Invitation à la Messe chrismale 2025
Mardi Saint 15 avril à 18h
Basilique Notre-Dame de Bonne-Espérance
Le calendrier liturgique comprend un cycle de l’année, durant lequel l’Église commémore tout le mystère du Christ, de l’Incarnation jusqu’au jour de la Pentecôte et jusqu’à l’attente de l’avènement du Seigneur (Missel Romain, Troisième édition typique du Missale Romanum de 2002, traduction française publiée en 2021, page LXXII).
Le cœur de l’année liturgique est le Triduum pascal, qui va du jeudi saint au soir jusqu’aux vêpres du dimanche de Pâques.
Le Temps pascal va du dimanche de Pâques jusqu’au dimanche de la Pentecôte.
Le Temps du Carême est ordonné à la préparation de la célébration de Pâques : la liturgie du Carême dispose en effet les catéchumènes, par les divers degrés de l’Initiation chrétienne, et les fidèles, par la commémoration du baptême et par la pénitence, à célébrer le mystère pascal.
La Semaine sainte est destinée à commémorer la Passion du Christ depuis son entrée messianique à Jérusalem. Dans la matinée du jeudi saint, l’évêque qui concélèbre la messe avec son presbyterium bénit les saintes huiles et confectionne le saint chrême.
Voilà ce que dit le Missel Romain
Dans le diocèse de Tournai, depuis des décennies, la messe chrismale est célébrée le mardi saint au soir. La raison en est simple. Appeler le peuple de Dieu un jeudi matin est pratiquement impossible, si on veut avoir du monde.
Dans le diocèse de Tournai, depuis des décennies également, la messe chrismale est célébrée en la Cathédrale et en des lieux de culte spacieux qui peuvent accueillir beaucoup de monde. La Cathédrale a été choisie à plusieurs reprises depuis 2003, malgré les travaux de restauration. Elle est en effet le lieu où se trouve la cathèdre, le siège de l’évêque diocésain. Elle est l’Église Mère du diocèse. Nous y étions en 2024 pour la messe chrismale.
Cette année, nous serons en la Basilique Notre-Dame de Bonne-Espérance. L’accès est simple. Il fera clair pour rouler en voiture. Le parking est spacieux. Les toilettes sont en nombre suffisant. Il y a beaucoup d’espace pour y déposer les urnes contenant les huiles. Pour le moment de convivialité après la liturgie, nous sommes à l’abri si jamais il devait pleuvoir.
Outre ces raisons pratiques, il existe aussi d’autres raisons.
Les différentes significations du « lieu » de Bonne-Espérance
La première signification de Bonne-Espérance fait mémoire des sessions du Synode diocésain (2011-2013), du Synode des Jeunes (2016) et du Synode des Couples et Familles (2018) qui y ont été célébrées. En même temps, ces sessions étaient en lien avec la Cathédrale, la Collégiale Sainte-Waudru à Mons, et bien d’autres lieux répartis selon les doyennés actuels dans le diocèse.
Deuxième signification. Quand nous entrons sur le site de Bonne-Espérance, nous devenons les témoins d’une grande tradition. Nous en trouvons un déroulement remarquable dans la deuxième édition de L’abbaye de Bonne-Espérance 1130, Patrimoine majeur de Wallonie, Éditions Wapica, décembre 2023 (1ère édition 2005), Textes de Philippe Pêtre, Photographies de Pierre Peeters, 256 pages.
L’histoire, avec la genèse de multiples fondations religieuses au XIIe siècle jusqu’aux nouvelles destinations du site après 1830, dans le diocèse de Tournai, nous enseigne au moins sur trois réalités incontournables. En 1126, six ans après la fondation de l’Ordre dans le val de Prémontré, au cœur de la forêt de Saint-Gobain, Odon est envoyé par le bienheureux Hugues de Fosses (1093-1164), premier successeur de saint Norbert de Xanten (1080-1134), fondateur des Chanoines Prémontrés, pour fonder en Hainaut, sur le site actuel de Bonne-Espérance.

Première réalité incontournable : La dévotion à Notre-Dame de Bonne-Espérance, dont la statue remonte au XIVe siècle, comme élément fondamental de la vie religieuse sur le site. En 1904, en présence de vingt mille pèlerins, Mgr Charles-Gustave Walravens, évêque de Tournai (1897-1915), couronne la statue de la Vierge, au nom du pape saint Pie X. Au cours de l’année mariale de 1954, Mgr Charles-Marie Himmer, évêque de Tournai (1949-1977), regroupe toutes les images « miraculeuses » de la province de Hainaut. Trois ans plus tard, l’église de Bonne-Espérance est érigée en « basilique mineure ».
Deuxième réalité incontournable : Le passage entre la Révolution française (1789) et la naissance de l’Etat belge (1830), qui engendre de nouveaux objectifs. Alors que depuis le début l’abbaye de Bonne-Espérance faisait partie du diocèse de Cambrai, elle intègre le nouveau territoire du diocèse de Tournai au début du XIXe siècle.
C’est en 1797 que les Prémontrés sont expulsés de l’abbaye de Bonne-Espérance. En 1821, les Prémontrés donnent ce qu’ils ont pu récupérer des bâtiments abbatiaux au séminaire épiscopal de Tournai, fondé en 1808. C’est le 19 juin 1856 que Bonne-Espérance devient définitivement la propriété du séminaire de Tournai.
Cependant, encore sous le régime hollandais (1815-1830), l’évêque de Tournai, Mgr Jean-Joseph Delplancq (1829-1834) confie, le 4 mai 1830, le transfert du Petit Séminaire de Soignies à Bonne-Espérance. Dès octobre 1830, 300 élèves d’humanités sont inscrits. La section de philosophie voit le jour en septembre 1834 et comprend une cinquantaine de séminaristes. En 1839, alors que Mgr Gaspard-Joseph Labis est évêque (1835-1872), est fondée une École Normale, une des premières en Belgique. Elle est transférée à Braine-le-Comte en 1925.
