Cardinal De Kesel : « Non pas une autre Église, mais l’Église autrement »
Le cardinal De Kesel était le premier invité du cycle de conférences de carême organisé à Mons et dont le thème général est « Un Dieu déconcertant ».
« Nous vivons de grands changements, on change d’époque, on vit dans un autre monde. Et cela a des conséquences énormes pour l’Église, qui a vécu durant un millénaire dans un grand confort. Il ne faut pas vouloir faire marche arrière : cela fera du bien à l’Église d’accepter de tout cœur ces bouleversements ».
D’entrée de jeu, le cardinal Jozef De Kesel a donné le ton. Invité des conférences de carême qui redémarrent à Mons, l’ancien primat de Belgique avait choisi comme titre : « Dieu fit faire un détour à son peuple ».
Et de baliser les trois grands défis auxquels l’Église est confrontée aujourd’hui : la question des abus sexuels, qui nous a fait perdre une part de crédibilité et nous amène à une Église plus humble ; le nombre de chrétiens qui diminue ; la société pluraliste dans laquelle nous vivons et qui nous entraîne à la tolérance et au respect des convictions de l’autre.
L’Église doit vivre dans le monde
La crise que vit l’Église, nous devons la traverser et non pas chercher à la résoudre. Cette crise, dit le cardinal, nous aide à redécouvrir l’essentiel, de la même manière que sa maladie l’a aidé à redécouvrir le sens de la prière : « Il ne faut pas chercher une autre Église mais vouloir une Église autrement. »
Durant mille ans, la culture occidentale a été imprégnée par la foi. Et voici que l’on est passé d’une culture religieuse à une culture sécularisée. « Il ne faut pas chercher à restaurer une société chrétienne homogène, mais gardons-nous aussi de tomber dans la privatisation de la religion car c’est un grand danger pour l’Église. Jadis l’Église était le monde, aujourd’hui elle doit vivre dans le monde ».
Être partout mais sans volonté de reconquête
Pour Jozef De Kesel, il faut éviter la tentation de se compter : le risque n’est pas d’être moins nombreux mais de devenir insignifiants. L’Église doit être partout, sans volonté de reconquête, sans prosélytisme. Et le cardinal de donner en conclusion deux exemples de cette présence signifiante de l’Église : saint Charles de Foucauld qui a vécu dans le Sahara au plus près des Touaregs, qui étaient des populations pauvres et oubliées de tous ; et les moines de Tibhirine, qui ont voulu demeurer avec leurs amis musulmans. Ils ont payé de leur vie leur volonté d’être des chrétiens signifiants au sein de populations qui ne partagaient pas leur religion.
Hubert Wattier
Prochaines conférences
Le jeudi 7 mars, l’abbé Benoist de Sinety, ancien vicaire général de Paris et aujourd’hui curé à Lille, sera le deuxième conférencier. Son titre : « Dieu est-il religieux ? »
Le jeudi 14 mars, l’abbé Benoît Lobet, doyen de la cathédrale de Bruxelles, clôturera le cycle avec une conférence intitulée « Dieu, la magnifique injustice de l’amour ».
Les conférences sont données à 19h30 à la chapelle du collège Saint-Stanislas, rue des Dominicains, 15 à Mons. Participation libre aux frais.