Le pardon : un don, une grâce
Du langage de la réconciliation chez l'apôtre Paul aux « sept sacrements de la réconciliation », en passant par la réconciliation dans la tradition de l'Eglise, quelques échos de la seconde journée de formation des acteurs pastoraux.
« Le pardon est en lui-même un don, il est dialogue, il fait renaître. » Cette phrase forte de Bernard Sesboüé a conclu son intervention du second jour de la session de formation. Mais si c'étaient ses mots, il ne les a pas prononcés lui-même devant l'auditoire, et pour cause : victime d'une chute voici quelques jours, le Père Sesboüé n'a pu venir à Mons. C'est un autre jésuite, le Père Jean-Noël Aletti, qui s'est chargé de lire ses notes. Il faut dire que lui-même faisait partie des intervenants à cette session.
Des prises de conscience
Abordant la réconciliation dans la tradition de l'Eglise, le Père Sesboüé s'interroge : « Quand elle se repent publiquement pour ses fautes passées, l'Eglise fait-elle preuve de masochisme ? Ne donne-t-elle pas raison à ceux qui l'accusent ? » Ce sont pourtant des actes forts, des appels destinés à être entendus par tous. La réconciliation est au cœur de la vie des institutions, et souvent elle commence par des prises de conscience des élites, amenant ensuite les peuples à faire de même. C'est le cas du côté de l'Eglise catholique avec le baiser de paix entre Paul VI et le patriarche orthodoxe Athenagoras à Jérusalem. Mais on citera aussi la demande de pardon du chancelier allemand Willy Brandt pour les crimes nazis. Ou encore, pour le Proche-Orient, la poignée de main entre Begin et Sadate, même si le premier paya de sa vie ce geste...
Le refus du pardon, lui, est un acte grave, qui conduit à la vendetta. Ainsi en Irlande du Nord où la paix reste fragile, de même qu'au Proche-Orient où chacun, dit le Père Sesboüé, continue à vouloir tout pour lui et à rechercher la destruction de l'autre.
Grâce donnée, grâce reçue
Pour en revenir à l'Eglise, la repentance est une exigence évangélique, dit le Père Sesboüé. Le pardon est victorieux parce qu'il est grâce. Et il est d'ailleurs une grâce reçue avant d'être une grâce donnée.
Mais la réconciliation n'a pas toujours existé, a noté le Père Jean-Noël Aletti. On ne la trouve pas dans l'Ancien Testament. A l'époque, chez les Juifs, il s'agissait plutôt de médiation. Avec la mort du Christ, on est en présence d'un paradoxe : le médiateur est tué et pourtant nous devenons réconciliés, car le Christ médiateur ne disparaît pas. L'apôtre Paul est le premier à avoir mis cela au jour dans ses lettres : « L'amour du Christ nous étreint, à cette pensée qu'un seul est mort pour tous et donc tous sont morts. Et il est mort pour tous afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux » (2Co, 14-15).
Un passage
Le mot grâce, l'abbé Paul Scolas l'a aussi utilisé dans son intervention qui avait pour thème « Sept sacrements de la réconciliation ? Les sacrements dans la perspective d'une théologie de la réconciliation » : « La réconciliation est la réponse à une offre, c'est une grâce, on n'est pas seulement dans le domaine de la morale. La rémission des péchés est au cœur de l'annonce de la Bonne Nouvelle. Le pardon des péchés tient une place considérable dans l'Evangile. » Si quatre sacrements – le baptême, l'eucharistie, la pénitence et l'onction des malades – sont par nature liés à la réconciliation, les trois autres – la confirmation, le mariage et l'ordre - y participent aussi.
Et l'abbé Scolas de les passer en revue sous cet angle, notamment à travers les trois sacrements de l'initiation chrétienne : le baptême, la confirmation et l'eucharistie marquent le passage du règne du péché vers le royaume de Dieu. Loin d'être un « barbecue dominical pour bobos cathos », l'eucharistie nous réconcilie avec notre histoire... Pour le sacrement de la réconciliation, qui a mis du temps à émerger dans l'Eglise, Paul Scolas note qu'on a trop longtemps mis l'accent sur l'aveu alors que l'essentiel est dans l'écoute de la Parole.
Lire ici l'intervention de Paul Scolas
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Créé parDiocese de Tournai