Le patrimoine religieux, bien plus que des vieilles pierres…

Le patrimoine religieux, bien plus que des vieilles pierres…

Le colloque « Patrimoine religieux, passeur de foi » organisé par le service Art, Culture et Foi de notre diocèse a rassemblé environ 70 personnes ce samedi 24 septembre 2022. Une journée commencée et terminée à la Cathédrale, mais avec quelques détours étonnants dans la ville de Tournai.

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Depuis plusieurs décennies, le patrimoine a la cote. En témoigne le succès jamais démenti des Journées du patrimoine du mois de septembre, un concept officiellement institué en 1991 par le Conseil de l’Europe suite à une intuition – en 1984 déjà – du ministre français de la Culture de l’époque, Jack Lang. Avec des siècles d’histoire derrière lui, le patrimoine religieux reste évidemment l’une des pièces maîtresses de tout cet héritage laissé par celles et ceux qui nous ont précédés.

DSC 0935Édifices imposants ou chapelles rurales, statues, de bois, de marbre ou de pierre, vitraux sombres ou flamboyants, tableaux et tapisseries, objets de culte ou reliques, l’Europe regorge de richesses patrimoniales.

Mais savons-nous encore « lire » nos bâtiments-églises, s’est demandé d’entrée de jeu le vicaire épiscopal Jean-Pierre Lorette, responsable du service art, Culture et Foi ? « N’y-a-t-il pas là un ‘héritage’ catéchétique que nous gagnerions à redécouvrir ? En même temps, comment faire de nos églises des lieux où ceux qui aiment y entrer sans rien connaître de la foi chrétienne pourraient, peut-être, se laisser toucher par la grâce et la présence du Christ ressuscité ? Comment pouvons-nous les accueillir et les accompagner sur ce chemin ? »

Au seuil du mystère

C’est au Père Gilles Drouin qu’avait été confiée la tâche de nourrir la réflexion de l’assemblée sur la place du patrimoine religieux dans la transmission de la foi, dans l’accompagnement « jusqu’au seuil du mystère pascal » de celles et ceux qui l’admirent, le contemplent, se laissent interpeler. Ingénieur agronome de formation, Gilles Drouin a ensuite obtenu une licence canonique en théologie. Il a soutenu sa thèse de doctorat en théologie en 2018 et est aujourd’hui directeur de l’Institut Supérieur de Liturgie et conseiller de l’archevêque pour la restauration de Notre-Dame de Paris.

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Pour le conférencier, nos églises, immense héritage du patrimoine chrétien légué par des générations de croyants, sont beaucoup plus qu’un moyen, qu’un outil au service de la mission : « Si nous croyons que les artistes, les architectes, la foule des anonymes qui ont œuvré par exemple à la grande œuvre de la cathédrale qui nous accueille étaient inspirés, (…) nous devons ne pas avoir peur de postuler que cet Esprit est le même qui œuvre aujourd’hui encore dans le cœur de ceux qui en franchissent les portails mais aussi le même que Celui qui inspire les auteurs des textes de l’Écriture. »

Selon une enquête menée il y a une dizaine d’années, il semble qu’une « partie non négligeable de la société entre en affinité avec l’Eglise, y compris dans sa version institutionnelle, par la médiation du patrimoine et de l’art. (…) Il est bon d’identifier les socles communs qui permettent un dialogue en profondeur entre l’Eglise et le monde où nous sommes plantés, avec la vocation à fleurir là où Dieu nous a plantés. (…) Tout comme les valeurs de frugalité, d’ouverture et d’universalité sont autant de ponts entre l’Évangile et les ailes marchantes de nos sociétés post-modernes, l’enracinement dans une tradition médiatisée par la notion de patrimoine, et plus encore la dimension artistique de l’expérience spirituelle, a sa place dans ce dialogue fraternel. Autant de ponts qu’il nous convient d’emprunter en désignant le Mystère vers lequel ces différentes routes convergent. »

Un art « inspiré »

L’après-midi de cette journée d’étude se voulait un écho à la réflexion développée avec le conférencier, aux échanges fournis qui ont suivi avec le public mais aussi au film réalisé pour l’occasion par Cathobel – à la demande du service diocésain ACF – et diffusé quelques heures plus tôt. Pendant une vingtaine de minutes, ce « docu-fiction » nous avait en effet entraînés dans différents lieux du diocèse pour y déceler les témoins de foi qui s’y nichent et qui nous parlent.

Le baptistère Saint-Pierre de la collégiale de Leuze, les bas-reliefs de l’autel de la collégiale Sainte-Waudru à Mons, la surprenante abside de la basilique Saint-Christophe de Charleroi (avec ses deux millions de petits carrés de verre qui évoquent l’Apocalypse) ou encore les vitraux de l’église Saint-Martin, à Chièvres, véritable catéchèse en bande dessinée !

Les participants avaient ainsi pu choisir l’un des huit ateliers proposés pour partir à la rencontre de lieux et d’objets particulièrement évocateurs : la paramentique au Trésor, le jubé et des statues à la cathédrale, les vitraux de l’église Saint-Jacques, l’aménagement liturgique de l’église Saint-Brice, des icônes à l’évêché ainsi que le magnifique aménagement de la chapelle des sœurs de l’Assomption ou le cycle des 17 tableaux de Frans Pourbus au Séminaire.

« Chacun va maintenant rentrer chez soi, celles et ceux qui ont une responsabilité pastorale vont penser à ce qui peut être mis en place », a lancé Mgr Harpigny dans son petit mot de conclusion. « La catéchèse, c’est aussi habiter des lieux. C’est une réflexion à mener aujourd’hui par les passeurs de la foi… »

Agnès MICHEL

Lire aussi: Les 10 ateliers en images

* Le colloque « Patrimoine religieux, passeur de foi » a été mis sur pied par le service Art, culture et foi et le service de la catéchèse liée à l’initiation chrétienne. Merci à Déborah Lo Mauro et Christine Merckaert qui ont œuvré pendant des semaines pour que l’événement soit une réussite, ainsi qu’aux membres des autres services de l’évêché et aux bénévoles qui y ont apporté leur concours.

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