Marie, une main tendue entre les religions

Marie, une main tendue entre les religions

Chrétiens et musulmans se sont rassemblés dans la magnifique «basilique» Saint-Christophe de Charleroi autour de la figure maternelle de Marie. Un moment de dialogue et de communion entre communautés partagé par un invité de marque: le Roi Philippe!

Un peu de mystère planait autour de Saint-Christophe, samedi 4 mai 2024 en fin de matinée. Présence policière, contrôle de sécurité à l’entrée,… Ce n’était pas une célébration habituelle qui devait se dérouler dans l’église de la Ville Haute, à Charleroi. Peu à peu, au son des répétitions de la chorale, membres des communautés chrétienne et musulmane ont rempli les rangées de chaises, réunis pour le 5e événement «Ensemble avec Marie» organisé en Belgique.

L’arrivée du Roi Philippe est soudain annoncée et quelques consignes données à l’assemblée. Mgr Harpigny, le doyen de Charleroi Daniel Procureur, le Père Sylvestre Eves et quelques officiels sortent accueillir l’invité du jour, qui rentre sous les applaudissements. Cloches et appel en arabe résonnent alors pour lancer ce rassemblement porteur de promesses de paix et d’écoute mutuelle.

Ce qui nous unit

L’abbé Procureur s’est dit honoré et heureux de voir une rencontre fraternelle entre musulmans et chrétiens se dérouler à Charleroi, rappelant aussi l’histoire de la «basilique» Saint-Christophe et le destin de l’ancien curé-doyen des lieux, tué en 1944 lors de la tuerie de Courcelles. «La rencontre de ce matin exauce sans doute le vœu du chanoine Harmignie. Quand des hommes et des femmes s’écoutent respectueusement et dialoguent, c’est le vivre ensemble qui grandit, c’est la paix qui se construit petit à petit.»

Le mot d’accueil de Soufian Hadouch, responsable religieux et culturel islamique au sein de l’école Life training Academy de Farciennes, était de la même veine: «Nous sommes guidés par le désir brûlant de comprendre ce qui nous unit. Les voix de nos traditions respectives résonnent en harmonie, elles s’entrelacent pour former le tissu vivant de notre humanité partagée. Marie transcende nos différences pour un dialogue fécond. Aujourd’hui nous célébrons la richesse et la diversité humaines. Que nos échanges nourrissent nos esprits et élargissent nos horizons. C’est la promesse d’un avenir où règnent la paix, la justice et l’amour.»

Marie, symbole de force et de résilience

Les traditions se sont aussi entrelacées en prière et en musique. Chants chrétiens, sourates psalmodiées, Notre Père récité et moments de réflexion ont ouvert la porte aux témoignages de deux femmes, l’une musulmane, l’autre chrétienne, sur la place de Marie dans leur vie. «Meryem est un exemple pour nous, femmes musulmanes», estime Amadjar. «Elle est un symbole de force et de résilience, un exemple de modestie et une source d’inspiration spirituelle.»

Thérèse, elle, a grandi dans un petit village dont l’église était dédiée à Marie. «J’ai été éduquée avec elle. Petit à petit, elle est devenue pour moi la mère de Jésus mais aussi la mienne. Elle m’a montré le chemin pour suivre Dieu, même dans les moments difficiles.»

Mgr Harpigny, quant à lui, a redit la chance du croyant de croire en un Dieu qui aime tout le monde tout en connaissant chacun de nous. Et Marie offre un chemin de rencontre. «Nous pouvons prier ensemble, discerner ensemble. Marie est un modèle de foi et de vie. Quand on se parle, on est plus serein, on se respecte», a souligné notre évêque, qui a appelé à prier pour les membres de nos communautés qui traversent des moments difficiles ou la souffrance de conflits armés.

Thé à la menthe et beignets

Mohamed Rharib, chargé de mission à la Direction Générale de l’Enseignement Obligatoire, a lui aussi appelé à une société plus paisible et pacifique, à la cohésion sociale. «Nous pouvons nous inspirer de la figure de Marie pour construire des ponts, œuvrer ensemble pour un monde juste et plus fraternel.»

Après une invocation commune récitée par toute l’assemblée, un geste de paix partagé par les deux communautés et le lâcher de sept colombes blanches sur le parvis de Saint-Christophe, toutes et tous ont pu prolonger les échanges autour d’un peu de thé, de petits gâteaux et de beignets. Mais aussi, pour certains, essayer d’immortaliser la présence de notre souverain, qui s’est prêté à quelques selfies bon enfant. Des moments inoubliables pour les organisateurs et les nombreux participants… 

Agnès MICHEL

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