Le « Petit journal du SAPAM » : l’abbé Joseph Dermaut

Le « Petit journal du SAPAM » : l’abbé Joseph Dermaut

Le SAPAM, vous connaissez ? Le Service d’Accompagnement des Prêtres Âgés et/ou Malades vous propose son « Petit Journal » dans une rubrique d’Église de Tournai. Celui-ci vous donne des nouvelles de nos prêtres âgés.

Un « jeune retraité » depuis la Toussaint 2022

Pourquoi ce départ ?

Pourquoi quitter une mission et une maison où je me sentais bien pour aller vers l’inconnu ? Pour moi, c’était normal de prendre la pension à 75 ans – obéissance à la loi civile ! – pour vivre encore… pleinement. Car j’étais en pleine forme, tout fonctionnait bien sans moi, entouré de beaucoup de gens dans une entente très cordiale et de bonnes équipes, notamment la célébration des funérailles sans prêtre, service d’entraide… À mon départ de La Louvière, j’ai voulu que la célébration – eucharistie, repas, fête de famille – pour dire MERCI à Dieu s’étende à toutes « les saintes femmes et les hommes bienheureux » avec qui et grâce à qui j’ai pu servir pendant 24 années !

Comment s’est passée la transition ?

Du jour où la retraite a été acceptée au jour du départ, il s’est passé de longs mois où j’ai continué à travailler bénévolement. Je n’ai pas pu préparer le déménagement, tout a été emballé sans trop de sélection… et de nombreuses caisses sont encore là en l’état !

Quitter une grosse agglomération urbaine de 80 000 habitants pour rejoindre
une population de 24 000 habitants répartis dans 22 villages, c’est un grand choc, un changement de monde. 37 km d’un bout à l’autre de l’Unité Pastorale du Val de l’Escaut. Où se trouve la Poste, l’Hôtel de Ville, le magasin de… ? Pour un rien, il faut aller à Tournai ! Le jour du déménagement, j’ai demandé au camionneur de compter les voitures qui passaient sur la rue devant la cure. Il m’a dit qu’il en avait compté 7. Tu sais combien il en passait devant chez moi à La Louvière ? 10 000 !

À l’arrière de ma maison, il y a un beau et grand jardin. À la Sainte-Catherine, j’y ai fait planter plusieurs arbres fruitiers (pommiers, poiriers, pruniers, groseilliers, mirabelliers) et des plantes et des bulbes… pour les 10 années à venir ! Et quand les amis viendront me voir, nous pourrons y partager des barbecues.

Les premiers jours à Estaimpuis, le week-end de Toussaint 2022, c’était full de célébrations. Je découvre vraiment un autre monde !

Comment vivez-vous votre retraite ?

Je suis plus animateur que célébrant. Animateur de foi, d’équipes : soutenir, encourager les animateurs… Mais j’aime célébrer et les funérailles sont des moments privilégiés. Retrouver le contact avec les familles, donner du temps à la rencontre.

Maintenant, je suis plus relax. Le soir, la tête est plus reposée et je dors mieux.
Je réserve deux temps forts le matin et le soir, plus personnels, pour la prière,
la méditation et la lecture. Et puis la journée se construit. J’ouvre l’agenda,
toute une semaine s’ouvre devant moi et j’y mets de la couleur : une conférence,
une session, une visite d’amis… On ne va pas du tout au rien, car je garde
mes engagements hors paroisse.

J’ai eu la chance d’avoir une formation ouverte sur le monde par l’école sociale, en plus du séminaire. La chance de vivre pendant 17 années jeune prêtre avec les jeunes et puis notamment les 24 années à La Louvière. Une vie  heureuse grâce à Dieu et tous les chrétiens à qui je faisais confiance et aussi le soutien de ma famille spirituelle, Cor Unum et mon père spirituel.

On a besoin de soutien, d’équipes d’amis. On ne peut pas rester seul !

Comment voyez-vous l’avenir ?

À côté de mes responsabilités pastorales de curé, j’ai toujours gardé d’autres engagements comme l’action catholique, l’aumônerie d’oeuvres, les équipes populaires, les services sociaux pour élargir la vue, les centres d’intérêts. Maintenant encore, j’ai accepté de rejoindre l’équipe du SAPAM parce que c’est un beau service qu’il faut absolument faire vivre, j’ai toujours été attentif aux confrères malades et je voulais vivre un autre service que la paroisse.

Toute ma vie, j’ai essayé de dire « oui ». J’ai parfois résisté. On m’a proposé autre chose, j’ai accepté. Nouveau changement : résistance, acceptation… Finalement, c’est providentiel : le Seigneur est passé par là, il a parlé. La confiance qui porte à répondre « oui » offre de découvrir d’autres aventures magnifiques. Ce n’est pas toujours facile mais en faisant confiance aux responsables, une confiance active et réfléchie, cela ouvre un chemin de découvertes et de bonheur.

Propos recueillis
par Rino Endrizzi

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