Les acteurs pastoraux formés à la prévention d’abus sexuels

Les acteurs pastoraux formés à la prévention d’abus sexuels

Régulièrement, les acteurs pastoraux de notre diocèse sont sensibilisés à la prévention des abus sexuels. La première des six rencontres prévues cette année vient d’avoir lieu à Mesvin.

Dans une des salles de la Maison de Mesvin, plusieurs acteurs pastoraux s’étaient rassemblés ce 18 octobre 2022 pour la première des six sessions de formation programmées cette année. « Il s’agit d’une session de formation mais aussi de sensibilisation », annonce d’emblée le vicaire épiscopal Philippe Vermeersch lors de son mot d’introduction.

Mgr Harpigny ajoute : « Il ne s’agit pas de culpabiliser les participants mais de leur faire prendre conscience qu’il existe aussi une prévention ».  Lorsque les acteurs pastoraux sont confrontés à des situations qui posent question ou sont témoins de transgressions, ils se demandent souvent ce qu’il convient de faire : parler ou se taire ? « Se taire, c’est un tort ! », martèle notre évêque, qui rappelle qu’il s’agit de non-assistance à personne en danger. Mais une interrogation demeure : faut-il le dire ?

Des points d’écoute

Pierre Bernard, diacre et responsable du point de contact diocésain pour les abus sexuels, présente une réponse : le point d’information central pour l’Église catholique en Belgique francophone. « Depuis septembre 2021, il existe un seul point de contact, avec des antennes dans tous les diocèses. Son but : être un point d’écoute de la victime. Elle veut être entendue et surtout être crue ». L’objectif final, comme il le répète, c’est la tolérance zéro et la prévention des abus.

Plusieurs brochures sont ensuite présentées. Parmi elles, le « Protocole pour le fonctionnement du point de contact unique », qui reprend de nombreuses informations et donne les coordonnées du point de contact et des antennes locales au sein des diocèses et de la COREB.

Un autre document mis en avant est le récent « Code de conduite pour les collaborateurs dans l’Église » (2019), qui explique notamment comment signaler un abus et souligne l’importance de la vigilance. La lecture du livre de Cécile Guillaume « Dieu est passé par là », publié en 2022, a également été recommandée.

Et dans le droit canonique ?

Pour aborder les aspects canoniques de cette question, les participants ont reçu un document réalisé par l’Officialité. Celle-ci rappelle l’existence d’un droit pénal dans l’Église, dont la finalité est « le rétablissement de la justice, l’amendement du coupable et la réparation du scandale » (canon 1311§2). La note rappelle aussi que, depuis 2021, les abus sexuels ne sont plus considérés par le droit pénal canonique comme des « délits contre des obligations particulières des clercs ou religieux » mais comme des « délits contre la vie, la dignité et la liberté humaine ».

En parcourant et commentant ce document, Pierre Bernard a rappelé que s’il existe des règles concernant la prescription, la Congrégation pour la doctrine de la Foi peut lever cette prescription, ce qu’elle fait régulièrement.

Traitement de la délinquance sexuelle

Pour parler des auteurs de ces faits, deux intervenantes ont pris la parole : Marie-Hélène et Jessica, qui travaillent au sein du Service d’Écoute et d’Orientation Spécialisée (SéOS), qui fait partie de l’Unité de Psychopathologie Légale (UPPL).

L’Unité est un centre d’appui aux professionnels et s’occupe d’expertises mais aussi d’accompagnement et de prise en charge thérapeutique des auteurs. Parmi les différentes missions de cette Unité, le SéOS est un service d’écoute anonyme via téléphone, chat ou mails. Les personnes concernées peuvent être des personnes qui s’interrogent sur le consentement ou sur les déviances, des professionnels ou des membres de l’entourage d’une personne, voire un auteur de faits. « Pour que la personne ose dire, la personne en face doit être en capacité d’entendre », rappelle Marie-Hélène.

Après avoir présenté leur service et leurs missions, Marie-Hélène et Jessica ont distribué aux participants des « vignettes », soit des extraits de témoignages (évidemment rendus anonymes). Deux de ces « vignettes » concernaient des victimes, une autre un auteur et la dernière un témoin qui s’interroge. Après la lecture de ces documents est venu le temps des questionnements. Oralement ou par écrit, les personnes présentes ont pu poser leurs questions soit sur ce qui venait d’être lu ou sur ce qui avait été dit.

« S’il faut retenir trois choses », précisent Marie-Hélène et Jessica, « c’est l’importance d’un lieu de parole neutre, sans sanction ; la question du temps (plus on intervient rapidement, plus vite on permettra que les choses se disent) et le fait que la sexualité est une pulsion de vie ».

Marie Lebailly

Prochaines sessions de formation :

• Le lundi 7 novembre 2022 au Séminaire de Tournai,
• Le lundi 28 novembre 2022 au Centre communautaire de Marcinelle (rue de Nalinnes 555 – 6001 Marcinelle),
• Le lundi 12 décembre 2022 au Séminaire de Tournai,
• Le mardi 24 janvier 2023 à la Maison de Mesvin,
• Le mardi 31 janvier 2023 au Centre communautaire de Marcinelle.

Il s’agit bien de la même formation qui se tient en différents lieux et à différentes dates. Nous vous demandons d’ores et déjà de vous y inscrire selon votre convenance en utilisant l’adresse email suivante : accueil@evechetournai.be

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