Messe chrismale à Mouscron: entre joie et gravité

Messe chrismale à Mouscron: entre joie et gravité

Après deux années marquées par la crise sanitaire, le diocèse de Tournai a enfin pu vivre une messe chrismale « normale », le mardi 12 avril 2022. L’église du Bon Pasteur à Mouscron était archicomble pour une célébration où joie de faire communauté et communion avec le peuple ukrainien n’ont cessé de s’entremêler…

À l’issue de cette messe chrismale, les avis étaient unanimes auprès des prêtres, des diacres, des fidèles venus en nombre ou encore auprès de ceux qui y ont participé en direct via YouTube : quelle magnifique célébration ! Il faut dire que les Mouscronnois et le doyen Michel Vermeulen attendaient depuis deux ans d’accueillir cet événement diocésain majeur, alors ils ont eu le temps de soigner les détails. Une église sobrement et élégamment décorée, une chorale enthousiaste et chaleureuse, une équipe prévenante et accueillante, des moyens techniques discrets et efficaces. Le moment était tellement attendu qu’il était difficile pour celles et ceux qui n’étaient pas arrivés avec un peu d’avance de trouver une chaise encore libre.

Ce qui marque les esprits, lors de ce rendez-vous annuel ancré au cœur de la Semaine sainte, c’est tout d’abord le cortège de dizaines de prêtres et de diacres entrant dans l’église et qui semble s’égrener sans fin. Derniers à se présenter, les doyens principaux du diocèse et les membres du Conseil épiscopal entouraient cette année Mgr Hlib Lonchyna, administrateur apostolique de l’éparchie Saint-Volodymyr le Grand à Paris, spécialement invité par l’évêque Guy Harpigny afin de lui manifester la communion du diocèse avec le peuple de l’Ukraine, durement éprouvé par la guerre.

Mais la beauté de la messe chrismale tient aussi à son caractère rassembleur, faisant converger des fidèles venus de tout le Hainaut vers un seul lieu, le temps d’une célébration à la fois priante et festive au cours de laquelle on se retrouve, on échange, on partage. Des aspects bien présents à Mouscron malgré la gravité de la période vécue en Europe de l’Est.

« Où est Dieu dans cette tragédie ? »

Avant de prononcer son homélie, Mgr Guy Harpigny a voulu donner la parole à son invité ukrainien. « Aujourd’hui, mes pensées vont spécialement à notre peuple en Ukraine, aux prêtres qui y sont restés, qui n’ont pas quitté leurs brebis », a lancé avec émotion Mgr Hlib Lonchyna. « Cette guerre est injuste et cruelle. Ce n’est pas seulement une guerre contre le peuple ukrainien mais contre l’Humanité, cette guerre veut la destruction de l’Homme. Certains se demandent ‘Mais où est Dieu, dans cette tragédie ?’ Dieu n’est pas dans l’intention de ceux qui détruisent. Dieu est avec les pauvres, avec les souffrants. Je remercie l’évêque et je vous remercie pour votre soutien, car c’est ce qui peut nous aider, pas les armes. »

Mgr Harpigny, lui, est longuement revenu sur le rôle de chaque baptisé dans l’Église, insistant sur la place des laïcs, sur la collaboration nécessaire entre tous, sur les dangers du cléricalisme. « C’est en s’appuyant sur le sacerdoce baptismal de tous que le Pape François a demandé de participer à un synode en plusieurs étapes. Je suis étonné d’apprendre que des diplômés en théologie catholique veulent ignorer ce sacerdoce baptismal, en le dénigrant comme une des idées non fondées du Saint-Père. »

Pour notre évêque, le sacerdoce ministériel ne consiste pas à « s’attribuer tous les pouvoirs de gouvernance pour mettre des communautés chrétiennes au pas, à ses ordres. Il s’agit encore moins de s’attribuer toutes les charges à soi tout seul, en arrachant dès que possible tel pouvoir à l’évêque, en demandant sans cesse des exceptions pour réaliser seul, sans coopération avec quiconque, l’ensemble de la mission de l’Église. »

Engagements renouvelés et bénédiction des huiles

La rénovation des promesses sacerdotales et diaconales est l’un des moments forts de la messe chrismale. Le vicaire général Olivier Fröhlich a commencé par annoncer les prêtres et les diacres jubilaires, particulièrement nombreux puisque ces anniversaires concernaient aussi les années 2019, 2020 et 2021. Puis, Mgr Harpigny a invité les uns et les autres à renouveler les engagements pris lors de leur ordination, 70 ans plus tôt pour certains…

Mais la raison première de la célébration chrismale est évidemment la bénédiction des huiles par l’évêque : l’huile des malades, destinée au sacrement des malades ; l’huile des catéchumènes, qui permettra à ceux-ci de recevoir intelligence et énergie afin de s’engager dans les luttes de la vie chrétienne ; le Saint-Chrême, utilisé dans les rites de la confirmation, de l’ordination sacerdotale et épiscopale. « Dans la culture méditerranéenne de l’Antiquité, l’huile servait à des usages multiples, tous bons, et passait pour être un précieux don du ciel ; elle était aliment, fortifiant et médicament. (…) L’onction d’huile symbolise l’union avec la force et la plénitude divines », a-t-il été expliqué à l’assemblée avant la bénédiction.

Comme un moment de grâce et d’intense émotion, des chants ukrainiens d’une grande douceur sont alors venus accompagner la suite de la liturgie. Parce que parfois, les mots sont impuissants face à trop de souffrance. Mais la musique, elle, peut tenter de l’apaiser, le temps de quelques notes qu’on laisse s’envoler…

Agnès MICHEL

Captation et diffusion assurées par Sonostradamus

Toute la célébration en photos

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