L’ordination diaconale de Frère Faustin: avec toute l’Eglise…

Ils étaient quatorze à participer à la liturgie qui s’est déroulée ce samedi 12 décembre à l’abbaye Notre-Dame de Scourmont à Chimay.

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« A l’origine », explique la communauté, « la célébration était prévue le dimanche afin de pouvoir y associer nos habitués. En raison des mesures anticovid de l’été, nous avons avancé l’ordination au samedi afin de permettre cette fois aux invités de Frère Faustin et de la Communauté d’être présents sans dépasser la jauge prescrite. Puis les églises ont dû fermer leurs portes pendant les offices, et c’est ainsi que nous étions 14 : probablement un record pour la Belgique ! »

Un appel au retour du Seigneur

Le chant d’entrée commençait par ces mots : « Pierre choisie pour porter l’édifice où Dieu rassemble ses enfants » avec comme refrain cette profession de foi : « Jésus, le Fils du Dieu vivant, est l’unique rocher qui nous sauve. »

Mgr Harpigny a ouvert la célébration en rappelant que c’était avec toute l’Église que nous célébrions. La première lecture (Si 48) et le psaume (79) étaient ceux de la liturgie du jour. Le Siracide nous parle du prophète Elie, figure bien connue de la vie monastique, et termine par cette promesse : « Nous aussi, nous possèderons la vraie vie ». Quant au Psaume, rythmé par le refrain « Fais nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut », il était un appel au retour du Seigneur tout en affirmant sa présence à nos côtés ; aux côtés de Frère Faustin et de sa communauté, mais aussi de notre Eglise et de notre monde : « Visite cette vigne, protège-là […]. Que ta main soutienne ton protégé […]. Fais-nous vivre et invoquer ton nom ».

Une école du service du Seigneur

La seconde lecture était celle de l’hymne à l’amour de 1 Co 13. Le diaconat est un service et Frère Faustin a été appelé pour servir. Ainsi, la tradition bénédictine parle du monastère comme d’une « école du service du Seigneur », conception affinée par la tradition cistercienne qui en parle comme une « école de la charité ». Service et Charité se sont comme incarnés dans l’évangile avec la figure du Christ serviteur en Jn 13 et le lavement des pieds. De beaux textes qui sont, pour Frère Faustin et pour ses frères, et pour chacun d’entre nous, un beau programme, un bel appel.

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Dans son homélie, Mgr Harpigny a justement insisté sur cet appel à vivre une charité concrète dans un monde qui, nous le voyons bien, est confronté au mal et à la souffrance. Il a aussi rappelé que le sacrement de l’ordre est un don de Dieu pour l’humanité, et que le diacre – comme nous-mêmes – est appelé à être signe de ce don pour les hommes et les femmes de notre temps : un appel à se laisser conformer par le Christ Serviteur.

Notre évêque a aussi notamment évoqué l’engagement à la prière du diacre, qui vient ici se fondre dans la prière monastique de Frère Faustin ; la prière comme lieu source de notre vie et de celle du monde.

« Oui, je le veux »

Mais avant l’homélie, il y a eu l’appel de Frère Faustin par le Père Abbé. Frère Faustin, en répondant « Me voici » à l’appel de son nom, s’est placé devant l’évêque. S’en est suivi un échange entre ce dernier et l’abbé au terme duquel Frère Faustin « a été jugé digne d’être ordonné » et a été « choisi comme diacre. »

Après l’homélie, il y eut le rite d’ordination proprement dit où l’évêque a posé à Frère Faustin plusieurs questions, auxquelles il a répondu trois fois « Oui, je le veux », puis « Oui, je le veux, avec la grâce de Dieu », et enfin « Je le promets ». On y trouve les dimensions de service, de charité, de simplicité de cœur, de foi, de prière, de fidélité, de célébration, de suite et de conformation au Christ, de communion… Puis Frère Faustin s’est prosterné sur le sol, pendant que la communauté invoquait pour lui tous les saints. Au terme de la litanie, il s’est agenouillé devant notre évêque qui lui a imposé les mains en silence, puis a récité la longue prière d’ordination.

Frère Faustin a été revêtu de l’étole violette et a reçu « L’Évangile du Christ, qu’il a mission d’annoncer » : « Soyez attentif à croire à la Parole que vous lirez, à enseigner ce que vous avez cru, à vivre ce que vous aurez enseigné ». Enfin l’évêque a donné le baiser de paix à l’ordonné en signe de communion, pendant que la communauté exprimait l’action de grâce de toute l’Eglise avec le Magnificat.

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Le partage de la parole et du pain

La célébration s’est poursuivie à l’autel où Frère Faustin officiait pour la première fois comme diacre. Après la communion, ce sont les paroles d’un autre chant qui résonnèrent dans l’église abbatiale : « Toi seul nous parle de la vie et nous la donne. Partage-nous ta parole et ton pain ».

Au terme de la célébration, une petite séance de photos fut de rigueur, puis un apéritif et un repas fraternel avec Mgr Harpigny et son chauffeur, mais ici se referment les portes de l’Abbaye…

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Le Frère Faustin : « Priez pour moi »

Ordonné diacre ce samedi à Scourmont, le Frère Faustin fait partie de la communauté depuis près de vingt ans.

Quand nous l’avons joint par téléphone quelques jours avant son ordination diaconale, le Frère Faustin Dusabe ne cachait pas sa peine. Car bien entendu ni sa famille, ni ses amis, ni les paroissiens fréquentant les offices de l’abbaye ne pourraient se joindre à lui pour ce grand jour. Reporter la célébration ? Nous ne maîtrisons pas l’évolution de la situation sanitaire… Mais c’est quand même l’esprit de l’action de grâces qui prédomine chez lui.

Le cœur de la vocation de Frère Faustin, c’est le monastère Notre-Dame de Mokoto, au Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo. Né le 7 septembre 1970, voici donc tout juste 50 ans, le jeune homme a très tôt fréquenté ce monastère fondé par Scourmont. A propos des moines, il dit : « J’ai rencontré leur témoignage de vie, leur prière, leurs œuvres caritatives – écoles, foyers sociaux, dispensaires. Ils mettaient leur charité en actes, pratiquant l’amour de Dieu et du prochain. Leur prière m’a beaucoup inspiré. »

En 1994, Faustin rejoint donc le monastère congolais. Sept ans plus tard, le voilà en Belgique, à la « maison-mère » à Scourmont, pour entamer des études de philosophie et de théologie à Louvain-la-Neuve. « A l’époque, je logeais la semaine au grand séminaire Saint-Paul et rentrait le week-end à Scourmont. » Ensuite, c’est à Paris qu’il passe deux années, pour une formation de maître des novices. Et aujourd’hui encore, il suit au séminaire de Namur une formation ministérielle.

Ministre ordonné, le Frère Faustin l’est désormais, en tant que diacre. Mais il a déjà pris depuis plusieurs années les engagements propres aux Cisterciens, avec sa profession solennelle voici déjà 16 ans. Ses fonctions à l’abbaye sont multiples : maître des novices (même s’il n’y en a actuellement pas), sous-prieur, membre du groupe des chantres… Il a été aussi un temps hôtelier et infirmier.

Ce samedi en l’abbatiale, les moines de Scourmont faisaient communauté autour de Frère Faustin, avec leur père abbé, Dom Damien Debaisieux, pour accueillir Mgr Harpigny venu lui conférer l’ordination diaconale.

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