Où en est la liberté religieuse dans le monde ?
« Aide à l'Eglise en détresse » a présenté son rapport 2016. Des témoins du Pakistan et du Sud-Soudan étaient à Tournai pour une après-midi de rencontre.
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Présentation du rapport d'AED |
Aide à l'Église en Détresse publie tous les deux ans le « Rapport sur la liberté religieuse dans le monde ». Le constat est édifiant : « Sur les 196 pays faisant l'objet du présent Rapport, 38 ont démontré une preuve indubitable de violations importantes de la liberté religieuse. Dans ce groupe, 23 ont été classés dans la catégorie de haut niveau dénommée 'persécution' et les 15 restants dans la catégorie 'discrimination' ».
C'est pour sensibiliser les chrétiens de Belgique qu'AED organise en ce moment une série de rencontres. L'occasion ? La présence chez nous de témoins issus de deux pays particulièrement touchés : le Pakistan et le Sud-Soudan. Mais si l'archevêque de Karachi (Pakistan) est présent, l'évêque de Tombura-Yambio (Sud-Soudan) n'a pas pu faire le déplacement..
Le Sud-Soudan en guerre civile
Il faut dire que la situation au Sud-Soudan est fort difficile. On peut même parler de guerre civile dans ce pays très jeune, dont l'indépendance en 2011 avait fait pourtant fait naître de grands espoirs. Comme l'a expliqué le représentant de l'évêque, le sud du pays, où la population est à 70 % chrétienne, a longtemps lutté contre le nord, à majorité musulmane. Après de longues années de guerre, l'indépendance a été obtenue. Tout le monde était heureux, car on voyait naître un nouveau futur pour le pays. Hélas, les militaires ont pris le pouvoir et l'armée s'est retrouvée divisée.
La guerre civile a débuté deux ans plus tard et elle dure toujours. La population est très pauvre et manque d'instruction. La famine sévit et l'inflation est galopante. Les lieux de culte sont souvent pris pour cible. C'est pourtant de l'Eglise que doit venir la solution, car ses communautés sont très vivantes, les vocations sont nombreuses, la pastorale est très active. Les églises sont d'ailleurs trop petites. « On peut changer le pays, nous sommes face au défi de la réconciliation et l'Eglise peut jouer un rôle de médiation entre les partis. N'oublions pas que bon nombre de responsables politiques sont des chrétiens. » Et de conclure : « On vit d'espoir, on peut changer le futur. »
Pakistan : les lois anti-blasphème
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Mgr Couts garde espoir pour le Pakistan |
Au Pakistan, la situation est difficile pour les chrétiens mais Mgr Coutts garde espoir. Ce pays est né après la Seconde Guerre de la volonté des musulmans, majoritaires dans ces contrées, de s'affranchir d'une autre majorité, hindoue celle-là, qui prévalait dans ce pays alors unique. C'est donc un Etat musulman qui a été créé, alors que différentes religions sont présentes. D'abord démocratique, le Pakistan a connu dans les années 1970 une dictature militaire qui s'est appuyée sur l'islam. Les lois anti-blasphème sont très dures : celui qui dit du mal de Mahomet est puni de mort, celui qui critique le Coran risque la prison à vie. La loi est facilement invoquée pour accuser quelqu'un et l'émotion joue très fort, entraînant des jugements populaires. Les chrétiens doivent donc être très prudents. Les églises sont attaquées et les messes doivent donc être protégées par la police en armes. Malgré ces tensions, ces incertitudes, il y a du positif, dit Mgr Coutts. Les églises sont nombreuses, les chrétiens agissent beaucoup dans des domaines comme l'enseignement et l'aide sociale. « Les chrétiens ne sont que 4 millions, soit 2 % de la population, mais sont là pour tout le monde ».
La place nous manque pour évoquer la première intervention : Mgr Harpigny était là, en témoin lui aussi, pour parler de la place de l'islam en Belgique depuis l'arrivée des travailleurs marocains et turcs dans les années 1960. L'islam a été reconnu comme culte en 1974 mais l'exécutif des musulmans ne fonctionne pas à cause des différences de nationalités et de langues. Et il y a encore beaucoup à faire pour que l'islam ne soit pas vu uniquement sous l'angle du culte.
Pour en savoir plus
Fondée en 1947 par un prêtre allemand voulant venir en aide à ses compatriotes déplacés, Aide à l'Eglise en Détresse a développé son action sur tous les continents. Informer, prier et agir sont ses trois domaines. De nombreux projets sont soutenus de par le monde. Plus d'infos sur http://www.egliseendetresse.be. Le rapport 2016 sur la liberté religieuse dans le monde est disponible en intégralité sur www.religion-freedom-report.org
Lire aussi ici les textes du chemin de croix du récent Vendredi-Saint, où Mgr Harpigny a demandé à chaque station de prier pour un pays ou une région du monde où les chrétiens sont persécutés.
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Créé parDiocèse de Tournai