Catéchuménat : un accompagnement tout en délicatesse

Catéchuménat: un accompagnement tout en délicatesse

Dans le cadre des temps de formation proposés à celles et ceux qui accompagnent adolescents et adultes vers les sacrements de l’initiation chrétienne (baptême, confirmation, eucharistie), le service diocésain du catéchuménat a invité l’abbé Benoît Lobet à partager son expérience et à nourrir la réflexion. Une soirée à la fois pleine d’humanité et d’humour, à l’écoute du monde d’aujourd’hui.

Parmi les moments de formation auxquels sont invités accompagnateurs et accompagnatrices des catéchumènes du diocèse de Tournai, il y a notamment des soirées organisées à la maison de Mesvin. Le 4 février 2025, un orateur de choix avait été sollicité par le service du catéchuménat.

Devant un CV long de trois pages, Christine Merckaert a dû se résoudre à résumer le parcours riche et varié de l’intervenant: prêtre du diocèse de Tournai, théologien diplômé de l’Institut catholique de Paris, professeur au séminaire de Tournai pendant plus de 15 ans, auteur de plusieurs ouvrages, ancien curé-doyen de l’unité pastorale d’Enghien-Silly puis nommé en 2020 curé-doyen de la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles, doyen de Bruxelles-Centre et aujourd’hui curé des six autres églises de Bruxelles-Centre.    

Celui qui fut aussi pendant plus de dix ans responsable diocésain de la catéchèse dans le diocèse de Tournai a donc été tout naturellement sollicité pour aider les participants à réfléchir à la manière d’accompagner les jeunes et les adultes sur leur chemin de foi vers le baptême. Et à trouver des pistes de réponses aux nombreuses questions qui peuvent surgir, a souligné Christine Merckaert: «Sur l’état matrimonial et les situations dites ‘délicates’, sur l’accompagnement des personnes homosexuelles qui vivent en couple, sur les orientations de l’Église en matière d’avortement, d’euthanasie,… En restant bienveillants et miséricordieux par rapport aux personnes. Comment initier à l’éthique chrétienne? Comment ouvrir des chemins de vie?»

Brebis ou loups hurleurs?

Pendant près d’une heure, l’abbé Benoît Lobet a tenu son assemblée en haleine. Mêlant les références bibliques aux anecdotes, les explications théologiques aux invitations à l’humilité, à l’ouverture et à l’amour. «Saint Luc, dans le chapitre 10 qui évoque l’envoi des 72 en mission, nous dit ‘Il les envoya deux par deux’. On n’est jamais seul pour annoncer l’Évangile. (…) Il dit aussi ‘Dans toute ville ou village où il ira ensuite’. On va préparer la route. Et ceux qui sont envoyés le sont comme des brebis, pour écouter. Et pourtant, on nous a souvent envoyés comme des loups hurleurs, qui condamnent!»

Au 3e siècle après Jésus-Christ, Hippolyte de Rome avait dressé une liste des métiers incompatibles avec le fait de devenir chrétien : prostituées, gladiateurs, acteurs de théâtre,… Et aujourd’hui? «Il est évident que des questions se posent quand des personnes se présentent pour devenir chrétiennes. Les ménages décomposés, recomposés, les couples homosexuels,… Mais jamais rien ne peut se substituer au discernement personnel. (…) La loi, la morale nous indiquent des valeurs mais la conscience prime. Le fond de notre conscience est un sanctuaire où nous sommes seuls avec Dieu. Les lois éclairent la conscience, mais pas plus…»

Le christianisme: un salut, pas une morale

Pour Benoît Lobet, cette conscience est bien au-delà d’une morale légaliste: «C’est ainsi que fonctionne la morale chrétienne.» Et s’il existe sans aucun doute des situations objectives qui peuvent poser problème, l’accompagnement doit toujours se teinter de délicatesse. «Écoutons le monde dans lequel nous sommes envoyés.»

Alors comment accompagner, comment initier, par où commencer? Sans donner de recette unique ou simpliste, l’orateur s’appuie sur sa longue expérience avec les catéchumènes: «On peut leur proposer le contenu du catéchisme par tranches, mais cela risque d’être indigeste! Allons au plus simple, au plus fondamental. Je pars du Credo, en faisant résonner les mots qu’ils ne comprennent pas avec l’histoire biblique du salut et des attitudes de foi dans le concret de la vie quotidienne. Quelle richesse dans ces rencontres! (…) Ce texte à la fois dogmatique et liturgique est central dans notre foi et il permet de tout aborder, y compris la morale.»

Revenant à sa ligne directrice, Benoît Lobet insiste: «L’un des grands dangers de la catéchèse est d’aligner la foi sur la morale. Or la foi est une proclamation joyeuse! Le christianisme n’est pas une morale, c’est un salut. Il y a de la place pour l’éthique, mais qui vient en réponse à une Bonne nouvelle initialement proclamée. Nous avons beaucoup oublié cela. (…) Pour des raisons de bon ordre social, on a inversé la séquence, et on en paie encore le prix.»

Agnès Michel

Retrouvez ci-dessous l’intégralité de l’intervention de l’abbé Benoît Lobet ainsi que la longue séquence de questions et réponses qui l’a suivie. L’occasion d’évoquer des situations très concrètes rencontrées sur le terrain et d’y apporter des réponses nuancées et teintées d’humanité.   

© Copyright - ASBL Evêché de Tournai