Eucharistie en mémoire du Pape François (1936-2025) – Cathédrale – 27 avril 2025

Merci au pape François

Eucharistie en mémoire du Pape François (1936-2025)
Cathédrale (Dimanche in Albis, 27 avril 2025)

Jorge Bergoglio est né le 17 décembre 1936 à Buenos Aires et a été formé en Argentine dans une famille d’émigrés italiens arrivée là-bas après la première guerre mondiale. À l’âge de 17 ans, Jorge fait une expérience inoubliable du sacrement de pénitence et de la réconciliation. À l’âge de 21 ans, il choisit de devenir prêtre. Il termine sa formation de technicien en chimie et commence le séminaire. En mars 1958, il entre dans la Compagnie de Jésus, chez les Jésuites. Il suit la formation au Chili et en Argentine. Il est ordonné prêtre le 13 décembre 1969 et fait le Troisième An, en 1971-1972, en Espagne. Il devient maître des novices et fait profession solennelle le 22 avril 1973.

En 1973, à l’âge de 36 ans, il est nommé provincial des Jésuites d’Argentine. La dictature militaire de 1976 à 1983 est une période difficile à traverser pour l’Eglise catholique en Argentine. En 1980, le Père Bergoglio est nommé recteur de la faculté de théologie et de philosophie de San Miguel en Argentine. En 1986, il se rend en Allemagne, à Francfort, pour rédiger une thèse de doctorat en théologie. En fait, il ne se retrouve pas dans le milieu allemand et il est rappelé en Argentine pour devenir prêtre de quartier et confesseur à Cordoba.

Sur intervention du cardinal Antonio Quarracino, archevêque de Buenos Aires, le Père Bergoglio est nommé évêque auxiliaire de Buenos Aires en 1992. Il devient coadjuteur, avec droit de succession, en 1997, et il devient archevêque à la mort de Quarracino en 1998. Il est créé cardinal par le pape Jean-Paul II le 21 février 2001.

Il est remarqué par les membres du synode des évêques à Rome en 2001, où il remplace au pied levé le rapporteur général, un cardinal américain rappelé d’urgence aux Etats-Unis. En 2007, à Aparecida au Brésil, il est élu président de la commission de rédaction du document final de la Vème assemblée générale du Conseil épiscopal latino-américain.

En 2011, atteint par la limite d’âge de 75 ans, il présente sa démission au pape Benoît XVI, qui lui demande de rester en fonction. Après la démission de Benoît XVI le 11 février 2013, il est élu Successeur de Pierre, évêque de Rome, le 13 mars 2013, et prend le nom de François en mémoire de saint François d’Assise, très proche des pauvres.

Pape François

Le Pape François a été immédiatement accepté grâce à son style. Il parle comme tout le monde et se veut proche des gens. Il refuse le décorum. Il réside dans un appartement de la Maison Sainte-Marthe dans la Cité du Vatican. Il prend ses repas dans la salle à manger prévue pour tous les hôtes de passage, qui résident pour un temps à la Maison Sainte-Marthe. J’en suis témoin.

Le premier voyage du Pape a lieu en juillet 2013 à Lampedusa, une île entre la Sicile et la Tunisie, où échouent quantité de migrants venant de l’Afrique. Il rappelle le sort que réserve aux migrants la Méditerranée, devenue un immense cimetière pour des pauvres de l’Afrique et de l’Asie.

Le Pape a pris en main le gouvernement de l’Église, comme Successeur de Pierre

Immédiatement, il constitue un conseil de cardinaux représentant tous les continents. Il les convoque plusieurs fois par an. Ce sont ces cardinaux qui ont permis la réforme de la Curie Romaine. Le document final est de 2022. Le Pape a nommé des personnes laïques, des hommes et des femmes, à des postes importants, que ce soit dans les dicastères, les organismes économiques ou dans le fonctionnement de la Cité du Vatican. Le système de la communication a été complètement transformé.

Le Pape François a poursuivi l’action de Benoît XVI pour le nettoyage complet des transactions financières de la Cité du Vatican. Il s’est fait aider par de grands spécialistes intègres et compétents. Aujourd’hui, les institutions financières européennes sont satisfaites du travail accompli en ce domaine. Le blanchiment d’argent est terminé. Des comportements suspects ne sont plus tolérés. Même un cardinal a dû passer en jugement et a été condamné à des années de prison.

Le Pape François a poursuivi l’action de Benoît XVI à propos des abus sexuels dans l’Église. Il a fait modifier un livre du Code de Droit Canonique pour poursuivre les abuseurs présumés; il a fait démissionner plusieurs évêques; il a reconduit à l’état laïque plusieurs évêques, des prêtres et même un cardinal.

Le Pape exerce de plein droit le ministère apostolique, comme Successeur de Pierre et évêque de Rome

Le Pape François a donné les clés de l’exercice de son ministère dans l’exhortation apostolique: La joie de l’Évangile en novembre 2013. Il veut une transformation missionnaire de l’Église qui va aux périphéries existentielles, qui est en sortie. Il met le doigt sur la crise de l’engagement communautaire, les tentations des agents pastoraux. L’annonce de l’Évangile est le fait de tout le peuple de Dieu. L’évangélisation a une dimension sociale. Pour le Pape, la foi suppose un témoignage qui a des conséquences sur la vie en société.

