«Nous devons croire que la vie peut renaître»

Laurence Flachon: «Nous devons croire que la vie peut renaître»

«Face au réchauffement climatique et à la perte de la biodiversité, espérer a-t-il encore un sens?»: invitée des conférences de Carême de Mons, la pasteure a plaidé pour l’espérance. Ce qui n’est pas la même chose que l’espoir…

Dans notre monde d’aujourd’hui où les questions climatiques ne semblent plus prioritaires, il apparaît difficile de ne pas perdre espoir. Et pourtant…

Pasteure de l’Eglise protestante de Bruxelles-Musée, née d’une mère protestante et d’un père catholique, vivant en Belgique depuis vingt ans, Laurence Flachon œuvre pour une foi qui ne soit pas en marge du monde. Elle ne peut donc demeurer indifférente aux grandes questions qui nous hantent face à l’avenir de la planète.

Perdre espoir? Peut-être. Mais il est essentiel de distinguer l’espoir et l’espérance. L’espoir croît ou diminue en fonction des circonstances. L’espérance est confiance, conviction, elle nourrit et fortifie notre foi, elle est porteuse de sens. C’est une attitude existentielle qui structure le présent. L’espérance est ténacité, obstination, mais pas optimisme aveugle.

Gardiens ou fossoyeurs?

Son credo: «Nous devons croire que la vie peut renaître.» Et la question centrale: que voulons-nous faire de ce monde? En serons-nous les gardiens ou les fossoyeurs? Laurence Flachon plaide pour une «metanioa» (conversion): certes, elle est improbable et pourtant elle est possible…

Dans sa conférence à Mons, elle a «convoqué» deux théologiens protestants de l’espérance, qui nous invitent à relire les textes fondateurs de l’Écriture. Ainsi le chapitre Ier du Livre de la Genèse a souvent été perçu comme légitimant une place centrale attribuée à l’homme dans la création. Or la terre porte un regard sur le genre humain. Le septième jour, Dieu ne bénit pas seulement les hommes mais bien toute la Création…

Pour une éthique de la «non-puissance»

Nous vivons dans un monde qui absolutise l’efficacité. On peut même parler d’un monothéisme de l’efficacité… Et la conférencière de plaider, à l’inverse, pour une théologie verte qui s’inscrit en faux contre la technique. Elle promeut aussi une éthique de la «non-puissance»: ce n’est ni la puissance, ni l’impuissance, mais le choix conscient et raisonné de ne pas faire. Ce fut le choix du Christ face à la croix…

En tant qu’êtres humains, nous avons reçu la mission de prendre soin de la création. Cessons donc de nous conformer au monde présent, soyons anticonformistes…

Hubert Wattier

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