La prison : un lieu de miséricorde

La prison : un lieu de miséricorde

Deux membres de l’équipe d’aumônerie:  Amélie Desclée, membre de l’équipe d’aumônerie des prisons de Leuze et de Tournai depuis 2 ans et Christine Deltour, membre d’une équipe d’aumônerie de prison depuis 17 ans.

Comment définiriez-vous le métier d’aumônier ?

Amélie : Une personne qui est envoyée en mission par l’Évêque, qui est en prison au nom de sa foi et pour être auprès des détenus, pour les accompagner du point de vue moral et spirituel, de façon communautaire ou individuelle. Une personne qui soutient les prisonniers sur le chemin de l’humanité.

Christine : Nous sommes envoyées par l’Église Catholique, dont nous sommes aussi des représentantes au sein de la prison. Nous sommes portées par une communauté extérieure. En fait, nous sommes le lien entre la prison et l’Église à l’extérieur, comme le sont aussi les prêtres qui viennent célébrer.

Nous apportons un soutien moral et spirituel pour les prisonniers en recherche de sens, de simples compagnons de chemin. Avec notre regard, nous pouvons les aider, mais ils mènent leur propre barque.

Comment êtes-vous devenues aumôniers ?

A : Pour moi, c’était suite à un reportage sur « Chemin de Traverse », dont Christine fait justement
partie. Entendre ce témoignage a fait résonner quelque chose en moi, je me suis rendu compte que
les aumôniers n’étaient pas seulement des prêtres. C’est une mission dans laquelle je me suis vite
sentie bien. Après avoir travaillé dans l’humanitaire, j’ai trouvé un endroit qui me permet de trouver ici
ce que je trouvais d’une autre manière « là-bas ».

C : Mon chemin n’a pas été aussi direct. J’ai fait des études d’assistante sociale et de criminologie, puis je
suis devenue animatrice décanale. Un jour, un prêtre m’a parlé de son implication. Il allait quitter l’aumônerie et une place se libérait, alors je me suis proposée. C’est comme ça que je suis arrivée dans ce métier.

Si vous deviez choisir le moment le plus marquant ?

C : Impossible d’en choisir un seul. Il y a eu des accompagnements très marquants. Ce sont eux qui nous
évangélisaient, et non le contraire. C’est quelque chose qui se répète régulièrement. Eux s’en vont et nous on reste. Ces départs sont des moments difficiles, ça crée un gros vide.

A : Je n’ai pas son expérience de longs accompagnements, mais ce qui me marque, ce sont les célébrations comme Pâques ou Noël, qui sont l’occasion de superbes échanges. Comme cette messe de Pâques où un prisonnier a chanté de façon improvisée. La visite de personnes extérieures donne parfois lieu à des échanges mémorables. Et puis il y a les remerciements. Parfois, dans la salle de culte, on a l’impression de ne pas être en prison. Je pense qu’eux aussi doivent le ressentir.

C : C’est en prison que j’ai vécu mes plus belles pages d’Évangile.

Comment cela s’est-il passé lors des récentes grèves ?

A et C : Ça n’a pas été facile. C’est à ce moment que l’on a ressenti l’importance des infrastructures modernes qui ont diminué l’impact que ces grèves ont eu sur les prisonniers. À Leuze, les prisonniers ont des douches dans leurs chambres et la direction a mis en place des initiatives pour les aider à passer ce dur moment. Les prisonniers ont bien ressenti leur chance par rapport à d’autres prisons, comme Tournai, où les conditions étaient bien difficiles. En même temps, l’atmosphère dépend aussi du personnel et de la direction. A Leuze, ils étaient assez présents.

Et au niveau de votre travail ?

A et C : On ne pouvait pas voir les détenus, notre travail consistait surtout en de l’humanitaire : préparer les repas, aller voir un détenu qui pète les plombs, répondre à tous les messages envoyés par les détenus via la messagerie interne. On leur distribuait de longs courriers d’encouragement, et même des fleurs !

Que diriez-vous à ceux qui souhaitent devenir aumônier ?

C : Que nous cherchons du monde ! Qu’il s’agisse d’aumôniers ou d’auxiliaires aumôniers (pour aider aux célébrations, pour des moments de partage ou simplement être là), toute aide est la bienvenue. Il ne
faut pas hésiter lorsqu’on se sent appelé, il faut oser. Avant de vous engager, vous suivez un stage, qui vous permet de discerner si oui ou non cette mission est faite pour vous. Et puis, les prisonniers apprécient de voir de nouvelles personnes.


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