L’extrême-droite, l’Évangile et nous
Chaque année, les équipes populaires organisent une session pour aumôniers et accompagnateurs de sens et de foi en milieux ruraux et populaires. Au terme de leur session 2025, les participants ont souhaité diffuser leurs réflexions auprès des chrétiens.
Plusieurs intervenants ont accompagné les participants à cette session de réflexion: Benjamin Briard, du CRISP; Sr Élisabeth Chainaye, de la communauté d’Hurtebise; Jean-Marc Bocquet, prêtre français, diplômé d’études spécialisées en histoire des institutions et idées politiques; Ignace Berten, frère dominicain; Charlotte Renouprez, présidente des équipes populaires.
«Nous nous sommes retrouvés ce 26 janvier, à Hurtebise, au cœur des Ardennes belges, pour une session de 3 jours avec comme sujet de réflexion ‘L’extrême-droite, l’Évangile et nous’. Membres de groupes actifs dans le monde rural, le monde ouvrier, le monde de l’enseignement. 44 laïcs chrétiens (femmes et hommes), religieuses, religieux, prêtres originaires du nord de la France, de Suisse et de Belgique. Avec d’abord ce constat glaçant: de plus en plus de chrétiens sont influencés par des courants d’idées qui opposent les gens, les divisent, les dressent les uns contre les autres et par des politiques qui excluent certaines parties de la population, notamment parmi les plus fragiles et les migrants.
Certaines personnalités en vue influencent malheureusement une partie de nos concitoyens qui écoute plus ses tripes que sa raison. L’irrationnel prend le pas sur la réflexion. On ne fait pas d’analyse ou si peu. On se contente d’idées simples voire simplistes. On ne mesure pas les conséquences pratiques que peut avoir dans l’avenir la mise en pratique d’idées fondamentalement déshumanisantes, méprisantes, excluantes. Et pourtant le passé nous l’apprend ainsi que certaines régions du monde où ces idées sont actuellement au pouvoir.
Que fait l’Église, l’institution, que font les chrétiens pour enrayer ces courants? Ceux qui sont écœurés par leurs propos sont souvent démunis pour y faire face.
Nous nous sentons donc mobilisés pour:
- Dénoncer les conséquences de l’extrême-droite là où elle arrive au pouvoir: mesures antisociales, autoritarisme, exclusion de certaines parties de la population, notamment les personnes d’origine étrangère.
- Sensibiliser davantage l’opinion publique, l’Église, les chrétiens…
- Nous organiser pour à la fois lutter contre l’idéologie de l’extrême-droite et pour construire une société humaine où chacun a sa place.
- Nous inspirer des prophètes qui se dressaient déjà contre les pouvoirs qui oppriment les pauvres, les petits, contre les injustices de leur époque, notamment Jérémie et Ezéchiel.
- Comme les fils d’Israël, nous laisser inviter par Dieu (Lévitique, 19): «Soyez saints car je suis saint», «Tu aimeras ton prochain comme toi-même», «…cet émigré installé chez vous, vous le traiterez… comme l’un de vous; tu l’aimeras comme toi-même».
- Suivre Jésus quand il remet les petits debout, considère les autres comme des frères (Jean 13). Jésus prône un autre monde… qui a sa finalité en Dieu… contre le monde des purs privilégiés par les pouvoirs en place. Jésus promeut une société qui inclut chacun, il pratique la solidarité avec les plus faibles (Matthieu 25,…)
Comment vais-je travailler davantage à une société plus fraternelle de vraies sœurs, de vrais frères? Comment vais-je contribuer à la construire, là où j’ai les pieds, avec celles et ceux que je côtoie dans ma vie de tous les jours?»
Françoise Sieuw,
pour le groupe porteur de la session