L’expérience du «Dimanche en paroisse» à Frameries-Quévy
Depuis plusieurs années, nous vivons de belles liturgies de messes des familles, mais nous voulions proposer autre chose en plus, qui laisserait à Dieu l’occasion de toucher plus directement ses enfants par sa tendresse et sa force; et une rencontre qui serait également abordable à ceux pour qui l’eucharistie est peu accessible. En lisant le livre Changer, guide pratique et passionné pour des paroisses transformées, nous avons eu l’idée du « Dimanche en paroisse » pratiqué dans quelques paroisses françaises comme celle de Dinard. Après un temps d’espionnage pastoral, nous avons osé l’expérience chez nous, et après trois éditions je voudrais ici partager quelques beaux fruits.
La visée est avant tout missionnaire : permettre au plus grand nombre d’approcher le coeur de Dieu, de vivre de l’intérieur ce que peut être le salut, en leur offrant une expérience de prière portée par la communauté paroissiale. La messe de 11h est avancée à 9h30, afin que les paroissiens confirmés puissent vivre l’eucharistie et ensuite accueillir tous leurs « invités » : les familles de la catéchèse, les fiancés et mariés des années précédentes, les personnes rencontrées lors d’autres activités pastorales ou de solidarité, des voisins, des amis, des enfants ou petits-enfants qui ont décroché de la pratique, etc. La publicité est relayée sur les réseaux sociaux autour d’un thème qui concerne la vie concrète d’un point de vue spirituel. Cette fois c’était : « Dieu, es-tu là quand je souffre ? » Auparavant, nous demandons à beaucoup de personnes de prier pour l’événement, spécialement les malades et les plus âgés. Ils sont notre logistique spirituelle.
Des expériences de conversion
Dès 10h30, une équipe d’accueil sert le café au fur et à mesure des arrivées, en faisant en sorte que tous soient accueillis personnellement. À 11h pile, nous entrons dans la louange, entraînés par une chorale créée pour l’occasion et des chants de Glorious ou autres. Puis une équipe de paroissiens prend en charge les enfants dès 3 ans, afin que les parents aient l’esprit et le coeur plus disponibles. Un évangile choisi selon le thème est proclamé (cette fois, Jn 12, Jésus choisissant de vivre sa Passion et comparant sa mort au grain de blé tombé en terre).
Deux témoins partagent en 5 minutes chacun une expérience de conversion, et cela est repris en un bref enseignement, faisant entrer dans la prière en mettant chacun devant le Seigneur. Nous voilà introduits à l’avant-dernier temps, où des démarches personnelles sont possibles : déposer une demande formulée sur un papier dans un panier au pied de la croix ; demander l’intercession d’un frère, d’une soeur de la paroisse (six ou sept écoutants choisis, qui prient brièvement avec celui qui le demande) ; recevoir un « pain de la Parole » comme nourriture pour la route. Ces démarches permettent à chacun de s’adresser personnellement à Dieu tout en étant porté par la communauté. Quand les enfants reviennent 20 minutes plus tard, nous concluons avec le Notre Père, une présentation de ce qu’ils ont découvert et le chant à Marie. Après quelques annonces, l’apéro est servi sur des tables « mange-debout » réparties dans l’église, afin de favoriser la rencontre et éviter l’effet « lutte pour la survie » autour de la table de service. Nous veillons à ce que l’apéritif commence à 12h20, afin que les familles soient libres de continuer leur journée.
Touchés au coeur
Je suis enthousiasmé par l’expérience de communion que nous pouvons vivre. L’équipe porteuse est assez large et tous ceux qui veulent peuvent y trouver une place. L’Esprit Saint nous donne la joie de nous mettre au service d’un projet qui mobilise la symphonie des talents de beaucoup. Entre paroissiens, nous nous appuyons les uns sur les autres comme les pierres vivantes dont parle saint Pierre (1 P 2,5). Jésus est au centre, comme la « pierre d’angle », ce qui nous permet de renoncer parfois à certaines vues propres pour adhérer à une vision plus commune et porter vraiment du fruit ensemble. Ça, c’est l’Église comme je l’aime !
Je vois les coeurs touchés ce qui se vérifie sur les visages, tant des paroissiens habitués que des nouveaux venus. La prière de tous les priants que nous mobilisons est déterminante. Les paroissiens peuvent devenir plus facilement missionnaires, d’abord parce que leur coeur est renouvelé par ce contact avec Dieu et ensuite parce qu’ils peuvent proposer ce type de rencontre à ceux qui ne s’y retrouveraient pas dans la messe. Encore une fois, « Dieu a visité son peuple » (Lc 7,16) et nous l’avons senti. Maintenant, nous nous demandons comment proposer un parcours cohérent à ceux qui souhaitent approfondir. Prochaine édition dimanche 5 octobre à 10h30 !
Abbé Christophe Cossement