux-être et pense qu’elle sera moins malheureuse à Bruxelles qu’à Kinshasa…
Les murs de toutes sortes – notre Office des étrangers par exemple – seraient-ils donc inopérants face aux migrations?
Les mécanismes pour arrêter l’immigration ne donnent aucun résultat. Les gens trouvent toujours le moyen de franchir une frontière.
(Source: Journal l'Avenir)
Photo: Claude Musimar (Photo l'Avenir)
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