Enghien, capitale d’un jour du diocèse de Tournai
Plus de 100 catéchumènes et leurs accompagnateurs ont convergé vers l’église Saint-Nicolas d’Enghien ce dimanche 18 février 2024. Étape essentielle de leur chemin vers le baptême, l’Appel décisif. Une célébration touchante et un véritable cadeau pour la communauté des chrétiens du Hainaut.
L’Appel décisif, c’est un pas dans le parcours catéchuménal. Un pas parmi d’autres, mais un pas important, un peu plus solennel que les autres car toutes et tous le font ensemble, le même jour, au même endroit. Entouré.e.s de chrétiens venus de tout le diocèse pour les accompagner, les entourer, les remercier. «Aujourd’hui, Enghien est un peu la capitale du diocèse», a lancé avec un large sourire aux lèvres le curé des lieux et doyen d’Enghien-Silly, Théophile Kisalu.
Lors de l’Appel décisif, chaque catéchumène est appelé.e par son nom, s’avance et est présenté.e en quelques mots à la communauté. L’écharpe mauve alors déposée sur ses épaules est le signe du chemin de conversion et de lumière qui prépare à recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne, lors de la prochaine Veillée pascale. Un peu plus tard, chacun et chacune inscrira son nom dans le registre. Et pour Mgr Harpigny, qui présidait cette célébration, faire cette démarche en un seul lieu est porteur de sens: «C’est vrai qu’on est chrétien ‘sur place’, là où on est, mais en même temps [par l’Appel décisif, les scrutins,… ndlr] on entre dans l’Église. Rentrer dans l’Église universelle, c’est rentrer dans une portion de l’humanité que Dieu reconnaît comme son peuple.»
Une incroyable diversité
Mais qui sont ces ados ou ces adultes qui s’adressent à l’Église pour recevoir le baptême? Cette année, ils et elles ont de 11 à 60 ans. Avec des parcours de vie et de foi très différents les uns des autres. «La relation que Dieu a avec moi est unique et les autres n’ont pas à savoir ce qu’il se passe dans mon cœur», a insisté Mgr Harpigny.
Pour certains, c’est l’échange avec une grand-mère, un grand-père ou des amis qui a ouvert la réflexion. Pour d’autres, c’est la perspective de devenir parrain, marraine, parent, ou à l’aube d’un projet de mariage, qu’un déclic s’est opéré. Parfois, la religion était un sujet inexistant voire même une source de peur avant que ne survienne un jour le désir de connaitre le Christ.
Il arrive aussi qu’une épreuve personnelle ou une période de turbulences ait été à la source de cette plongée dans l’intime. La reconnaissance de signes inexpliqués d’un Dieu qui veille sur nous, même aux jours de désespoir, d’un Dieu qui sauve de la tristesse et du non-sens. L’envie d’être «une nouvelle version» de soi-même, dans la joie, la prière et le respect.
Parfois, on peut se sentir croyant mais à distance de l’Église, avant d’avoir l’occasion d’expérimenter la proximité de Dieu. Il n’est pas rare non plus que les catéchumènes soient issus de parents aux religions différentes ou non-croyants. Il y a celles et ceux, aussi, qui ont traversé le doute. Qui se sont opposés à la religion de leur famille pour choisir la leur. Qui ont grandi dans une autre tradition religieuse et se sont à un moment de leur vie trouvés confrontés à de douloureuses questions de sens.
S’accepter avec bienveillance
«Les catéchumènes aujourd’hui sont des personnes d’origines très diverses, de langues et de cultures différentes», a souligné l’évêque dans son homélie. «Accepter tout le monde demande ‘un déplacement‘, de l’ouverture. Nous devons nous accepter avec bienveillance les uns les autres. C’est là que nous découvrons le projet de Dieu sur l’humanité.»
S’appuyant sur les textes lus au début de la célébration, Mgr Harpigny insiste: «Dieu fait alliance avec les gens tels qu’ils sont, en sachant qu’ils ne feront pas le bien toute leur vie. (…) Il nous met sur un chemin, il nous conduit et voudrait que nous participions à son amour. (…) C’est vrai que beaucoup de choses ne vont pas bien dans le monde, mais nous aussi nous avons à inventer et manifester l’amour.»
Après s’être beaucoup adressé aux catéchumènes, à leurs parrains et marraines, aux accompagnateurs, Mgr Harpigny a aussi voulu transmettre un message aux prêtres et diacres qui ont la chance d’avoir des futurs baptisés sur leur territoire ou dans leur secteur pastoral: «On ne les a pas choisis, ils sont venus tous seuls. Ils ne sont pas là pour remplir des cases dans notre structure pastorale. Ils sont envoyés par Dieu, pour découvrir la beauté de la Parole, être témoins de l’Évangile, là où ils sont…»
A.M.
Photos Sonostradamus, Pierre-Yves Honet et Agnès Michel