De jeunes Athois écrivent au pape François
Goran Meneghello, enseignant à l’Institut Saint-François et au Collège Saint-Julien d’Ath, a transmis personnellement au pape les interrogations de ses élèves.
Du 24 au 27 juin dernier, Goran Meneghello, jeune enseignant de religion à l’Institut Saint-François et au Collège Saint-Julien d’Ath, a participé avec Christian Cannuyer, directeur de l’association Solidarité-Orient/Werk voor het Oosten, à la 97e assemblée plénière de la ROACO (Réunion des Œuvres d’Aide aux Chrétiens d’Orient).
L’objectif de la présence de M. Meneghello était, à terme, la mise sur pied d’un réseau d’initiatives pédagogiques visant à sensibiliser les élèves de l’enseignement secondaire libre à la problématique des minorités religieuses au Proche-Orient, notamment mais pas seulement des minorités chrétiennes.
Les travaux de cette assemblée dépendante du Dicastère du Saint-Siège pour les Églises orientales se sont tenus dans le grand auditoire de la Curie des Jésuites à Rome et présidés par le cardinal Claudio Gugerotti, préfet du Dicastère. Ils ont surtout porté sur l’actualité des communautés chrétiennes du Proche-Orient les plus affectées par les conflits et les persécutions en cours.
Sans langue de bois
Mgr Paul Gallagher, le «ministre des Affaires étrangères» du Vatican, a procédé à un tour d’horizon général très documenté et souvent affligeant. Une importante session a été consacrée à la situation en Terre sainte, marquée par les atrocités de l’action terroriste du Hamas le 7 octobre, la réponse démesurément meurtrière d’Israël à Gaza, les violences des colons juifs en Cisjordanie et à Jérusalem, avec des rapports très circonstanciés et sans langue de bois des divers intervenants.
Une autre session s’est focalisée sur le drame du Haut-Karabagh, cette région habitée par les Arméniens depuis plus de 2500 ans et vidée de ses chrétiens par l’invasion azérie de septembre 2023. À cette occasion, le Saint-Siège, dans une volonté d’œcuménisme, avait invité à la tribune Mgr Gevork Saroyan, directeur des services sociaux du Saint-Siège d’Etchmiadzine, c’est-à-dire un représentant de l’Église apostolique arménienne, non unie à Rome.
D’autres sessions ont abordé la question des chrétiens d’Orient (spécifiquement les Ukrainiens, les chaldéens et les maronites) ayant quitté leurs terroirs natals en proie à la violence et vivant désormais en diaspora.
«Êtes-vous heureux?»
Le jeudi 27 juin 2024, dans le cadre d’une audience papale privée, Goran Meneghello a pu remettre au pape François une lettre et une série de réflexions/questions concoctées par ses élèves avec le concours de plusieurs collègues. Ses élèves y disent particulièrement se reconnaître dans les combats du Saint-Père concernant le respect des personnes homosexuelles, la protection de l’environnement, la dignité des populations immigrées. Ils s’y montrent très inquiets de la montée des nationalismes partout en Europe et dans leur pays.
Ils saluent la fermeté avec laquelle François a abordé les affaires d’abus sexuels dans le clergé. Ils s’interrogent évidemment aussi, vu le contexte dans lequel leur lettre est parvenue au pape, sur ses sentiments vis-à-vis des chrétiens d’Orient persécutés et vis-à-vis de leurs persécuteurs.
Mais plus étonnant, les étudiants athois ont osé aussi poser au pape des questions plus intimes, traduisant leur compassion pour cet homme qui assume à un âge avancé une tâche immense: «Regrettez-vous de ne pas avoir pu fonder une famille? Cela a dû être un choix difficile», «Comment la foi chrétienne peut-elle être chemin qui nous conduise vers le bonheur?», «Qui aurait été Jorge Bergoglio s’il n’était devenu ni prêtre, ni pape?», «Comment parvenez-vous à rester si humble en étant si célèbre et influent » Ou, plus frontalement encore, un décapant «Êtes-vous heureux?».
Les élèves de Saint-François et de Saint-Julien, dont le message a été ainsi relayé au pape François par leur professeur, espèrent une réponse forte et inspirante du Chef des quelque 1 milliard 390 millions de catholiques aujourd’hui recensés dans le monde.
Christian CANNUYER
(titre et intertitres de la rédaction)