Élection du pape Léon XIV
Le jeudi 8 mai 2025, les cardinaux en conclave ont élu le cardinal Robert Francis Prevost évêque de Rome, successeur de Pierre. Le nouveau Pape a pris le nom de Léon XIV.
Mgr Prevost n’était guère cité dans les médias. L’annonce de l’élu par le cardinal Dominique Mamberti a même suscité une frayeur au groupe de la RTBF TV qui suivait les événements. L’un du groupe a «entendu» le nom du cardinal Raymond Burke, un des opposants farouches du pape François.
Robert Francis Prevost est né à Chicago (États-Unis, Illinois) le 14 septembre 1955. Son père, Louis Marius Prevost, est lieutenant de vaisseau de l’US Navy; sa mère, Mildred Martinez, est bibliothécaire. Le père est d’ascendance italienne et française; la mère est d’ascendance hispanophone à la Nouvelle-Orléans (États-Unis, Louisiane).
La formation à l’école secondaire de Robert Francis se déroule au petit séminaire de l’Ordre de Saint-Augustin jusqu’en 1973. Il obtient un Bachelor en mathématiques à l’Université Villanova près de Philadelphie en 1977.
Ensuite il entre dans l’Ordre de Saint-Augustin. La naissance de l’Ordre remonte à 1243 lorsque quatre ermites, représentant des groupes d’anachorètes situés dans la Tuscie, dans le Latium et les environs de l’Ombrie, demandent au pape Innocent IV (1243-1254) une règle commune et un prieur général dans le but d’unifier les communautés. Le pape organise la fondation d’un nouvel Ordre mendiant (le troisième après les Franciscains et les Dominicains). L’Ordre prend le nom d’Ermites de Saint-Augustin. En 1256, d’autres ordres ermites s’adjoignent aux Ermites. Avant la fin du XIIIe siècle, l’Ordre est répandu dans toute l’Europe.
Martin Luther a été membre de l’Ordre de Saint-Augustin. L’Ordre, en revanche, est attaché, dès le début, non seulement à l’œuvre de saint Augustin (354-430), mais aussi à la papauté. En 2013, l’Ordre comptait 2.818 religieux répartis dans 50 pays et 435 paroisses.
Robert Francis prononce ses premiers vœux en 1978 et sa profession solennelle en 1981. Il est licencié en théologie de la Catholic Theological Union de Chicago.
Le 19 juin 1982, il est ordonné prêtre par Mgr Jean Jadot (1909-2009), évêque d’origine bruxelloise. Mgr Jadot avait été délégué apostolique aux États-Unis de 1973 à 1980. Il était un très proche du pape Paul VI (1963-1978). Il avait préparé le dossier de nombreux évêques aux États-Unis, appelés familièrement les «Jadot-boys». Après son départ des États-Unis, Mgr Jadot avait été nommé pro-préfet du Secrétariat pour les non-chrétiens à Rome (1980-1984). Aujourd’hui, ce Secrétariat est appelé «Dicastère pour le dialogue interreligieux».
Robert Francis poursuit, à l’Université pontificale Saint-Thomas d’Aquin (Angelicum) à Rome, les études de droit canonique. Il est reçu docteur en droit canonique en 1987, avec une thèse sur le rôle du prieur local dans l’Ordre de Saint-Augustin.
Dès 1985, Robert Francis part au Pérou, où il devient chancelier de la prélature territoriale de Chulucunas et vicaire de la Cathédrale. Après un court séjour aux États-Unis, il retourne au Pérou en 1988, où il dirige le Séminaire des Augustins à Trujillo; il enseigne le droit canonique, la patrologie et la théologie morale. Il fonde une paroisse dans la périphérie pauvre de la ville.
En 1999, il est élu provincial de la province du Midwest des Augustins à Chicago. De 2001 à 2013, il est prieur général de l’Ordre de Saint-Augustin. En novembre 2014, le pape François (2013-2025) le nomme administrateur apostolique, puis évêque du diocèse de Chiclayo au Pérou en 2015.
Le 12 avril 2023, il succède au cardinal Ouellet comme préfet du Dicastère pour les évêques, à Rome. Il est créé cardinal le 30 septembre 2023.
Le pape Léon XIV expliquera lui-même pour quelle raison il a choisi ce nom-là. Spontanément, on peut penser au pape Léon XIII (1878-1903), un des grands initiateurs de la doctrine sociale de l’Église, au moment où la classe ouvrière, les travailleurs des entreprises charbonnières, métallurgiques et autres, était peu respectée dans sa dignité. Léon XIII a publié une encyclique retentissante, «Rerum Novarum» (1891), qui promouvait des changements profonds pour respecter la dignité des travailleurs.
Léon XIII est aussi intervenu en France. Beaucoup de catholiques français en étaient encore à avoir un jugement extrêmement négatif sur la Révolution Française (1789), en raison de ses exactions anticléricales. Beaucoup désiraient retourner à l’Ancien-Régime. En publiant l’encyclique «Au milieu des sollicitudes», Léon XIII demande le «Ralliement» à la République (1892). Il faut être de son temps, y compris quand il s’agit des évolutions du fonctionnement de l’État. Léon XIII ne suivait pas, sur ce point, la pensée de son prédécesseur, le pape Pie IX (1846-1878), qui avait publié le fameux «Syllabus des erreurs» (1864).
En 1894, Léon XIII publie une Lettre apostolique «Orientalium dignitas», qui demande à tous de respecter la dignité des Églises orientales catholiques. Il faut arrêter de les latiniser.
Un autre Léon, le pape Léon Ier (440-461), appelé aussi Léon le Grand, est connu par une lettre qu’il a envoyée en 449 à Flavien, patriarche de Constantinople, à propos d’une controverse concernant les deux natures du Christ. La lettre du pape (appelée «Tome à Flavien») a servi de base deux ans plus tard pour la doctrine du concile œcuménique de Chalcédoine (451).
En 452, le pape Léon va à la rencontre d’Attila, souverain des Huns depuis 435, qui veut envahir la ville de Rome. Attila se laisse convaincre par le pape. Rome ne sera pas détruite. Attila retournera dans sa région natale en Hongrie où il mourra en 453.
Nous verrons bientôt les motivations qui ont poussé le pape à choisir le nom de Léon.
C’est avec joie que nous accueillons le pape Léon XIV, Évêque de Rome, Successeur de Pierre.
+ Guy Harpigny,
Évêque de Tournai