Le Pape François a convoqué deux assemblées synodales sur la famille, en 2014 et en 2015. Il en est sorti un document qui situe à sa juste place l’annonce de l’Évangile auprès des familles qui ont plusieurs configurations différentes. Il donne des clés pour accompagner des situations dites irrégulières. La joie de l’amour, du 19 mars 2016, est le résultat des deux assemblées synodales. Lors d’une de mes rencontres rapides avec le Pape, il m’avait dit: faites connaître La joie de l’amour. Ceux qui lisent Église de Tournai savent que je l’ai fait.

Le Pape François a proposé un jubilé extraordinaire de la Miséricorde, une Année Sainte, du 8 décembre 2015 au 20 novembre 2016. La Miséricorde intervient dans la pastorale quotidienne du Pape, du début jusqu’à la fin de son pontificat. Il n’a cessé de nous inviter à pardonner, à réconcilier, à faire la paix. C’est dans la miséricorde que nous trouvons le vrai visage de Dieu. Nous sommes aujourd’hui le dimanche de la Divine Miséricorde. Rendons grâce au Seigneur de nous avoir donné le Pape François qui a insisté tellement sur cet aspect de l’Évangile.

Le 24 mai 2015, le Pape François publie l’encyclique Loué sois-tu, mon Seigneur, sur la sauvegarde de la Maison Commune. Ce document, original de la part d’un Pape, sort peu de temps avant une réunion internationale sur le climat, qui a lieu à Paris. L’état de la question et les suggestions d’action du texte sont unanimement appréciées. On sent que de grands experts en la matière ont été consultés.

Le 12 février 2016, il signe un document avec le patriarche Cyrille de Moscou, lors d’une visite pastorale à Cuba.

Le 19 mars 2018, le Pape livre une réflexion sur deux ennemis subtils de la sainteté: le gnosticisme et le pélagianisme, dans l’exhortation Soyez dans la joie et l’allégresse. Il décrit une sorte de vie spirituelle sans Dieu, ni chair, une série de réflexions, d’idées. Et, d’un autre côté, on compte sur sa volonté propre, ses aptitudes personnelles et pas sur la volonté de Dieu pour mener sa vie.

Le Pape François convoque une nouvelle assemblée synodale sur les jeunes en octobre 2018. Le texte rédigé est Il vit, le Christ, publié le 25 mars 2019.

Le 4 février 2019, il signe avec le grand imam d’Al Azhar un document sur la fraternité humaine, lors d’une visite pastorale aux Émirats Arabes Unis. Un signe supplémentaire du dialogue avec le monde musulman.

Dans le prolongement de l’encyclique sur l’écologie, le Pape convoque une assemblée synodale sur l’Amazonie en octobre 2019. Il en sort le document Chère Amazonie, le 2 février 2020. Le Pape n’était pas du tout satisfait des interpellations qui lui avaient été envoyées sur la possibilité d’ordonner des hommes mariés. Cela n’avait rien à voir avec l’écologie, le thème prévu pour le synode.

Le 3 octobre 2020, il publie l’encyclique Tous frères, une réflexion sur l’unité du genre humain, un plaidoyer pour sortir d’un monde fermé aux migrants, aux pauvres, aux fragiles pour entrer dans un monde ouvert, où on construit la paix. Ici encore, la réflexion du Pape permet de comprendre la signification du politique dans le déroulement de l’histoire du monde. J’ai eu l’occasion de présenter cette encyclique aux évêques d’Afrique centrale en juillet 2022. Elle rejoint effectivement la perception que l’on peut avoir du réel dans des régions où règne la guerre à l’est de la République Démocratique du Congo.

Le 29 juin 2022, le Pape fait le point sur la liturgie, telle que certains groupes la proposent en réaction contre l’enseignement du concile Vatican II. Le texte a comme titre: J’ai désiré d’un grand désir.

Le 24 octobre 2024, le Pape publie l’encyclique Il nous a aimés, afin de situer dans la vie spirituelle, la foi de l’Église, l’amour du Christ pour l’humanité, tel qu’il est présenté dans le Sacré-Cœur de Jésus.

Mais, ce qui a attiré l’attention de toute l’Église et de quelques médias, c’est l’impulsion donnée par le Pape au vivre en Église, une Église synodale, entre 2021 et 2024. Les diocèses, les conférences épiscopales, les conférences épiscopales continentales ont été consultés. Deux assemblées synodales, composées aussi de personnes laïques, ont été convoquées. Le Pape a aussi donné des projets à réaliser pour les années qui viennent. Communion, participation et mission sont les trois termes pour progresser dans cette démarche synodale.

Lors de sa visite pastorale en Belgique, en septembre 2024, le Pape François a donné trois mots pour devenir disciples-missionnaires: évangélisation, joie et miséricorde. Nous retrouvons ce qu’il n’a cessé de nous dire pendant douze ans.

Merci, Très Saint Père, pour la manière dont vous avez affermi la foi de vos frères et sœurs. À chaque rencontre, vous avez demandé: Priez pour moi! C’est ce que nous faisons pour vous, aujourd’hui.

+ Guy Harpigny,
Évêque de Tournai

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