Les 850 ans de la dédicace de la cathédrale Notre-Dame de Tournai ont été célébrés sous le soleil. Mais c’est à l’abri des rayons de l’astre que Baudouin Ier et Radbod II reposent désormais.
Deux caisses en bois, portant seulement chacune une croix et une plaque d’identification : c’est dans une grande simplicité que les restes des deux évêques morts voici mille ans – et découverts en 2006 lors des fouilles dans le cadre de la restauration – ont trouvé dans le déambulatoire de la cathédrale une demeure digne de leur ministère.
Simple aussi fut, ce dimanche 9 mai 2021, la cérémonie de ré-inhumation. Vu les conditions sanitaires, elle s’est déroulée devant une poignée de participants « en présentiel ». Parmi ces invités triés sur le volet, on reconnaissait le bourgmestre de Tournai Paul-Olivier Delannois, le gouverneur du Hainaut Tommy Leclercq, le député provincial Serge Hustache, le ministre-président wallon Elio Di Rupo, le ministre wallon Jean-Luc Crucke…
Heureusement, beaucoup d’autres personnes ont pu bénéficier de l’événement « en distanciel » grâce à la télé locale No Télé. Un écran géant avait été installé sur la place de l’Evêché où ont pu se rassembler les cinquante invités de Mgr Harpigny. Et l’émission pouvait être captée à domicile grâce à la télévision et internet. Le tout avec des commentaires du professeur Raymond Brulet, qui a dirigé les fouilles au cours desquelles les deux corps ont été exhumés.
La cérémonie a été précédée d’une eucharistie solennelle célébrée par l’Evêque et cinq chanoines du chapitre, 850 ans jour pour jour après la dédicace de la Cathédrale, le 9 mai 1171.
« Dans le monde à venir, les lieux de culte n’existeront plus »
Dans son homélie, Mgr Harpigny a dégagé le sens d’un tel lieu : « Il est aisé de comprendre que les lieux où les chrétiens se rassemblent pour écouter la Parole de Dieu, pour participer à la table de l’Agneau de Dieu, ne sont que provisoires. Ils sont de ce monde. Dans le monde à venir, il n’y aura plus de lieux où Dieu vient faire sa demeure. C’est Dieu lui-même qui demeurera avec les hommes ; les lieux de culte n’existeront plus. C’est dans cet esprit que nous célébrons aujourd’hui les 850 ans de la consécration de la cathédrale de Tournai. Un lieu de culte, où l’assemblée des disciples du Christ vient écouter la Parole de Dieu et participer au repas du Seigneur, l’Agneau de Dieu, le Christ mort et ressuscité ; un lieu où l’assemblée des disciples du Christ se laisse imprégner par l’Esprit Saint pour devenir un temple spirituel, des pierres vivantes dont le Christ est la pierre angulaire. »
Rendre grâce à Notre-Dame
Au fil des vingt minutes de son intervention, l’Evêque de Tournai a aussi brossé le tableau de huit types d’expériences que nous pouvons faire dans ce temple de pierre : l’admiration devant les générations de constructeurs, un sentiment d’éternité, l’acte de foi incarné dans la liturgie, l’accueil des catéchumènes, une attention renouvelée envers le patrimoine, le rayonnement culturel, l’accueil des touristes, la prière auprès de la Vierge Marie.
C’est d’ailleurs en se tournant vers la statue de Notre-Dame que les participants ont terminé la célébration en priant le « Salve Regina ». Et dans son discours, Bernard Pannier, président de la fabrique d’église, a fait mémoire des millions d’hommes et de femmes qui, au fil des siècles, ont confié leurs intentions à Notre-Dame en lui rendant grâce. Et de louer la « finalité existentielle » de la Cathédrale.
Le dernier moment de la célébration, avant la cérémonie de ré-inhumation, était inattendu : Mgr Harpigny a fleuri par Léna, la sacristine. Une manière de montrer qu’une cathédrale vit grâce à de nombreuses personnes, chargées de différentes tâches. Certaines sont dans l’ombre, d’autres dans la lumière…
Hubert Wattier