Cours de religion: un nouveau programme comme lecture de vacances
Les maîtres de religion catholique de l’enseignement fondamental officiel disposent désormais d’un nouveau programme, qui a été rédigé dans un esprit de continuité et d’ouverture. Ils et elles sont venus le découvrir à la maison diocésaine de Mesvin quelques jours avant la fin de l’année scolaire.
La fin des cours de religion dans l’officiel? «On parle depuis longtemps de l’avenir des cours de religion, mais ils sont toujours là», lance en guise d’introduction Samuel Bruyninckx, délégué épiscopal pour l’enseignement dans le diocèse de Tournai. Devant une bonne quarantaine de «MRC» hennuyers –les maîtres de religion catholique du fondamental–, il reste confiant par rapport à l’avenir et la place du cours de religion même si l’on fait face à une situation de pénurie qui reste plutôt maîtrisée au niveau des MRC. Et le délégué épiscopal est surtout heureux de l’arrivée de ce nouvel outil rédigé par quatre auteurs, anciens profs ou inspecteurs de religion. «Ce programme offre une continuité entre le niveau fondamental et le secondaire. Il vise avant toute chose la croissance de l’élève, dans une société en quête de sens. Et le cours de religion est un endroit où on peut croître.»
Après avoir été présenté à Bruxelles, à Liège et dans le Brabant wallon avant de se laisser découvrir à Namur un peu avant la rentrée 2025-2026, ce fameux «programme du cours de religion catholique» de 200 pages a donc fait une halte à la maison diocésaine de Mesvin, avec deux de ses auteurs. «C’est un vrai bonheur de venir devant vous après un vrai labeur de plusieurs années», s’amuse le diacre Luc Aerens. Qui précise d’emblée que si ce document est adapté aux conditions de travail des MRC dans l’enseignement officiel, la matière qui y est reprise est bien identique pour tous les réseaux. Il ne s’agit d’ailleurs pas d’un «travail d’auteur» mais d’un outil qui a été approuvé et authentifié par les évêques francophones de Belgique afin de «dire» ce qu’est la religion catholique et comment la proposer de la 3e maternelle à la 6e primaire.

Des pistes pour une invitation à l’audace
Tout commence par l’illustration de couverture, un vitrail multicolore. Car elle se veut explication et symbole de l’esprit qui a guidé la rédaction de l’ouvrage. Luc Aerens s’émerveille: «Un vitrail laisse passer la lumière et n’est pas lumière lui-même. Vous êtes les vitraux, vous laissez passer la lumière, avec vos différences et à des élèves différents. Ce vitrail est sans cadre, pour évoquer un esprit d’ouverture, l’esprit de votre travail.»
Sa comparse Brigitte Cantineau rassure d’ailleurs les participants sur le sens du programme, qui ne se veut nullement un guide figé et empêchant toute liberté aux enseignants. Certes il contient beaucoup de pages, mais ce sont avant tout des pistes de travail et tout ne doit pas forcément être abordé.
Rédiger un nouveau programme, c’est aussi l’occasion de s’interroger. Sur le sens du cours de religion au 21e siècle, par exemple. Et sur l’éclairage apporté par la foi chrétienne aux grandes questions humaines. Mais aussi sur les moyens d’aborder cela avec les élèves, dans le respect et la valorisation de leurs capacités imaginatives, dans la stimulation d’un questionnement critique.
Le questionnement en guise de fil rouge
De la maternelle à la rhéto, les cours de religion visent à faire progresser les élèves vers une intelligence critique. Si le contenu du programme reste assez semblable à celui de l’ancienne mouture (qui date quand même de 1993), l’approche se veut novatrice. Le questionnement est ainsi érigé en véritable fil rouge du document. Il y a bien sûr les questions que les élèves se posent par rapport à ce qui les touche, à la marche du monde, et ces questions restent une priorité. Mais la pratique pédagogique montre aussi que des questions peuvent surgir de l’observation, de la réflexion (nourrie par un dessin, une œuvre d’art, un texte biblique,…).
Ainsi, une même trame se retrouve dans l’ensemble du programme. D’abord, on s’interroge sur une question «religieuse». Puis on apprend. Et enfin, on s’approprie et on s’exprime. «Toutes les compétences se tiennent, elles sont transversales», explique Brigitte Cantineau. «Tout le monde est embarqué dans le même programme, adultes et enfants. Et les compétences, ça commence par travailler une question liée au religieux pour s’ouvrir à la pluralité (de cultures, religions et options de vie), développer une intelligence critique du christianisme, puis s’ouvrir aux questions de la vie sociale et relationnelle, développer son identité et sa liberté.»
Contrairement à ce que beaucoup pensent peut-être (y compris le monde politique amené à prendre des décisions quant à l’avenir des cours philosophiques), la mission du cours de religion n’est pas une catéchèse mais avant tout un questionnement sur soi et sur le monde. «Le parcours transversal entre les compétences n’est pas que pour les élèves, ça concerne aussi les profs! Et ce sont bien souvent les profs de religion qui abordent le plus de questions ‘remuantes’. On n’est plus sur des contenus décidés en début d’année; un prof ne traite pas que les questions qui l’intéressent ou dans lesquelles il se sent à l’aise, mais il est amené à aborder tant de ces questions qui nous touchent dans la vie…»
A. Michel