Opinion: sauvons nos églises
Dans la rubrique Courrier des lecteurs de La Libre Belgique de ce lundi 8 janvier 2024 était publiée une «opinion» de M. René-Michel de Looz-Corswarem. Vous la retrouverez ci-dessous dans son intégralité, avec l’autorisation de son auteur que nous remercions.
Les églises de notre pays sont incontestablement un élément primordiale de notre patrimoine immobilier et sociétal. Elles sont nombreuses et ont toutes répondu à un moment à une demande de nos populations. Le Patrimoine fait une Nation car il rappelle nos racines et pour nous, c’est notre Histoire judéo-chrétienne
Il s’agit bien plus qu’un patrimoine local. En raison de la mobilité sociale, il doit rester accessible à tous et pas seulement aux villageois ou gens du quartier où il est érigé. Il n’y a pas que nos communautés chrétiennes locales qui souhaitent les conserver en bon état, énormément de personnes laïques ou sans confession religieuse y sont aussi attachées. Ce sont les amateurs du patrimoine, ceux et celles qui y associent des moments de deuils ou heureux d’eux-mêmes ou de leurs parents et amis, ceux aussi qui aiment y entrer pour simplement se reposer un instant, s’abriter, selon les saisons, du chaud ou du froid, pour méditer. Pas besoin d’abonnement pour entrer dans nos églises, il suffit de pousser la porte de celles qui sont ouvertes. Pour preuves de cet attachement, il suffit de lire les messages des visiteurs dans les livres d’or ou contestations de la population chaque fois qu’on menace de raser ou de réaffecter LEUR église. Et ce, même s’ils ne sont pas ou peu concernés par la foi.
Les responsables de Fabriques d’églises et autorités locales sont très nombreux à souhaiter que ces édifices restent ouverts aussi souvent que possible, malheureusement les petites paroisses manquent de volontaires pour les surveiller et éviter le vandalisme ou les vols. On commence à trouver des solutions telles que l’installation de caméras, de vitrines sécurisées, etc. mais tout cela a un coût ! Certains disent que ces risques sont encore plus grands quand les églises sont fermées et que les malfrats savent qu’ils ne risquent pas d’être repérés à tout instant par un visiteur !
Je ne nie pas que l’entretien de ce patrimoine peut représenter une charge très lourde pour certaines administrations. J’admire ces bourgmestres qui cherchent et trouvent les moyens de financements nécessaires. Je rappelle qu’un entretien annuel des toitures, corniches, peintures intérieures,… en « bon père de famille » évite souvent des coûts multipliés par dix s’ils ne sont pas faits à temps. Il y a certainement des budgets inutilisés tant au Fédéral qu’à la Région. L’argent existe, mais encore faut-il vouloir l’utiliser à cet effet et recourir aux mécanismes de financements appropriés.
Toutes nos églises ont été bâties à l’origine pour célébrer le culte religieux. Cependant la pratique religieuse s’est estompée chez nous ces dernière décennies. Ce n’est certainement pas la première fois que ce phénomène se produit depuis les débuts du Christianisme il y a plus de 2000 ans et personne ne peut honnêtement prétendre que cette situation est irréversible. En ces temps troublés par les guerres et par les mutations brutales de nos valeurs, nous sentons déjà un frémissement de nouvelles fréquentations de citoyens inquiets ou en recherche de spiritualité. En attendant ce retour en force, nous devons apprendre à ouvrir plus grandes les portes de ces édifices en y organisant des activités compatibles avec leur consécration d’origine. On pourra penser à des conférences, des colloques, des concerts classiques, à certaines expositions,… mais, par respect du lieu, pas à des soirées dansantes, des bars, ou autre concerts rock,… !
La question que je me pose est de savoir comment conscientiser concrètement les Fabriques d’églises, les administration communales, les responsables du patrimoine nationaux et régionaux et…les citoyennes et citoyens de l’importance de cette sauvegarde et de son urgence. Il y a bien le Cipar qui offre aide et conseils aux Fabriques pour faire vivre leur patrimoine et aussi Le site « Eglises Ouvertes – Open Churches »qui fait aussi du bon boulot chez nous, mais si nous avons un Stéphane Bern parmi nous ; qu’il se manifeste, qu’il crée un site Web, lance le processus… Il sera très suivi, car voyez comme la France aime son patrimoine et le montre à travers ses innombrables reportages si intéressants!
Aujourd’hui, il ne suffit plus de regretter ou d’être nostalgique devant le déclin de ce patrimoine, il est temps d’agir. C’est notre rôle de passeurs aux générations futures. Tel est mon souhait pour 2024 et les années qui suivront.
René-Michel de Looz-Corswarem
Président de Fabriques d’églises fusionnées
(Janvier 2024)