Pour en savoir plus sur le bénévolat dans les paroisses de Belgique, découvrez les résultats de l’étude.
Professeur de français et de religion au Collège Notre-Dame de Bon Secours à Binche depuis 11 ans, la jeune habitante de Péronnes-lez-Binche a un parcours un peu atypique. «Je ne viens pas du tout d’un milieu religieux et croyant. C’est en allant à Lourdes avec une collègue et quelques élèves pour apporter notre aide comme brancardiers, en 2018, que la foi m’est tombée dessus de manière inexplicable. Ensuite, j’ai fait ma confirmation, comme adulte.»
Depuis, Sabrina retourne chaque année à Lourdes, accompagnant des élèves au pèlerinage du mois d’août, en tant que l’une des responsables du groupe «Sainte Bernadette». Après chaque pélé, elle témoigne de l’expérience vécue dans les classes, afin de susciter chez d’autres jeunes l’envie de tenter l’aventure. «Les jeunes sont très réceptifs. Ceux qui marquent leur intérêt sont souvent très loin de l’Église, mais ils sont curieux, ils ont envie d’aider. Et une fois sur place, la magie de Lourdes opère. Alors certains se posent des questions, d’autres pas, chacun suit sa route.»
Son engagement bénévole, Sabrina le passe notamment à trouver les moyens de financer le pélé des jeunes, pour qu’ils ne doivent pas trop débourser. «Mais j’insiste pour qu’ils participent symboliquement, car je veux leur inculquer que l’argent ne tombe pas du ciel!» Et puis il y a la Pastorale scolaire, avec l’aide à des associations comme la Croix-Rouge, Caritas, Action Damien. Il y a aussi l’EAP de l’unité pastorale de Binche-Estinnes.
Ce que lui apporte ce temps consacré aux autres? «Je me sens utile. J’aime toutes ces rencontres, avec des hommes d’Église –qu’on perçoit différemment quand on les côtoie–, des moins valides, et avec Dieu bien sûr. Je veux montrer l’exemple aux jeunes. Le bénévolat se perd de plus en plus dans notre société, on veut savoir ce qu’on va obtenir en retour; je veux leur montrer qu’on peut donner des sourires et aussi un peu d’équité dans ce monde.»
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Jacques Deveseleer
L’historien
À 62 ans, père de trois enfants et grand-père d’un petit Gaston, M. Jacques Deveseleer a une formation d’historien et d’archéologue-historien de l’art. Outre son travail pour l’Agence wallonne du Patrimoine, il mène en parallèle une activité bénévole consacrée à l’histoire et patrimoine de la ville de Soignies, et particulièrement à la collégiale Saint-Vincent. Président de la Fabrique d’église Saint-Vincent, il est aussi le directeur du musée du Chapitre de Soignies.
C’est à la fin de ses études qu’il est devenu conservateur de la Collégiale. Il a d’ailleurs consacré son mémoire de fin d’études en histoire de l’art au projet de création d’un musée d’art sacré attaché à la collégiale: le musée du Chapitre. Conservateur de la collégiale et du musée pendant plus de 30 ans, de 1990 à 2020, il a ensuite passé la main et est devenu président de la Fabrique d’église.
«Lorsque je suis devenu Président de Fabrique d’église, j’ai pensé que notre tâche allait s’alléger. C’est le contraire qui s’est passé car la gestion d’une fabrique d’église comme celle de Soignies implique des tâches quotidiennes et une maîtrise de très nombreux dossiers.»
M. Deveseleer consacre en moyenne 2h par jour (et souvent 3) à son activité de bénévole. «C’est lourd et un peu ingrat, mais stimulant car varié. Cet engagement me donne le sentiment de faire œuvre utile, de ‘faire bouger les choses’ au bénéfice du collectif, là où je suis et en fonction de mes moyens. Bref, je peux dire que cela donne sens à ma vie, parallèlement à ma famille, qui demeure ma priorité, et à mon activité professionnelle.»
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Joëlle Duchêne-Bonaventure
Le don de soi
«Je ne suis qu’une bénévole parmi tant d’autres», commence Joëlle, ancienne professeure de français. Retraitée et maman de trois enfants, Joëlle Duchêne-Bonaventure a pourtant plusieurs cordes à son arc dans ce domaine. Investie dans la préparation au mariage, le catéchuménat, la catéchèse et le baptême des petits-enfants, elle partage son temps entre sa famille et l’Église.
