La famille et les accidents du quotidien…

La famille et les accidents du quotidien…

« Les familles : école de vie ou de perfection ? » L’analyse de Jean-Michel Longneaux remet l’éducation et notre rêve d’être de bons parents en perspective. C’est quoi, être un bon parent ?

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Tous ceux qui ont des enfants ont sans doute imaginé un jour quel bon parent ils voulaient être. 15 ou 20 ans après, les rêves de patience, de compréhension, de complicité ont fait long feu, ils ont dû se frotter à la réalité, à nos limites, au quotidien. « Si on veut être parfait, on se prépare un enfer », prévient le conférencier. « On se sentira toujours mis en échec, cela peut nous conduire à être démobilisé, à se sentir coupable et on risque de le faire payer à son enfant. »

Quand on punit un enfant, si on y réfléchit bien, est-ce vraiment pour la bêtise commise ou parce qu’on s’en veut d’avoir perdu le contrôle ? La punition est-elle éducative ou vise-t-elle avant tout à nous permettre de reprendre le pouvoir, le pouvoir d’un parent qui sait tout ? « Se libérer de ce désir de toute puissance, pour se sentir ‘à la hauteur’, c’est se libérer soi et libérer nos enfants de devoir nous confirmer sans cesse qu’on est un bon parent, les libérer de notre propre délire. Il faut sortir de l’école de la perfection, apprendre à aimer le parent que je suis, avec mes limites. »

Pour ça, il faut sans doute aussi renoncer au désir qu’on se comprenne tout le temps, qu’on partage forcément les mêmes valeurs. Ne pas enfermer nos enfants dans ce qu’on voudrait qu’ils soient. « Nos enfants ne se résument pas à l’amour qu’on leur porte et à ce qu’on sait d’eux ; ils nous échappent, ils ne nous appartiennent pas. » Pour Jean-Michel Longneaux, une des clés est d’accepter sa propre « solitude » : « Même dans des relations privilégiées, l’autre ne cesse de m’échapper, je n’arrive à toucher de l’autre que l’expérience que j’ai de lui. Accepter cette ‘solitude’, c’est libérer les autres de sa peur d’être abandonné. »

Une réflexion percutante et passionnante qui dépasse sans aucun doute les seules relations parent-enfant et qui peuvent nous aider à poser un autre regard sur tous les liens de notre vie.

Famille et catéchèse

Dans une table ronde, Henri Deroitte, lui, s’est penché sur la place des familles dans la catéchèse. Auparavant, les rôles portés par les familles et la catéchèse étaient bien séparés. En matière de rencontre des familles, la catéchèse s’en tenait à leur accueil en début d’année, pour leur présenter le projet préparé pour catéchiser les enfants. Aujourd’hui, après deux synodes romains sur la famille (en 2014 et 2015) et l’exhortation Amoris Lætitia qui a suivi, le regard sur la place des familles dans l’Église a beaucoup évolué et implique de nouveaux liens entre familles et catéchèse.

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L’enjeu ? Conclure avec les parents une forme de « pacte » pour une éducation intégrale des enfants, ce qui sous-entend de développer en amont une pastorale de la visite des familles et de l’écoute des parents. Une façon d’envisager avec eux leurs attentes par rapport à l’Église afin d’éveiller leur enfant à toutes les dimensions de son être, y compris la vie spirituelle. Il sera alors question d’accompagnement de ces familles, de toutes ces familles, dans la bienveillance, le dialogue confiant, pour être ensemble « familles et communauté » au service de l’éducation des jeunes.

A.M. (avec Christine Merckaert)

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