Cela signifie qu’à partir de 1834, beaucoup de candidats au sacerdoce ministériel ont vécu au moins durant deux années à Bonne-Espérance. Ceux qui y avaient fait les Humanités durant six ans restaient sur le même site durant huit ans. Les autres, qui n’avaient pas fait leurs Humanités à Bonne-Espérance, vivaient au Séminaire de Philosophie pendant deux ans, séparés des élèves d’Humanités.
Troisième réalité incontournable : En 1967, Mgr Himmer ferme le Séminaire de Philosophie à Bonne-Espérance.
Cela signifie que les séminaristes sont envoyés soit au Séminaire Saint-Paul à Leuven, soit au Séminaire de Tournai. Entré au Séminaire de Philosophie en 1966, je suis de ceux qui sont envoyés à Leuven.
Reste par conséquent à Bonne-Espérance le Collège, enseignement primaire et secondaire. Il s’ouvre progressivement à la mixité et à l’externat.
Les changements très importants pour l’entretien des bâtiments et autres infrastructures, la disparition progressive des professeurs prêtres, les modifications décrétales de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour l’enseignement obligent la création d’associations nouvelles pour maintenir le site et ouvrir des perspectives nouvelles. Voici quelques-unes des associations qui maintiennent le site et le font développer.
- L’association royale des anciens élèves de Bonne-Espérance, fondée en 1880, rassemble les anciens élèves et formule des projets concrets à financer. Elle est constituée en asbl depuis 2005
- L’asbl Les Amis de Bonne-Espérance, fondée en 1947, veille au rayonnement culturel de l’ancienne abbaye
- L’asbl de la Maison de la Mémoire de Bonne-Espérance voit le jour en 1993, sous l’égide du professeur D’Haenens de l’UCLouvain, en vue d’étudier l’histoire du site
- L’asbl les Compagnons de Bonne-Espérance, créée en 1972, œuvre pour la restauration et la mise en valeur du point de vue patrimonial
- En 1990, Mgr Jean Huard, évêque de Tournai (1977-2002), fonde le Projet épiscopal Bonne-Espérance chargé d’une double mission: permettre et développer la dévotion à Notre-Dame de Bonne-Espérance et la célébration de la liturgie dans le sanctuaire qui lui est consacré ; et l’animation de la Maison diocésaine des jeunes qui se trouve dans les locaux de l’ancienne infirmerie abbatiale
- En 2013, comme évêque de Tournai depuis 2003, j’ai soutenu l’abbé Jean-Pierre Lorette, nommé en 2012 Recteur de la Basilique de Notre-Dame de Bonne-Espérance, qui crée l’asbl Centre d’Histoire d’Art Sacré en Hainaut (CHASHa), avec comme objectif: constituer un conservatoire d’objets de culte de valeur et d’art sacré dont les églises paroissiales ne permettent pas toujours d’assurer la sécurité ou la bonne conservation. Son espace muséal sis dans la grande sacristie rénovée, permet des expositions annuelles consacrées à des thématiques particulières
Dans cette évolution depuis 1830, intervient la fondation de la Congrégation des Soeurs de la Charité de Notre-Dame de Bonne-Espérance
En 1830, l’année de la fondation de la section d’Humanités, confiée à l’abbé André Descamps (1830-1836), trois étudiants meurent de la variole. Descamps fait appel à des religieuses originaires d’Audenarde pour soigner les étudiants malades. Avec le temps, les religieuses interviennent dans la préparation des repas et l’entretien du linge.
En 1859, la supérieure d’Audenarde met fin à la mission des religieuses.
Le chanoine François-Joseph Michez (1850-1868), président du séminaire de Bonne-Espérance, fonde une nouvelle congrégation autonome de « sœurs noires » sous l’autorité de l’évêque de Tournai, Mgr Labis (1835-1872). La congrégation est fondée le 12 octobre 1859. Elle établit sa « maison-mère » à Binche et elle accueille des femmes d’origine modeste. Très vite, on crée des succursales des Sœurs de la Charité de Notre-Dame de Bonne-Espérance à Marchienne-au-Pont, Châtelet et Jumet. Les sœurs apportent une aide dans différents collèges épiscopaux qui ouvrent à la fin du XIXe siècle, ainsi que dans des maisons de repos et des hôpitaux. Lorsque j’étais vicaire dominical à Marchienne-au-Pont (1973-1980), les sœurs étaient actives à l’hôpital civil de Marchienne-au-Pont. Les sœurs restent au service de Bonne-Espérance jusqu’en 1990. Cela montre bien que les Sœurs de Bonne-Espérance étaient implantées en plusieurs lieux du diocèse, et pas seulement à Bonne-Espérance.

Invitation à la Messe chrismale
La Messe chrismale est un événement diocésain, qui rassemble le peuple de Dieu. Cette année, elle est aussi un événement pour toutes les associations qui veillent sur la pérennité du site de Bonne-Espérance, avec ses diverses significations. Un très grand merci à toutes les personnes qui, infatigablement, suscitent des initiatives nouvelles et appellent les générations nouvelles à fortifier et à déployer ce qui a été initié.
N’oublions pas le séminaire épiscopal de Tournai, qui suit les transformations du site. Merci au Recteur de la Basilique, Jean-Pierre Lorette, également directeur du séminaire épiscopal de Tournai, pour son accueil.
Venons nombreux à la Messe chrismale. Et préparons-nous à célébrer en 2030 les 900 ans de l’abbaye de Bonne-Espérance!
+ Guy Harpigny,
Évêque de Tournai