Le Cardinal De Kesel auprès des visiteurs du Tournaisis
Les membres de l’équipe régionale se sont retrouvés au Centre Saint-Paul de Tournai pour un après-midi de ressourcement. Mgr Jozef De Kesel leur a parlé d’une Église présente au monde mais qui ne s’impose pas. Et a prôné l’art de l’écoute et de la rencontre à celles et ceux qui côtoient la souffrance et la fragilité.
Tant le doyen Michel Decarpentrie que le diacre Gérard Carré se sont réjouis de la présence pour quelques heures du cardinal Jozef De Kesel aux côtés des visiteurs et visiteuses de l’équipe régionale du Tournaisis, le samedi 15 février 2025. Avec beaucoup de douceur et de pédagogie, l’orateur a ainsi exposé à une assemblée bien fournie sa vision des missions de l’Église et du chrétien: écouter et rencontrer.
«Écouter et être écouté, c’est quelque chose de crucial pour l’Homme. C’est vrai pour le malade mais aussi pour les autres. L’Église doit aussi apprendre à écouter.» Mgr De Kesel insiste, Dieu ne nous a pas créés croyants mais libres: «On ne naît pas chrétien, on le devient.» Que ce soit auprès des malades ou dans la prière, la première attitude à avoir est l’écoute, et donc se taire. «Si Dieu veut se faire connaître, c’est pour révéler son amour. Mais c’est très délicat de montrer son amour, y compris pour Dieu. Il ne veut pas nous obliger à l’aimer. Dans le passé, l’Église ne l’a pas toujours compris…»
Des citoyens comme les autres
Dans la culture actuelle, la transmission de la foi s’avère un réel défi. Et pourtant, «l’annonce de Dieu est la raison d’être de l’Église». Mais dans la tolérance et le respect: «Le respect est le seul moyen de vivre ensemble, il ne s’agit pas juste de ‘tolérer’ l’autre.» Pour mieux faire comprendre ce que signifie «évangéliser», le cardinal De Kesel partage deux textes bibliques qui sont pour lui sources d’inspiration, et notamment un extrait de l’Apocalypse: «Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi.» (Ap 3,20) Quelle image plus parlante en effet que celle de ce Dieu qui se tient à la porte et n’entre que si on l’entend, que s’il y est invité…
Si certains regrettent la sécularisation de la société occidentale, Mgr De Kesel, lui, y voit des éléments positifs. «La foi n’a pas disparu, mais elle n’est plus le cadre de référence de toute la société. L’Église ne vit plus dans ‘son’ monde mais dans le monde. Les chrétiens sont des citoyens comme les autres, ils ne demandent pas de privilèges.» Mais tout en approuvant la séparation de l’Église et de l’État, l’intervenant ne soutient pas une forme de privatisation de la foi telle qu’elle est relevée par de nombreux sociologues: «Cela va à l’encontre de l’annonce de l’Évangile. L’Évangile n’est pas seulement à vivre à l’intérieur de soi mais il demande qu’on s’engage dans la société. (…) Le Christ a donné sa vie pour le monde, pas pour l’Église; l’Église doit être présente au monde!»
Prendre le temps
Après un bref temps de convivialité qui a permis aux participants d’échanger sur ce qu’ils venaient d’entendre, Mgr Jozef De Kesel a repris la parole pour dire et redire à quel point Dieu avait besoin de communautés conscientes de son amour, vivant de sa Parole, de solidarité et de fraternité. Comme cette poignée de moines cisterciens restés en Algérie, à Tibhirine, malgré le danger régnant autour d’eux. En 1996, ils ont payé de leur vie leur refus de fuir, parce qu’ils ne voulaient pas être «étrangers» aux amis et aux pauvres habitant autour d’eux.
«C’est pour ce monde que l’Église est signe de la tendresse de Dieu. Sans prosélytisme.» Et de mettre en avant une attitude vitale pour tous les visiteurs: «On ne rencontre pas quelqu’un avec un agenda caché, l’Évangile n’est pas quelque chose à vendre. Si on visite un malade, c’est pour le rencontrer, être présent, l’écouter. C’est une grande souffrance de ne pas être écouté ou d’être compris trop vite. L’écoute ne peut jamais être instrumentalisée. (…) L’annonce de l’Évangile, ce n’est pas la conquête du monde. Les pastorales ont une mission de présence, une présence qualitative. (…) Partout où il y a de l’amour, c’est Dieu qui est en train de sauver le monde…»
A.M.
(Re)découvrez l’intégralité de l’intervention de Mgr De Kesel dans la vidéo ci-contre
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