Une lumière dans les Ténèbres : le cierge pascal
De la Veillée Pascale à la Pentecôte, il trône dans nos églises, à proximité de l’autel. Le reste de l’année, il est placé près des fonts baptismaux ou, lors des funérailles, au plus près du défunt. Joliment décoré, il ne s’allume que lors du temps pascal, pour les baptêmes et les funérailles. Que savez-vous du cierge pascal ?
La lumière tient une place de choix dans le symbolisme religieux. Dans les religions antiques comme dans la religion juive, elle tient une place prépondérante. Il n’est donc pas surprenant qu’elle soit si importante dans la liturgie chrétienne.
Dès le IIe siècle, chez les chrétiens, les flambeaux et lampes à huile étaient utilisés pour la prière du soir, que l’on appelle alors lucernaire. Dans les siècles suivants, l’usage des luminaires s’est étendu : lors des processions de funérailles et sur les tombes, devant les reliques et images saintes. Par la suite, le lucernaire a évolué pour devenir les Vêpres que nous connaissons. Il est également à la base, lors de la Veillée pascale, de la bénédiction du Feu nouveau et du Cierge pascal, dont l’origine remonte au IVe siècle environ. Le chant qui accompagne sa bénédiction et sa procession vers le sanctuaire, appelé Exultet, remonte aussi à cette époque. C’est un « antique condensé lyrique de la joie pascale », nous dit Dom Robert le Gall dans son Dictionnaire de Liturgie.
Le Feu nouveau, symbole du Ressuscité
Lors de la veillée pascale, un feu est allumé à l’extérieur de l’église. Ce feu « symbole du Christ ressuscité, lumière qui a jailli de la nuit », est béni avant que n’y soit allumé le cierge pascal. Porté par un diacre entonnant l’Exultet, il rejoint ensuite l’église suivi de toute l’assemblée. Par trois fois, le diacre marquera un arrêt pour proclamer « Lumière du Christ ». Les participants allument ensuite leur propre cierge à la flamme du cierge pascal. Petit à petit, de cierge en cierge, la lumière se transmet et s’étend, transperçant l’obscurité de la nuit.
Afin de rappeler qu’il représente le Christ, le cierge pascal comporte habituellement plusieurs symboles : les lettres grecques Alpha et Oméga – rappelant une citation de l’Apocalypse – et une croix (ou parfois, une autre représentation symbolique comme un agneau ou un soleil). Cinq grains d’encens peuvent aussi être incrustés dans le cierge lors de sa bénédiction, représentant les cinq plaies du Christ. Enfin, le cierge porte les chiffres de l’année en cours lors de sa bénédiction.
La composition même du cierge pascal n’est pas anodine : normalement, il doit être fait de cire d’abeille. Dans l’Encyclopédie Catholique, citée par le site Aleteia, il est indiqué : « La cire pure extraite des fleurs par les abeilles évoque la chair pure du Christ reçue de la Vierge, sa mère. La mèche symbolise l’âme du Christ et la flamme représente sa divinité ».
Signe d’espérance
Durant les cinquante jours qui suivent la Veillée pascale – le temps pascal –, le cierge pascal sera allumé lors de toutes les célébrations avant d’être éteint le soir de la Pentecôte. À partir de ce moment, il ne sera allumé que lors des baptêmes et des funérailles.
Lors des célébrations de baptême, un cierge allumé au cierge pascal est en effet remis aux baptisés. « Devenez la lumière du Christ », dit alors le prêtre. Lors de son audience générale du 16 mai 2018, le pape a ainsi expliqué ce moment : « Ces paroles nous rappellent que la lumière, ce n’est pas nous, mais que c’est Jésus-Christ (Jn 1,9 ; 12,46), qui, ressuscité des morts, a vaincu les ténèbres du mal. Nous sommes appelés à recevoir sa splendeur ! De même que la flamme du cierge pascal donne la lumière à chaque petit cierge, de même l’amour du Seigneur Ressuscité enflamme le cœur de chaque baptisé, le comblant de lumière et de chaleur. C’est pourquoi, aux premiers siècles, on appelait également le baptême « illumination » et celui qui était baptisé, « l’illuminé ». »
Au moment des funérailles, des cierges placés autour du cercueil du défunt sont allumés par le prêtre ou par des proches avec la flamme du cierge pascal. C’est un symbole de l’espérance dans le Christ Ressuscité.
Au sein de nos églises, le cierge pascal est le symbole de la présence du Christ Ressuscité parmi nous.
Marie Lebailly
Pour aller plus loin
- CHAYLARD Christiane, « Fleurir le cierge pascal » (site Liturgie et Sacrements)
- PINARDEL-MINIER Agnès, « L’Exultet, chanter l’événement pascal » (site Liturgie et Sacrements)
Bibliographie
BOURDON Marcel et TONNELIER Constant, « Le cierge pascal en la nuit sainte de la Pâque » sur le site Liturgie et Sacrements (Consulté le 07/04/2022)
KERRIEN Serge, « Lumière et flambeaux dans la liturgie » sur le site Liturgie et Sacrements (Consulté le 07/04/2022)
KOSLOSKI Philip, « Tout ce que vous devez savoir sur le cierge pascal » sur le site Aleteia (Consulté le 07/04/2022)
LE GALL Robert (Dom), « Cierge pascal », dans Dictionnaire de Liturgie, éd. CLD (Consulté le 07/04/2022)
LE GALL Robert (Dom), « Feu », dans Dictionnaire de Liturgie, éd. CLD (Consulté le 07/04/2022)
PAPE FRANÇOIS, Audience générale du 16 mai 2018 (Consulté le 07/04/2022)