C’est pourtant d’une remise en question de l’Église par ses enfants et par les jeunes qu’elle accueillait dans sa classe que vient sa vocation de s’investir davantage dans sa paroisse. «L’Église ne nous correspond plus», a-t-elle pu lire dans une de ses copies. Pourtant, au fond de son cœur, Joëlle sent que l’Église a toujours quelque chose à apporter. Elle veut partager la joie et l’espérance que renferme le message de Jésus.
Petit à petit, elle se plaît à accompagner des adultes, des adolescents et des enfants. Elle ressent le besoin d’aider et s’émerveille de voir les gens grandir et évoluer dans la foi. «Ce que l’on a, il faut le donner», renchérit-elle. «Je suis comme ça, je trouve que le temps est perdu s’il n’est pas donné.»
Il le reconnaît, être président d’une fabrique d’église, ce n’est pas de tout repos. Cela fait près d’une vingtaine d’années maintenant que René-Michel veille sur l’église Saint-Martin à Merbes-le-Château avec l’aide de son épouse. Et le travail administratif n’a évidemment pas diminué quand la fusion de quatre clochers a été opérée il y a deux ans, avec –heureusement– le soutien d’un excellent trésorier et du Service d’Accompagnement à la Gestion des Paroisses, le Sagep. Alors à côté de son engagement au sein de l’EAP de l’unité pastorale de Solre-sur-Sambre et des coups de main qu’il donne à son épouse, bénévole du service diocésain «Art, Culture et Foi», pour réaliser l’un ou l’autre inventaire d’églises, René-Michel dédie plusieurs heures chaque semaine à la fabrique d’église.
«Je me considère comme un maillon… Ces églises existent parfois depuis plusieurs centaines d’années, je serais triste à la fin de ma vie de ne pas avoir fait tout ce que j’aurais pu faire pour les sauver. Ce sont des lieux ouverts à tous, que l’on soit croyant ou pas, de gauche, de droite, d’en haut ou d’en bas. On peut s’y réchauffer en hiver, s’y rafraîchir en été, se retrouver un moment au calme pour se reposer, prier ou méditer. Au-delà de leur importance religieuse, ce sont des endroits d’une réelle importance sociétale.»
L’un des objectifs que s’est donné René-Michel de Looz est d’ouvrir les églises le plus possible. «Il y a des personnes de tous les âges qui rentrent dans les églises. Il y a parfois des jeunes qui viennent visiter. Et puis faire une prière pour leur grand-père… ou pour leur chat!»
Sa mission, René-Michel l’exerce avec plaisir et il continuera à l’exercer tant que la santé suit. Mais à 76 ans, il ne compte pas s’y accrocher. Reste à trouver la personne qui aura envie de reprendre le flambeau le moment venu…
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Christine Losseau – La solidaire
Âgée de 70 ans, Mme Christine Losseau est mère de cinq enfants et grand-mère de deux petits-enfants dont elle s’occupe régulièrement. Veuve, elle consacre au moins 2h30 par jour –souvent plus, parfois même une journée entière– à son activité de bénévole.
C’est dès l’enfance qu’elle découvre le bénévolat, ses parents étant eux-mêmes très engagés: «J’ai toujours baigné dedans», ajoute-t-elle. C’est lors d’une soirée de carême qu’elle rencontre Marie-Christine Lothier, de l’ASBL Entraide et Fraternité, qui souhaite mettre sur pied une équipe locale. Mme Losseau répond présente et se lance dans l’aventure.
Lorsqu’elle s’est installée dans la région de Thuin, elle a proposé ses services à son curé. Elle a ainsi été catéchiste pendant plusieurs années, préparant les jeunes à la profession de foi et au sacrement de confirmation. Actuellement, elle est visiteuse de malades et, depuis 4 ans, la personne-relais dans son UP pour ce qui concerne les Solidarités. Outre ces activités dans la paroisse, elle est également membre depuis 25 ans de la commission Vivre Ensemble et Entraide et Fraternité et aide l’ASBL «Échanges» de Froidchapelle, où elle s’occupe notamment de colis alimentaires.
Ce qu’elle aime dans le bénévolat, c’est en priorité le contact humain. Si sa famille reste sa priorité, elle souligne: «Tant que je peux, je continue. Il y a tant à faire, tant de solitude et de détresse.» Elle parle de son bénévolat comme «la petite goutte du colibri» et estime que le sourire des gens est une belle récompense.
