Le sens de la célébration dans nos écoles !

Le sens de la célébration dans nos écoles!

La treizième édition de la journée du sens a réuni des directeurs, directrices et équipes de direction des écoles du secondaire du diocèse. C’est à l’Institut Notre-Dame de Fleurus qu’ils se sont  rassemblés le 10 avril 2024.

Comment célébrer?  C’est la question centrale à laquelle devait répondre cette journée. Elle n’a pas été en manque de pistes: exemples concrets, redéfinition du concept de célébration, expériences partagées,… Un bon mélange pour repartir repu face à la soif de sens.

Deux événements ont été présentés par les élèves du Collège Notre-Dame de Bon Secours de Binche: un à Noël, l’autre à Pâques. Pour Noël, ils organisent traditionnellement une journée en collaboration avec le prêtre de Binche. Cela permet un premier contact avec celui-ci mais aussi, à travers diverses activités proposées, de rappeler aux élèves le sens de Noël. À l’aide d’un petit fascicule et en collaboration avec le prêtre de Binche, le deuxième événement a vu le jour dans ce collège. Les élèves de troisième année sont, en effet, conviés à une messe expliquée. Une activité qui permet de découvrir le sens de chaque rite ou paroles entendues pendant la messe, et ainsi de repartir avec des bases concrètes pour en parler au cours de religion.

Un autre témoignage a fait son apparition au Centre scolaire Saint-Joseph et Notre-Dame à Jumet. Pendant la période Covid, quatre collègues sont malheureusement décédés. Une relecture de cette année Covid a été proposée aux élèves et aux enseignants. Ils sont tous passés par différents chemins: celui de la joie, du doute, du deuil et de la renaissance. Cela a été une bonne manière de se mettre en route afin de lancer la nouvelle année scolaire qui commençait et pour faire mémoire des collègues qui ont quitté cette terre.

Le rituel dans la célébration

Gabriel Ringlet, formateur de «l’école des rites du Prieuré de Malèves-Sainte-Marie», a commencé par une mise au point sur le terme célébration. Pour lui, il faut célébrer avec des «créateurs d’imaginaires». Le spirituel et le rituel sont les deux points clés d’une célébration réussie et il convient donc de tenir compte de ces éléments pour construire toute célébration. Les gestes, porteurs de sens, peuvent permettre de rejoindre chaque personne dans ce qu’il vit.

Se basant sur le contexte actuel en Belgique, Gabriel Ringlet discerne deux possibilités de célébrer avec des rites à notre époque. D’un côté, les églises, lieux remplis de rites, sont désertées comme le montre la pratique religieuse dans notre pays: «deux à trois pour cent de la population belge» va à la messe tous les dimanches selon ses dires. De l’autre côté, une offre commerciale très développée de rituels séduit de plus en plus de monde ces dernières années. Pour ne citer qu’un exemple, on peut acheter son mariage «clé sur porte». Face à ces deux extrêmes, «l’école des rites» qu’il a fondée se place au milieu de ces deux réalités pour proposer une «vraie démarche rituelle non-commerciale» à travers la célébration.

La rencontre avec Bouli Lanners, acteur, scénariste et réalisateur apprécié du cinéma belge, a permis d’approfondir la notion de créateurs d’imaginaires. Pour le formateur, un créateur d’imaginaires est une personne créative qui est capable de créer des univers. Les photographes, les journalistes, les peintres, les cinéastes –et la liste est longue– sont tous des créateurs d’imaginaires. Qu’ils soient croyants ou non, il ne faut pas hésiter à faire appel à eux pour commenter un texte biblique durant la messe. Ils apportent un regard neuf sur l’Écriture voire même une réinterprétation de certains récits bibliques. Cela permet de dépoussiérer et d’actualiser ces textes.

Les créateurs d’imaginaires

Selon Gabriel Ringlet, pour célébrer avec les créateurs d’imaginaires, il faut faire appel à cinq sources et ne jamais les séparer:

  • La musique et le chant: loin de se brider, il faut voir plus large dans une célébration avec de la musique contemporaine. Si on n’accepte pas du Jean-Jacques Goldman ou du Grand Corps Malade, on passe selon lui à côté de la célébration. Bien sûr, il faut discerner le choix de ces chants et musiques pour qu’ils soient en harmonie avec le texte qui va être lu par l’invité pendant la célébration.
  • Le texte: cela peut être de la poésie, un roman, un texte biblique ou non mais cet élément doit avoir une âme, être de l’ordre de la spiritualité.
  • Les invités: il faut accorder une attention particulière aux invités qui vont commenter ce texte.
  • Les rites: il n’y a tout simplement pas de célébration sans rites. Concernant les rites, il ne faut pas hésiter à ce qu’ils touchent aux cinq sens: l’ouïe, l’odorat, la vue, le goût et le toucher.
  • Les prières: elles permettent un temps d’intériorité.

Juliette, Elise et Silouane, élèves du Collège Saint-Augustin à Enghien, ont offert au public de cette journée une agréable surprise avec deux représentations alliant piano, violoncelle, tissu et accrogym. Accompagnés de leurs professeurs, ils ont proposé un moment suspendu (au sens propre comme au sens littéral) rempli de grâce et d’élégance. Une superbe façon de se rendre compte que les jeunes sont capables, eux aussi, de célébrer si on leur en donne l’occasion.

Riche de sens, c’est une profonde remise en question de la célébration qui a germé au fil de ces quelques heures à Fleurus. Cécile Piette a par ailleurs parfaitement conclu cette journée en ces quelques mots: «Il n’y a pas de petites choses, seulement des choses célébrées petitement.»

Anaïs Marescaux

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