EVRAS : complément d’information

EVRAS : complément d’information

Myriam Gesché, déléguée épiscopale pour l’enseignement du diocèse de Tournai, apporte de nouvelles précisions concernant l’EVRAS (Éducation à la vie Relationnelle, Affective et Sexuelle).

La publication sur le site du diocèse de Tournai d’une information sur l’EVRAS a fait l’objet de retours le plus souvent positifs. Plusieurs ont dit avoir apprécié que des informations nécessaires pour contrebalancer toutes les fausses informations qui circulent viennent aussi de l’évêché.
Des retours plus mitigés ou exprimant des questions m’amènent cependant à élargir encore la contextualisation de cette implémentation de l’EVRAS.

Rappelons d’abord que cet EVRAS obligatoire ne représente que 2 fois 2 heures sur l’ensemble du parcours des élèves dans l’enseignement obligatoire ! Elle est à situer dans un projet éducatif global.
Dans l’Enseignement catholique, le texte de référence, Mission de l’École chrétienne (2021), exprime l’importance de l’accomplissement corporel et d’une éducation visant à la fois la santé, le bien-être et l’accomplissement de chacun.

« Un rapport harmonieux au corps est considéré par nos écoles comme une condition de la dignité et de la liberté de la personne. Le corps est constitutif des échanges de chacun avec le monde et autrui. Il ne peut jamais être réduit à un objet ou à un instrument. Il s’agit d’accompagner le développement physique, moteur, relationnel, affectif et sexuel de la personne par une éducation visant à la fois sa santé, son bien-être et son accomplissement. (…) Notre école est soucieuse de santé individuelle, qu’elle soit mentale ou physique, et de santé publique. Le partenariat avec les Centres psycho-médico-sociaux (CPMS) représente un élément structurant de son projet éducatif. »

Une thématique en évolution

Il y a plusieurs niveaux à distinguer dans la mise en œuvre de ce projet éducatif et de ce passage en particulier dans une école :

  1. L’éducation informelle : au jour le jour, dans le quotidien de la vie de l’école (les activités, les sorties, les voyages,…)  les instituteurs, les professeurs et les éducateurs jouent un rôle important pour une éducation à la relation en général.
  2. L’éducation formelle : elle s’inscrit dans les programmes du tronc commun qui relèvent du réseau, dans le fondamental et dans les diverses disciplines du secondaire (sciences, éducation physique, religion, éducation citoyenne transversale).
  3. Les animations EVRAS par des intervenants extérieurs labellisés choisis par l’école.

Les médias ont joué leur rôle pour informer le plus clairement possible sur les nouveautés relatives à cet EVRAS. Des émissions comme Déclic ont permis de rappeler combien la mise en œuvre de cette thématique a évolué au fil du temps et des préoccupations éducatives et sociétales.

Le monde change rapidement. Les jeunes ont accès à toutes sortes d’images, d’informations ou de désinformations, au foisonnement des réseaux sociaux, des sites. Le droit, notamment en matière d’identité, évolue à un rythme surprenant et il est loin d’être sûr que tous les citoyens en soient informés. Les bien trop nombreux faits d’actualité relatifs aux abus, aux inégalités de genre, au manque de respect de chaque personne notamment nous indiquent qu’il y a encore un travail éducatif important à faire. Chacun a à balayer devant sa porte.

Collaboration autour d’un cadre commun

Si cette matière a fait l’objet de façon récurrente de tension entre idéologies différentes, il n’est pas correct de dire que le guide EVRAS actuel est la traduction des idéologies extrémistes LGTBQI+.
Il est important de noter, et c’est une avancée très positive, que le processus qui a débouché aujourd’hui sur la mise en place de l’EVRAS est l’aboutissement de stratégies concertées EVRAS. Il s’agit d’un espace d’échanges au sein duquel les acteurs et actrices internes et externes à l’école ont collaboré en vue d’élaborer un cadre commun.

Ce travail s’est étalé sur plusieurs années : compilation de référentiels internationaux, littérature sur les méthodes et les besoins des jeunes en matière d’EVRAS, récolte des paroles et questions des jeunes qui ont permis de structurer le guide à destination des animateurs EVRAS.

Si certains aspects de ce guide font l’objet de questions ou d’incompréhensions légitimes, il faut savoir que celui-ci évolue. La version disponible en ligne est la quatrième version. Des ajustements s’opèrent et devront certainement encore s’opérer à l’avenir. Un outil pédagogique doit pouvoir évoluer. Il faut rappeler que ce guide ne prétend pas à l’exhaustivité et n’a rien d’un programme reprenant tous les apprentissages à aborder. Il se présente comme des balises, des repères dont les animateurs se serviront en fonction des besoins et des attentes des enfants et des jeunes pour tenir compte des réalités vécues par ceux-ci. Il ne s’agit en rien de normes figées.

Des animateurs professionnels et contrôlés

La neutralité de ces animations est questionnée. Nous savons que la neutralité absolue n’existe pas.
Si certaines valeurs communes sous-tendent bien sûr cette éducation (le respect de chacun, la liberté, la bienveillance,…), l’objectif de ces animations est davantage de l’ordre de l’information que de l’ordre de l’éducation morale qui, elle, peut relever de contextes philosophiques différents. Les animateurs devront faire preuve de probité, se mettre à l’écoute des enfants et des jeunes et traiter leurs questions avec une méthodologie respectueuse de ceux-ci.

Beaucoup d’enseignants sont désarçonnés par les questions des élèves en matière d’EVRAS et sont heureux de pouvoir compter sur l’appui de professionnels. La labellisation permet d’éviter que des intervenants animés justement par l’une ou l’autre idéologie qui échappent parfois aux directions d’écoles n’occupent le terrain de ces animations. Ils seront contrôlés.

Le brassage des cultures est tel dans notre pays que les questions relatives au corps, à la sexualité, aux rôles et aux droits attribués aux hommes, aux femmes, aux minorités,… ne font pas l’unanimité et font parfois l’objet de chocs de cultures. Elles sont à replacer au minimum dans le contexte de notre état de droit. Nous vivons dans un monde où le développement d’une culture du dialogue est plus important que jamais. Le processus EVRAS s’inscrit dans cette perspective.

Myriam Gesché
(28-09-2023)

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