Tapisseries : au chevet de l’Histoire de Jacob

Tapisseries : au chevet de l’Histoire de Jacob

Les Ateliers tournaisiens de la tapisserie travaillent depuis plusieurs années déjà à la conservation de quatre pièces du 16e siècle données à la Cathédrale par l’évêque Charles de Croÿ. Une tâche empreinte de rigueur historique, de minutie et de passion qui se terminera en 2021.

Quand l’évêque de Croÿ offre à la Cathédrale les tapisseries de l’« Histoire de Jacob », tissées à Bruxelles en 1554, il y a en fait dix panneaux qui composent la série. Au fil du temps, six d’entre eux ont été « perdus », sans doute prêtés et jamais rendus. Seul le Cinquantenaire à Bruxelles dispose encore d’une édition complète, tandis que les Offices de Florence et la collection Burrelle, à Glasgow, n’ont eux aussi que des séries fragmentaires.

Depuis 2013, six personnes s’activent aux Ateliers tournaisiens de la tapisserie pour que ces quatre pièces soient conservées au mieux et protégées des assauts du temps. En suivant des procédures très strictes : « La restauration n’est pas autorisée, il est interdit de ‘retisser’ et d’introduire de nouveaux matériaux dans la pièce d’origine », explique Marie Vercauteren, chef d’atelier. « Toute opération effectuée doit être réversible. »

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Marie Vercauteren, une passionnée aux Ateliers tournaisiens de la tapisserie depuis leur création en 1982.

Un travail de bénédictin

Pour savoir comment intervenir sur chacune des tapisseries, il a d’abord fallu observer, réfléchir, se documenter, solliciter des avis. « Nous avons bénéficié des conseils de l’IRPA [Institut royal du Patrimoine artistique] ou encore de la conservatrice du Cinquantenaire qui possède aussi ces tapisseries », souligne Marie Vercauteren. « Nous avions beaucoup de documentation à disposition, et avec Michel-Amand Jacques et Rudy Opsomer [de l’asbl « Les Amis de la cathédrale », à l’initiative de cette conservation], nous avons fait toute une série de rapports, de fiches techniques, de photos avant et après traitement. »

DSC 0742C’est ensuite avec une minutie extrême, le regard fixé des heures durant sur les œuvres tendues sur des métiers, que le personnel des Ateliers a exprimé tout son savoir-faire pour sauvegarder la trame et les fils de chaîne de chaque centimètre carré de tapisserie.

Aux Beaux-Arts à l’automne 2021

Sur les quatre tapisseries confiées aux Ateliers tournaisiens, l’une est déjà complètement terminée. Intitulée « Les retrouvailles », elle a été suspendue en juillet dernier dans la chapelle de prière de Notre-Dame. « La tunique ensanglantée », impressionnante pièce de 27 m2, n’attend elle plus que sa doublure, qui sera assemblée au dernier moment car cela la rendrait trop volumineuse à stocker. Les deux dernières, « Isaac bénit Jacob » et « La réconciliation », sont encore sur les métiers des ateliers.

Mais tout doit être terminé dans quelques mois ! Car en 2021, la Cathédrale de Tournai fêtera les 850 ans de sa dédicace. L’édifice a en effet été solennellement consacré le dimanche 9 mai 1171, en l’honneur de Notre-Dame, par l’archevêque de Reims Henri de France, assisté de l’évêque de Tournai Gautier Ier. A cette occasion, les Amis de la Cathédrale souhaitent présenter les quatre pièces de l’Histoire de Jacob au musée des Beaux-Arts, avant qu’elles ne soient réinstallées dans leur écrin d’origine.

Agnès Michel

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 « La tunique ensanglantée», une tapisserie de 27m2. Comme l’indiquent les lettres BB
(en bas à gauche), elle a été tissée à Bruxelles en Brabant. Au milieu, un gros plan
de la tunique. Et à droite, le blason de l’évêque de Croÿ.

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