Tournai : un message de paix aux Marronniers

C’est sans doute la dernière fois que Mgr Harpigny présidait la messe de Noël comme évêque de Tournai au sein de l’Hôpital Psychiatrique Sécurisé du centre «Les Marronniers». L’équipe d’aumônerie et les patients n’ont pas manqué de le remercier pour ses 20 années de présence à leurs côtés.

Ils étaient une petite quarantaine, en cette fin d’année 2023, à s’être rassemblés dans la salle du Tribunal d’application des Peines, comme chaque année réaménagée en chapelle pour l’occasion. Moins que d’habitude, notamment à cause d’une recrudescence du Covid qui a contraint au confinement l’un des 11 pavillons de la partie carcérale du Centre régional psychiatrique tournaisien. Qu’à cela ne tienne, l’atmosphère était tout aussi joyeuse pour prolonger l’esprit de Noël.

Le diacre Paul Laurent, responsable de la petite équipe d’aumônerie qui œuvre au cœur de ce qu’on appelait il y a encore quelques années la «Défense sociale», a tout d’abord chaudement remercié Mgr Harpigny pour sa présence indéfectible. Mais aussi pour leur avoir «envoyé», un an plus tôt, l’abbé Axel Delcoigne: «C’est avec bonheur qu’il nous rejoint pour présider l’eucharistie et visiter les patients… et tout le monde s’en réjouit! En leur nom, merci Axel de ta présence rayonnante, de ton écoute et de ton enthousiasme.»

Dieu a-t-il tout raté?

Dans un monde en proie aux conflits, c’est pourtant de paix que Mgr Guy Harpigny a longuement parlé en cette messe de Noël. «Une des réalités les plus difficiles à découvrir est que Dieu donne la paix. Quand on regarde les médias, ce qu’il se passe à Gaza, au Congo ou en Ukraine, on est loin de la paix. Quand on chante ‘Paix sur la terre’, c’est aussi une demande. Il faut qu’il y ait des artisans de paix, on doit essayer de faire la paix ici, chez nous, autour de nous. Parfois, on se sent bouillir intérieurement, mais ensuite on comprend que ce n’est pas la bonne voie.»

Un peu provocateur, notre évêque s’interroge. En voyant toute cette violence qui nous entoure, on pourrait penser que Dieu a tout raté… «Dieu est patient. Il ne s’impose pas, il n’impose pas sa paix. De la même manière, Jésus invitait les gens à le suivre, il ne les y obligeait pas et ne jugeait pas ceux qui refusaient. (…) Et finalement, ce sont des gens qui étaient préparés à l’accueillir qui l’ont condamné, mais il s’est laissé faire. Il n’a jamais désespéré, il a toujours fait confiance à son Père car il savait que ce que Dieu lui demandait serait bon pour toute l’humanité.»

Alors de la même façon, Mgr Harpigny invite les patients rassemblés devant l’autel à ne jamais baisser les bras face aux difficultés de la vie, à garder confiance «même si parfois on pense ne servir à rien» car des personnes sont là pour nous aider.

Les bras chargés de cadeaux

Pour clôturer la célébration, Christopher, qui annonce sous les applaudissements de l’assemblée qu’il sera libéré dans les prochains jours, entonne Douce nuit, sainte nuit en s’accompagnant à la guitare. Tous les participants vont encore s’attarder un moment pour échanger un peu, profiter d’un café ou d’un chocolat chaud, déguster une brioche. Ils recevront aussi une carte de Noël et un calendrier, pour ceux qui le souhaitent.

Et ils ne sont pas les seuls à repartir avec un petit cadeau. Avec beaucoup de patience et de cœur, Michel, un patient, a réalisé une sculpture pour Mgr Harpigny. Il a ainsi dû s’y reprendre à trois fois pour représenter Jésus, Marie et Joseph car le séchage et la cuisson n’étaient pas choses aisées. Mais la magnifique pièce, qui devra encore être émaillée, a pu être finie juste à temps, le matin-même de la célébration aux Marronniers. Un autre patient, lui, a assemblé photos, carte remplie de signatures et guirlande lumineuse pour offrir à notre évêque un souvenir scintillant de ces 20 années de partage à l’Hôpital Psychiatrique Sécurisé. Aux Marronniers, tous espèrent maintenant que le prochain évêque les rejoindra pour célébrer Noël en décembre 2024!

Agnès MICHEL