Les diacres ont découvert la spiritualité de Madeleine Delbrêl

Les diacres ont découvert la spiritualité de Madeleine Delbrêl

Du 7 au 10 août 2023, les diacres de notre diocèse ont vécu leur retraite spirituelle annuelle à l’abbaye de Scourmont. Elle a été animée par le Père Raphaël Buyse, sur le thème de la spiritualité de Madeleine Delbrêl. Retour sur ces quelques jour avec Angelo Macchia.

Une de mes petites-filles m’a demandé « Que vas-tu faire à Scourmont ?» J’ai essayé de lui expliquer ce qu’est une retraite. Et surtout qui sera l’animateur cette année ?

Le Père Raphaël BUYSE ? Un Etna en ébullition…fumées blanches, fumées noires… Écrivain, prêtre, animateur spirituel, accompagnateur de la pastorale de la santé, fut responsable de la pastorale des jeunes du diocèse de Lille, 15 ans, puis curé du Vieux Lille, co-fondateur de la Fraternité des Parvis, fondée il y a plus de 20 ans.

Un auteur prolifique

Ses livres : « Croisière dans un bénitier », « Lumières de Noël » et « La cendre avant le feu »  « Autrement Dieu », qui a remporté le 13e prix du livre de spiritualité Panorama-La Procure. « Autrement l’Evangile ». « Toute cette foule dans notre cœur » pour mieux connaître Madeleine. Son nouveau livre est co-écrit avec Chantal Lavoillotte, aumônier d’hôpital. Visitation(s) partage les témoignages dans le cadre de visites à l’hôpital.

Son livre de chevet, c’est bien sûr l’Évangile, mais aussi les écrits de Madeleine Delbrêl.

Voilà quelques années, il a passé un an dans le monastère bénédictin de Clerlande, en Belgique, et « J’ai découvert le silence, ce fut décisif ». Depuis 3 ans,  vivre des dimanches autrement à Merville. « Je rêve d’une Eglise où l’on raconte sa semaine avant de célébrer l’Eucharistie. »  Chaque deuxième dimanche du mois, à la Maison diocésaine de Merville, dimanche « Jaïre » avec le père Buyse  : de 9 h 30 à 14 h.

C’est tout ? non ! Il a aussi publié des vidéos :

Ouf ! …J’en oublie certainement…Et dire que certains se disent surchargés… !

Mais qu’en est-il de notre retraite des diacres de Tournai ?

Le Père Raphaël m’a immédiatement scotché ! Au début de chacune de ses interventions :

« Une petite Madeleine pour vous ? », humour qui fait du bien, pendant les quatre jours.

Parler de la vie et de la pensée d’une assistante sociale en terre communiste à Ivry avait de quoi intéresser l’ancien syndicaliste que je suis !

Expliquer ce qui se passe sur la barque de Pierre quand un homme les interpelle depuis la plage avait aussi de quoi m’intriguer et je ne fus pas déçu ! L’art du Père Raphaël est de mettre en parallèle la pensée de Madeleine avec l’Evangile et notre vie de diacre.

Ce n’est pas évident mais il le fait avec maestria.

Les étincelles que j’ai recueillies sont nombreuses et vivifiantes :

