A Bonne-Espérance, sauver et cultiver le patrimoine religieux

À Bonne-Espérance, sauver et cultiver le patrimoine religieux

Fermeture d’églises, bâtiments dégradés, vols…Le patrimoine religieux est en péril. Pour le préserver, un espace muséal vient de voir le jour à l’abbaye de Bonne-Espérance, à Estinnes.

IMG 4959Bonne-Espérance à Estinnes, c’était une abbaye. Depuis 1830, c’est une école et depuis 2017, c’est aussi un musée, dédié à l’art sacré. Un patrimoine en péril. Cela en raison de la baisse continue de la fréquentation des églises, de la dégradation des édifices religieux…

Lors de la fermeture d’un édifice de culte, mais aussi en cas de travaux ou au quotidien, les fabriques sont face à des problèmes de conservation de leur mobilier, tableaux, objets de culte, qui sont parfois d’un intérêt patrimonial certain.

C’est fort de ce constat que Guy Harpigny, évêque du Diocèse de Tournai, a souhaité créer un conservatoire pour les objets religieux dans la province du Hainaut. En 2013, l’asbl CHASHa, soit le Centre d’Histoire et d’Art Sacré en Hainaut, a vu le jour.

Le CHASHa poursuit deux objectifs: sauvegarder le patrimoine religieux hennuyer et le valoriser, via la création d’un conservatoire du patrimoine et d’un espace muséal. La structure doit offrir une aide aux fabriques d’église dans la gestion de leur patrimoine, et être un point de chute pour des dépôts de courte, moyenne ou plus longue durée, selon la situation.

« Mgr Harpigny est bien conscient que la baisse de fréquentation et l’abandon de certaines églises font que les vols dans les églises augmentent. Et puis les bénévoles des fabriques oublient aussi parfois qu’il y a des objets précieux dans leur édifice », explique l’abbé Jean-Pierre Lorette, président de l’asbl.

C’est à l’abbaye de Bonne-Espérance, à quelques kilomètres de Binche, qu’il est décidé de développer le projet. L’espace muséal vient d’ouvrir dans l’ancienne sacristie octogonale de l’abbaye, dont l’extérieur avait été rénové dans les années 90. L’intérieur a été restauré en un an.

Conserver et trier

IMG 4963510.000 euros ont été nécessaires pour aménager cet espace muséal qui accueille depuis le mois de juin une première exposition. Mais les travaux sont loin d’être terminés puisque maintenant c’est au gros morceau que s’attaque le CHASHa: l’aménagement des réserves, là où doivent être conservées les oeuvres qui seront placées en dépôt au CHASHa.

Le lieu sera aménagé pour pouvoir conserver dans des conditions optimales différentes matières: papier, textile, orfèvrerie, peinture, sculpture…Le bâtiment désigné sera cloisonné et un atelier de restauration et dépoussiérage sera également aménagé. C’est là que seront classées et triées les oeuvres.

Car si le CHASHa a une vocation de sauvegarde, il ne doit pas devenir un fourre-tout où s’entasseraient brics et brocs sans valeur. « Nous ne sommes pas là pour que les fabriques se débarrassent de leur patrimoine encombrant », précise Déborah Lo Mauro, conservatrice et animatrice de l’espace muséal. Qui sera chargée de faire le tri, en tant qu’historienne de l’art spécialisée dans l’art sacré.

Déjà beaucoup de demandes

Depuis le lancement du projet, une première wallonne, l’équipe du CHASHa a déjà été sollicitée par des fabriques d’église, mais aussi par des particuliers possédant des objets religieux et souhaitant que ceux-ci soient conservés de manière pérennes. L’action de l’asbl se porte aussi sur les couvents, nombreux à fermer. Plus d’une centaine d’objets lui ont déjà été confiés.

« Ce qui rassure, c’est que ce patrimoine sera conservé dans de bonnes conditions, qu’il pourra être montré et qu’il reste dans le giron de l’Eglise catholique », ajoute l’abbé Lorette. Les fabriques qui placent des objets en dépôts peuvent toujours en jouir pour des événements particuliers ayant trait à la vie de leur paroisse.

IMG 4968D’autres objets, provenant d’église désaffectées, peuvent être réaffectés à des lieux encore actifs. Outre conserver, le but est également de valoriser ces objets lors de célébrations religieuses. « Le but est de sauver le patrimoine, mais aussi de le cultiver pour que ça vive. »

Les objets confiés sont actuellement stockés à Tournai, en attendant que le conservatoire soit aménagé. Mais pour se faire, il faut parvenir à financer les travaux. C’est pourquoi un appel aux dons est lancé via la Fondation Roi Baudouin, qui soutient le projet. Toute personne souhaitant apporter sa pierre à l’édifice peut faire un virement sur le compte BE10 0000 0000 0404 avec la communication structurée 128/2816/00021. Tout don à partir de 40 € donne droit à la déductibilité fiscale.

Les trésors de l’ancienne abbaye de Bonne-Espérance

Pour cette première exposition dans son espace muséal, le CHASHa n’a pas choisi d’exposer des oeuvres lui ayant été confiées en dépôt, mais plutôt de présenter des oeuvres méconnues prêtées par 11 paroisses qui étaient jadis reliées à Bonne-Espérance. L’abbaye était une des plus importantes du secteur puisqu’elle avait sous sa coupole 22 paroisses.

C’est assez naturellement que le lieu a été choisi comme implantation du musée. L’exposition L’Art Sacré en Hainaut est accessible jusqu’au 8 octobre, chaque dimanche. Renseignements au 064 330 346 ou sur www.chacha.be.

(Source: Journal l’Avenir)

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