Te Deum du 21 juillet 2021 – Cathédrale de Tournai
Depuis le mois de mars 2020, la Belgique est traversée par des épreuves qui touchent les personnes dans leur santé, dans leur chair, dans leur existence. Le covid-19 nous a imposé d’autres manières de vivre, quand nous restions en bonne santé. Mais ceux que le covid-19 a atteints l’ont parfois payé de leur vie, ou ont pu se rétablir en gardant des séquelles irrémédiables. Beaucoup de familles déplorent un ou plusieurs décès. Malgré les progrès scientifiques indéniables, la prudence élémentaire continue à s’imposer. Tout au long de cette pandémie, qui n’a pas encore dit son dernier mot, le roi Philippe et la reine Mathilde, les membres des deux gouvernements fédéraux (Wilmès et De Croo), les membres des gouvernements des entités fédérées ont, en concertation avec le monde scientifique et bien d’autres instances, accompagné les vagues successives de confinement et de déconfinement. Nous sommes pleins de reconnaissance envers eux et aussi envers les responsables des provinces et des entités communales. Nous avons la chance de vivre dans un Etat de droit dans lequel chacun prend ses responsabilités.
Durant les soubresauts de cette pandémie, nous devons un immense merci au monde de la santé, qui a sans cesse veillé à accompagner les personnes fragilisées par le covid-19. Nous avons la chance de vivre dans un pays où les soins de santé sont aux mains de personnes compétentes au plan scientifique, aux mains de personnes qui font preuve d’humanité.
Lorsque nous élargissons notre regard vers l’Europe, vers les autres continents, nous nous rendons bien compte qu’il y a encore d’immenses chantiers à mettre en œuvre de telle sorte que cette pandémie mondiale soit un jour maîtrisée. L’échange de compétences, les projections budgétaires, le partage des vaccins et des médicaments sont des domaines où il nous faudra sans doute progresser davantage.
Nous pensions que nous pourrions vivre des moments paisibles, tout en appréhendant une quatrième vague, lorsque, subitement, des pluies abondantes ont frappé une bonne partie du territoire belge, une partie de l’Allemagne, des Pays-Bas et d’autres régions européennes. Le coup a été brutal. Des familles, des personnes seules ont tout perdu. Certains ont perdu la vie ; d’autres sont encore déclarés disparus. Imaginons l’angoisse, le désarroi, la peur de l’avenir quand on a tout perdu : la maison, les meubles, l’électroménager, les souvenirs des parents, des enfants, les photos, les vidéos, les bagues de fiançailles qui témoignaient du bonheur passé. Plus rien ! Nous n’avons plus rien ! Les familles qui vivent du commerce ou qui ont une entreprise ne savent même pas quand elles vont pouvoir reprendre pour tout simplement vivre, avoir de l’argent pour vivre.
En cas de catastrophe, les habitants de notre pays sont toujours à la hauteur. La solidarité a été immédiate. Nous savons que les membres des différents gouvernements sont, eux aussi, à la hauteur. Le roi et la reine n’ont pas cessé d’écouter les personnes sinistrées. Devant l’ampleur des dégâts, nous nous rendons bien compte qu’il faudra du temps, de l’argent, des projets nouveaux pour que toutes les victimes des intempéries puissent retrouver un peu de bonheur. Nous sommes persuadés que chacun comprendra les exigences nouvelles dans les multiples projets mis en route pour le bien commun.
Chacune, chacun, selon ses convictions se sent solidaire, aussi dans son être intérieur. Certains prient, d’autres partagent un geste, d’autres encore disent leur amitié, leur compassion. Nous avons la chance de vivre dans un pays où chacun peut avoir des convictions personnelles, où chacun peut les exprimer en respectant celles des autres, où chacun n’a pas à juger celles des autres dans la mesure où elles sont au service du bien commun, du vivre-ensemble.
Je termine ce petit mot en évoquant, sans juger personne, la souffrance de personnes qui vivent dans notre pays depuis de longues années, sans avoir eu l’occasion d’être, comme on dit, en ordre de papiers. Nous savons tous que la question des migrants et des réfugiés est compliquée. S’il y avait une solution évidente, on l’aurait déjà appliquée. Espérons que les personnes qui sont élues pour servir le bien de tous puissent trouver des procédures pour arriver à un résultat satisfaisant. Nous-mêmes, n’oublions pas que, devant des situations aussi désespérées, nous ne sommes pas des spectateurs mais aussi des acteurs.
+ Guy Harpigny,
Évêque de Tournai