  • Quand Madeleine DELBRÊL et ses copines s’installent dans le quartier communiste, la vie va réapparaitre.
  • Père Raphaël nous mène en bateau avec Pierre et ses six compagnons qui vivent le drame de l’humiliation : de toute la nuit ils n’ont rien pris.
  • Ils vont pourtant être pris rompus puis bénis par Jésus, qui montre sa profonde humanité : « Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? »
  • À Charleroi on aurait plutôt dit « Qué fouteû d’gins ! »
  • Ainsi les disciples devront passer de l’humiliation à l’humilité.
  • Et nous, diacres, nous sommes aussi appelés, bénis et quelquefois rompus au cœur du mystère de l’Eucharistie, l’Eucharistie qui est l’aventure de notre vie.
  • La vie est dure ! On se dépense, on se fatigue, on se tue à la tâche…beaucoup sont épuisés dans l’Eglise.
  • Il y a des trucs qui m’uppercutent ! Maladies, catastrophes, guerres, violences quotidiennes, parfois ça m’aigrit aussi ! Jeu de mots, Me Cappello !
  • Pour nous, parfois le ministère nous aigrit : annoncer l’Evangile, et on n’y arrive pas, ça patine ! Et c’est humiliant pour nous diacres ! Nous sommes dans la même aventure que les 7 disciples dans la barque. Stérilité de notre action, nos efforts ne sont pas récompensés.      Pareil pour le responsable des vocations dans le diocèse.
  • Pareil pour les grands-parents qui n’ont pas su transmettre la foi et dont les petits-enfants ne sont pas baptisés…quelle humiliation profonde !
  • Pareil pour la paroisse d’avant qui tournait plein régime et aujourd’hui on n’arrive pas à être ce qu’on voudrait être.
  • Ici, une incise : St Paul dit dans sa lettre aux Romains, Rom 7, 15, « …ma façon d’agir, je ne la comprends pas, car ce que je voudrais, cela, je ne le réalise pas ; mais ce que je déteste, c’est cela que je fais. »
  • Alors ? Si ça ne marche pas, nous trouvons que c’est de la faute de quelqu’un d’autre. Voilà notre impuissance. Or, le filet vide n’est pas le dernier mot de Dieu !
  • Une expérience que les papas et les mamans ont vécue : le très jeune enfant qui apprend à marcher. Il doit lâcher la main de Papa et attraper la main de Maman…mais lâcher une main sans tenir l’autre est difficile, c’est un moment de fragilité…c’est l’heure de la main vide !
  • Accueillir le don de Dieu dans la réalité des choses, c’est là que le Christ est présent.
  • Le cas du jeune homme riche : il avait couru, il avait tout fait (j’étouffais…jeu de mots !) et Jésus lui dira « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. »  Donc fais des choses en moins, libère-toi, lâche les choses, accroche-toi à quelqu’un…
  • Pour l’Eglise, de même : se libérer, lâcher des choses, revenir à la source, l’Evangile !
  • Madeleine DELBRÊL nous dit : « Comme la langue arabe, les vrais signes de Dieu sont écrits à l’envers de notre écriture à nous ! »
  • L’homme est au centre de l’Evangile : « Le sabbat a été fait pour l’homme et non pas l’homme pour le sabbat ».
  • Nous sommes appelés à être la présence diaconale ou presbytérale de Jésus. Jésus est tout sauf un discoureur. Il est d’abord un écoutant.
  • Ecouter les rivières cachées dans le cœur des hommes et des femmes. 
  • Ne jamais prêter le flanc aux propos pessimistes, aux propos qui rabaissent. La parole qui tue : « On a toujours fait comme ça ! »
  • Jésus dit : simplifiez-vous la vie!Ne vous obstinez pas à toujours faire ou dire la même chose !
  • En se regardant les uns les autres les disciples prennent le risque de faire ce que Jésus demande.
  • La Parole de Dieu, partagée avec d’autres, nous recrée sans cesse.
  • « C’est le Seigneur ! » est le cri de Pâques.
  • Partager, se retrouver entre diacres et … boire un coup !
  • On a revisité « Manon des sources », une parabole du temps présent.
  • Un vrai berger ouvre la porte pour que les brebis puissent aller et venir… Il marche derrière son troupeau.
  • Parfois les prêtres sont pris pour des shamans !
  • Jésus aimait être à table…c’est pour ça qu’il est mort ! Et à table il y avait une place pour tous.
  • Notre vie, c’est un roman et dans ce roman il y a une lumière, une vie qui passe et dans cette vie coule quelque chose de plus grand que nous.
  • Einstein :« La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre. »
  • Ce qui plaît au Seigneur, c’est que l’homme soit bien dans son corps et dans sa tête. « Continue à vivre là où tu as été planté,… là où tu t’es planté ! »
  • Le Christ choisit de rafraîchir la vie. Et nous aussi. Ne soyons jamais accablants !
  • Il n’y a pas de plus bel homme que Jésus ! Ps 45,3.                              
  • En Jn 21, nous voyons le 1er brunch chrétien !
  • Pierre est coresponsable de la mort du Christ…
  • Et pourtant à cet homme abîmé, Jésus va redonner joie et confiance.
  • Au fond de nous, scruter le possible de l’amour. Jésus nous dit :
  • « Prends soin de tes frères. » Ainsi il nous faut vivre « à la Jésus. »
  • Pour suivre le Christ, il ne faut pas un cœur dur ou mou, il faut un cœur tendre.

Conclusion : écoutons la résonance de la Parole dans nos vies.

Angelo Macchia, diacre

© Copyright - ASBL Evêché de Tournai