Messe chrismale: «Écoutons la voix du Seigneur»
Quelle effervescence sur les routes qui traversent la paisible campagne d’Estinnes en ce soir du 15 avril 2025! C’est que tout le diocèse de Tournai s’était donné rendez-vous à la Basilique Notre-Dame de Bonne-Espérance pour cette célébration si particulière…
Présidée par l’évêque, la Messe chrismale est unique pour tout le diocèse. Si elle a lieu chez nous depuis des décennies dans la soirée du mardi saint plutôt que dans la matinée du jeudi saint comme le préconise le Missel Romain, c’est que –selon les mots de Mgr Harpigny– «Appeler le peuple de Dieu un jeudi matin est pratiquement impossible, si on veut avoir du monde.» Et à voir le nombre de personnes qui se pressaient dans la basilique, c’est en effet un choix judicieux! Plus aucune place assise n’étant libre, de nombreux fidèles sont restés debout dans les bas-côtés et le fond de l’édifice. Certains, n’ayant pu entrer, ont même fait demi-tour. Et pour ceux qui n’avaient pu être présents physiquement, la célébration était retransmise en direct sur YouTube.
Parmi les membres de l’assemblée venus de tout le diocèse se trouvaient des enseignants et des internes du Collège épiscopal de Bonne-Espérance ainsi que des personnes travaillant à la préservation du site et de son patrimoine. Plusieurs d’entre eux ont participé aux préparatifs et au service avant et pendant la célébration, par exemple en accueillant les fidèles, en faisant la collecte ou en encadrant les porteurs d’huile et d’offrandes.
Une Église diocésaine unie
La messe chrismale manifeste chaque année l’unité de tout un diocèse. Non seulement elle rassemble en un seul lieu de nombreux fidèles et acteurs pastoraux de notre diocèse, mais c’est aussi lors de cette célébration que les prêtres et diacres présents renouvellent leurs vœux. Une attention toute particulière est portée à ceux d’entre eux qui célèbrent un jubilé d’ordination. Cette année, ce sont les noms de 43 prêtres et 7 diacres qui ont ainsi été cités, dont l’aîné d’ordination est l’abbé Jean Mariage qui fêtera en septembre ses 70 années de ministère presbytéral!
«Le Christ nous associe à l’offrande qu’il fait de sa vie au Père. Grâce à lui, nous devenons un peuple de prêtres, qui font de leur vie un sacrifice, un don. Aussi, les ministres ordonnés se souviennent aujourd’hui de leur ordination, de la manière dont ils exercent le ministère, y compris dans les moments d’épreuve et les chutes», a rappelé Mgr Harpigny dans son homélie.
«Ne nous laissons pas ébranler»
D’épreuves et de blessures, il en fut beaucoup question dans son discours. Alors que notre diocèse attend avec impatience son nouveau pasteur et que les médias dépeignent une Église de Belgique en situation problématique, notre évêque a souhaité réagir: «L’avenir de l’Église ne dépend pas de la qualité ou non d’un évêque diocésain. L’Église, c’est le peuple de Dieu répandu sur la planète entière, et aussi la communion de ceux qui participent déjà aujourd’hui aux noces de l’Agneau dans le Royaume.» Et en réponse à ceux qui évoquent des blessures, il a ajouté: «N’oublions pas que l’Agneau garde la trace de ses blessures. Le Ressuscité se manifeste aux femmes, à ses disciples, en montrant ses plaies. Il est illusoire de penser que le peuple de Dieu ne traverse pas d’épreuves, ne participe pas au mystère pascal du Christ.»
Cependant, Mgr Harpigny a remis du baume au cœur de l’assemblée: «Ne nous laissons pas ébranler par les prophètes de malheur. Mettons notre confiance dans le Seigneur. Il nous conduit, même à travers les ravins de la mort. Les informations nous conduisent à regarder ce qui se passe en Ukraine, à l’Est de la République du Congo, au Soudan et ailleurs. Selon nos responsabilités civiles, religieuses et autres, nous pouvons intervenir. N’écoutons pas les prophètes de malheur, mais écoutons la voix du Seigneur!»
Du changement à la tête des UP
À l’issue de la célébration, Mgr Harpigny a félicité le Père Étienne Ntale, curé des UP du Val d’Haine mais aussi de Binche-Estinnes –dont fait partie la Basilique–, pour sa nomination comme supérieur général des Barnabites. Après de chaleureux applaudissements, le vicaire général Olivier Fröhlich a annoncé que cette nouvelle mission aura quelques conséquences pour notre diocèse. Bien que le Père Ntale y reviendra régulièrement, il doit renoncer à sa mission de responsable des deux unités pastorales. Pour lui succéder, Mgr Harpigny a nommé le Père Ferdinand Mushagalusa, également membre des Barnabites, qui était jusque-là curé de l’UP des Cinq Clochers, dans la région de Mouscron-Comines. Pour cette dernière UP, notre évêque a nommé son confrère, le Père Emmanuel Barhakomerwa.
Et c’est sous des applaudissements nourris que les prêtres ont traversé la basilique pour leur procession de sortie, accompagnés de messages de félicitations pour les trois nouveaux nommés mais aussi pour les prêtres et diacres jubilaires. Toute l’assemblée a alors quitté le sanctuaire pour rejoindre la salle des fêtes du Collège où les attendaient rafraîchissements et collations.
Marie Lebailly
Dans les coulisses des saintes huiles
Comme son nom l’indique («chrismale» venant du grec χρῖσμα/khrīsma signifiant «huile» ou «onction»), c’est en cette occasion que sont bénies les huiles saintes et qu’est consacré le saint chrême. À la fin de la célébration, ces huiles sont transvasées dans les contenants apportés par chaque unité pastorale, qui les utilisera durant l’année à venir pour les sacrements.
La première des huiles à être portée en procession jusqu’à l’autel pour être bénie par notre évêque est l’huile des malades, utilisée pour le sacrement des malades. Vient ensuite l’huile des catéchumènes, portée et accompagnée par quelques-uns des futurs baptisés de l’année. Ceux-ci en seront marqués sur les mains ou la poitrine juste avant leur baptême. Le saint chrême, quant à lui, a été consacré par une prière solennelle. Cette huile est utilisée lors des onctions de consécration : pour les baptêmes, les confirmations, les ordinations ou encore la dédicace des églises et des autels.
«Avec l’huile des malades, l’huile des catéchumènes et le saint chrême, nous soignons les blessures, nous fortifions ceux et celles qui avancent comme enfants de lumière, nous prions pour les baptisés, les confirmés, les futurs prêtres et notre futur évêque qui recevra l’onction sur la tête», a ajouté Mgr Harpigny dans son homélie.
Après avoir quitté la Basilique, les vases contenant les saintes huiles ont été remis à l’équipe bien rodée chargée de remplir les flacons et autres contenants de chaque unité pastorale, afin qu’ils puissent être emportés dès la fin de la célébration.