À 72 ans, Christa Meunier, infirmière à domicile pendant 40 ans, est ce qu’on pourrait appeler une hyperactive. Quand son mari –commerçant– lui a suggéré d’enfin mettre un terme à ses activités professionnelles, cette maman de 3 enfants et aujourd’hui grand-mère de 7 petits-enfants ne se voyait vraiment pas rester enfermée chez elle sans rien faire. «Avant, je travaillais seule et je travaillais tous les jours, du 1er janvier au 31 décembre. Il m’a fallu 6 mois pour digérer ce changement de rythme.»
Alors que la jeune pensionnée se rendait à la messe tous les mardis matins à Herchies, l’abbé Verfaillie –à l’époque Responsable de l’UP de Lens– lui a proposé d’entrer dans l’Équipe d’animation pastorale. Au début, Christa ne s’y sentait pas trop à sa place, se demandant si elle serait à la hauteur de la mission. De fil en aiguille, elle a aussi été sollicitée pour de nombreux autres engagements: le Service d’Aide aux Prêtres Âgés et Malades (le SAPAM), les visiteurs de malades (dont elle a pris en charge l’antenne athoise), la présidence de Vie Montante Hainaut, les Amis de Lourdes d’Herchies, le rôle de «veilleur handicap» qui l’a amenée à accompagner une petite fille en situation de handicap à faire sa communion,…
Alors entre les réunions, les visites et les nombreuses activités liées à ce bénévolat multiforme, Christa Meunier n’a pas un jour sans «engagement»: «Quand on me demande quelque chose, je dis toujours oui. Je ne sais pas toujours à quoi je m’engage, mais j’y vais. Je me sens vivre. Je ne peux pas mener une vie oisive et faite de futilité, sinon je déprimerais. (…) Le bénévolat m’apporte le bonheur. Quand je quitte ma maison, je suis heureuse; je donne, mais je reçois aussi beaucoup.»
Et quand on s’interroge sur la gestion de son agenda si chargé, la septuagénaire rétorque, amusée: «C’est juste une question d’organisation. Après toutes ces années de travail, c’est du gâteau!»
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Roger Petit
Un investissement progressif
Pour Roger Petit, tout est parti d’un constat simple: «Je suis content quand je rends service aux autres.» Cumulant les fonctions de gestionnaire financier du clocher de Ghlin, membre de la fabrique d’église et bénévole de la pastorale des funérailles, il aime accompagner et propose un parcours ajusté à chacun.
Pourtant, rien ne le prédestinait à participer à la mission de l’Église. Il vient en effet d’une famille qui n’est pas catholique et c’est en épousant sa femme que, petit à petit, il a décidé de s’investir dans sa paroisse, puis dans le diocèse. Dans son parcours, le prêtre a joué un rôle déterminant dans son engagement. C’est lui qui a sollicité son aide, d’abord pour partir faire un camp à Taizé avec des jeunes, puis pour se former dans le but d’une future mission dans l’accompagnement des funérailles.
Et c’est l’arrêt de son activité professionnelle qui l’a ensuite incité à donner dans sa vie une plus grande place au bénévolat. «En aidant les autres, j’ai l’impression que c’est comme si j’aidais mon prochain», conclut-il.
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Franco Terrasi – Un utopiste?
C’est en 2018 que Franco est entré dans l’asbl Utopie comme bénévole. Conscient de la chance qu’il avait eue tout au long de son parcours de vie, il souhaitait partager un peu de cette chance avec ceux qui n’en avaient pas eu. «Utopie a été créée en 1996 sous l’impulsion du père Gérard Laleman, avec pour objectif de venir en aide aux personnes précarisées. L’asbl veut aller au-delà de l’aide ponctuelle, vers un accompagnement global visant avant tout à responsabiliser et à mettre debout les personnes précarisées. Nous cherchons avec elles la voie pour sortir de l’assistance et aller vers l’autonomie.»
Cinquante bénévoles donnent ainsi de leur temps et de leur cœur par le biais de différentes activités comme la banque alimentaire, le vestiaire, un service meuble, un service jouet, un service vaisselle, l’école des devoirs, des ateliers cuisine, couture ou encore accès à internet.
«Tous partenaires pour le bien de tous, nous croyons au partage des expériences, des savoirs et des ‘richesses’ de chacun», explique Franco, qui a repris la présidence de l’association basée à La Louvière en 2019. «Accueillir, écouter, partager et ensemble chercher les solutions possibles aux difficultés rencontrées par la personne, voilà le travail de chacun des bénévoles de l’asbl.»