Commission sur les abus : les évêques ont été auditionnés

Commission sur les abus : les évêques ont été auditionnés

Après les victimes et les responsables des points de contact de l’Eglise, les évêques belges ont été à leur tour auditionnés dans le cadre de la Commission spéciale sur les abus sexuels. Devant les parlementaires, NN.SS Luc Terlinden, Johan Bonny et Guy Harpigny ont renouvelé leur engagement à soutenir davantage le processus de reconstruction de toutes les victimes. En invitant l’ensemble de la société à faire de même, ce qui a passablement énervé certains membres de la Commission.

Commission sur les abus : les évêques ont été auditionnés ce vendredi

Mgr Luc Terlinden © La Chambre

Le vendredi 23 février, plusieurs évêques ont été entendus par la Commission parlementaire spéciale sur les abus. Après Mgr Van Looy, évêque émérite de Gand, et Mgr Patrick Hoogmartens, évêque de Hasselt dans la matinée, l’archevêque de Malines-Bruxelles et les deux évêques référendaires pour les abus dans l’Eglise sont intervenus devant les différents groupes parlementaires.

Dans un premier temps, Mgr Terlinden a renouvelé les excuses de l’Eglise à l’endroit de toutes les victimes et de leurs familles. Ensuite, Mgr Bonny et Mgr Harpigny ont fait un point sur ce que l’Eglise belge a mis en place pour accueillir les victimes d’abus, les écouter, leur apporter un dédommagement. Mgr Bonny a également déclaré que l’Eglise était prête à « collaborer à un plan de développement du soutien thérapeutique professionnel et à le rendre financièrement accessible« . Une porte ouverte, donc, à une possible contribution financière supplémentaire de l’Eglise.

Députés de la Commission d’enquête parlementaire © La Chambre

Un engagement renouvelé

L’évêque d’Anvers a ensuite témoigné de ce que « (nos) collaborateurs ne sont pas seulement en contact avec des victimes d’abus sexuels dans un contexte pastoral. Bien plus nombreuses sont les victimes qui viennent nous raconter des histoires d’abus, généralement des faits prescrits depuis longtemps, dans leur cercle amical ou familial, dans un groupe sportif, dans un programme de formation ou de conseil. » Il a dès lors lancé un appel à la Commission parlementaire : que des structures d’accueil puissent être mises en place pour toutes ces victimes qui n’ont nulle part où raconter leur histoire…

Mgr Bonny « fatigué » des reproches adressés à l’Eglise

Cet appel a eu le don d’agacer les députés Stefaan Van Hecke (Groen) et Valerie Van Peel (N-VA) estimant tour à tour l’attitude de l’évêque « arrogante » ou « décevante« , considérant que l’Eglise conditionnait son engagement à celui d’autres pans de la société… Madame Van Peel a également posé la question : « Pourquoi faut-il toujours attendre que les faits se trouvent dans les médias pour prendre des mesures? » Mgr Bonny a alors réagi en se disant « fatigué » des « mots forts adressés depuis 15 ans à l’Eglise, dans les médias, disant que nous n’avons rien fait. Cela ne résiste pas à l’analyse« .

Un échange tendu représentatif de ce qui ressemble parfois à un dialogue de sourds. De nombreuses questions posées par les parlementaires reflètent en effet une réelle méconnaissance du chemin qui a été parcouru depuis la première Commission de 2010-2011. Intervenant à son tour, le député et ancien ministre de la Justice Koen Geens (CD&V), s’est montré davantage informé et bienveillant à l’égard de ses interlocuteurs, se demandant comment il sera possible de concrétiser un suivi psychologique de longue durée pour les victimes. Un défi qui est bel et bien posé à l’ensemble de la société.

Mgr Johan Bonny © La Chambre

Christophe HERINCKX
Article Cathobel

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