Sœurs Ursulines à Mons: ce n’est qu’un au revoir
Il y a 375 ans, une communauté d’Ursulines s’implantait à Mons. Les dernières sœurs du «Caillou blanc» s’en vont mais en laissant une forte empreinte dans la cité du Doudou et un établissement scolaire réputé qui porte leur nom. Ce 14 octobre 2023 était le jour de l’au revoir solennel. Sans (trop de) tristesse et avec la certitude que leur mission se perpétuera.
Elles sont arrivées à Mons le 21 octobre 1648. Une semaine avant la date anniversaire de ces 375 ans de présence dans la ville, plusieurs centaines d’enseignants, d’élèves, d’anciens et de sympathisants de la communauté des Ursulines se sont retrouvés dans la Collégiale Sainte-Waudru pour leur dire merci et au revoir, lors d’une eucharistie présidée par Mgr Guy Harpigny, aux côtés du doyen André Minet.
«375 ans de présence, de prière, de service, de projets, de déménagements, d’accompagnement des jeunes. Cette longue histoire, c’est un trésor que nous remettons dans les mains du Seigneur. Ce long compagnonnage est une grâce», a lancé d’emblée la Provinciale des Ursulines, venue de France avec de nombreuses autres sœurs de la congrégation pour ce moment important de leur histoire. «Vous allez continuer à faire fructifier ce trésor, la vie est plus forte que ce moment difficile du départ. Nous avons la conviction que les enfants et les jeunes sont à aimer au-delà des capacités qu’ils dévoilent. Les anciens se souviennent des sorties scolaires, des pièces de théâtre, de l’incendie juste avant la rentrée en 2011, du Caillou blanc [ndlr: la maison attenante à l’école où résidaient les sœurs]: tout cela, c’est un socle pour poursuivre notre mission dans l’espérance.»
Sainte Angèle, synodale et audacieuse
Pour Mgr Harpigny aussi, c’est aussi avec optimisme et confiance qu’il faut vivre cet événement: «Célébrer l’anniversaire d’une communauté religieuse, c’est magnifique. On a l’habitude, pour un anniversaire, d’avoir un gâteau. Comme chrétiens, nous avons aussi l’habitude de regarder ce qu’on a donné.» Et en près de quatre siècles, les sœurs ont incontestablement apporté beaucoup à la ville de Mons.
Les anniversaires sont souvent l’occasion de relire ce qui a été vécu depuis la naissance, de voir les personnes autour de nous qui ont reçu un appel particulier. Comme Angèle, fondatrice des Ursulines. «Angèle vivait au 16e siècle une période difficile pour l’Église, une Église divisée. Il y avait même plusieurs papes! Mais elle a découvert qu’on pouvait faire partie de la vie consacrée et rendre service à la population. Il fallait vraiment avoir confiance dans le Seigneur, à une époque, pour commencer une œuvre alors que tant de conceptions différentes du christianisme coexistaient…»
Alors c’est vrai, on ne verra plus de sœurs Ursulines à Mons, mais cela n’empêchera pas leur charisme de se poursuivre et de continuer à donner du fruit.
À l’écoute des signes du temps
Comme notre évêque le répète souvent, le monde change. «Mais quelles que soient les circonstances, quand on participe à la Pâque de Seigneur, on voit quelque chose qui germe. Aujourd’hui, il nous fait découvrir tout ce que nous avons reçu pendant des siècles. Et nous remercions aussi celles et ceux qui, sans être Ursulines, ont participé à ce charisme.»
Et d’insister sur quelques questions essentielles, en privilégiant le discernement aux lamentations: Quels sont les signes des temps? Comment partager les dons reçus pour être chrétiens ensemble? Où mettons-nous notre témoignage? «Il y a encore beaucoup de choses à faire, dans la société et dans l’Église, pour arriver à des situations équitables. (…) Nous sommes parfois inondés de mauvaises nouvelles. Mais le Seigneur est toujours là pour nous aider à discerner et il invite tout le monde au banquet.»
Et c’est avec enthousiasme et sur des notes légères que la chorale, spécialement composée pour l’occasion de professeurs et élèves d’hier et d’aujourd’hui, a conclu la célébration, tout en invitant les nombreuses personnes présentes à partager encore quelques moments d’amitié et de souvenirs avec les sœurs Ursulines au fond de la Collégiale, un verre à la main.
Agnès Michel
Mais encore…
- Qui était Angèle Merici ?
- Une journée pleine de souvenirs…
(échos de la séance académique
par Hubert Wattier)
(Vidéo réalisée par © Sonostradamus)