Ce samedi 21 avril, l’Institut Saint-Joseph à Saint-Ghislain accueillait la journée annuelle de formation pour les membres des Equipes d’Animation Pastorale (EAP).
Environ 250 personnes étaient présentes, aux côtés de notre évêque, à l’écoute du Père Dominique Collin qui intervenait sur le sujet « Un christianisme possible, crédible et désirable ».
Après l’accueil, la journée fut ponctuée de temps de prière, d’exposés de Dominique Collin et de temps de carrefours.
Un malheur frappe le christianisme : sa parole tombe dans l’insignifiance. Il ne parle plus. Le christianisme historique et culturel est une sorte d’illusion qui permet aux chrétiens d’éviter de se demander s’ils sont encore fidèles à l’Évangile. La curiosité historique risque de nous faire oublier le vrai Jésus de Nazareth : l’Évangile ne nourrit pas la curiosité mais la foi.
Notre défi : proclamer l’Evangile comme Evangile
Il y a un risque de diluer la Parole de l’Évangile dans un discours de valeurs chrétiennes qui nous dessert plus qu’il ne nous est utile : l’Évangile n’est pas un corpus de croyances, un catalogue de normes et de préceptes moraux, il ne dit pas comment être meilleur.
Dominique Collin de nous questionner : quand donc le christianisme existera-t-il ? Ne regrettons-nous pas un monde prétendument chrétien ? L’a-t-il jamais été ? Pour sortir de la panne de transmission de la parole chrétienne dans le monde actuel, Dominique Collin a plaidé pour un christianisme sachant parler évangéliquement. Il faut que notre parole soit Évangile et non évangélisante, une parole qui dit quelque chose de neuf, s’adressant à tout homme, croyant ou non, pour l’encourager sur les chemins de l’existence.
Dominique Collin invite à cesser de nous interroger sur le futur du christianisme et à nous soucier davantage de proclamer l’Évangile comme une Bonne Nouvelle : il ne suffit pas de prêcher ce que dit l’Évangile. L’Évangile invite à une métanoïa, à un changement de mentalité du monde. Chacun a la responsabilité que l’Évangile soit une parole parlante, une annonce de promesse.
« De la langue de buis à la parole franche »
La tentation de la parole chrétienne est de parler la « langue de buis » (faire croire à l’autre que nous sommes croyants alors qu’on ne l’est pas) comme d’autres parlent la « langue de bois » (tenir un discours qui plaît à l’auditoire mais qui n’engage pas celui qui dit). Quelle est la « règle » du langage pour que l’Évangile soit proclamé comme Évangile ? Le Nouveau Testament lui donne le nom de parrêsia (mot difficile à traduire et dont le sens va du franc-parler à l’assurance du « dire-vrai »).
Parrêsia, l’art de parler de l’apôtre et du témoin, doit combiner deux caractéristiques.
La significacité : l’art de parler et d’être concerné, que l’auditeur dise « ça me parle », et la véridiction : l’art de dire le vrai et de le dire vraiment, ce qui se vérifie dans mon existence.
Témoigner c’est dire comment l’Évangile vient changer notre existence, comment il est pour nous et pourrait être pour l’autre. Dire l’Évangile doit être dans le don, il est d’abord Parole qui s’adresse à quelqu’un pour qu’il devienne « soi ».
Le christianisme est une communication d’existence. Comme la jovialité communique la joie, la christianité communique le Christ : l’avenir du christianisme doit être communication de joie. La joie signe toujours la venue d’une grâce, d’un don. « Quand le réel vient et ne convient pas, la joie est toujours possible » (Lévinas).
En guise de conclusion, Dominique Collin cite les Actes des Apôtres : « Il annonçait le règne de Dieu et il enseignait ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ avec une entière assurance et sans obstacle » (Actes 28, 31).