Les points de contact de l’Église se concentrent sur la reconnaissance et l’écoute des victimes d’abus sexuels

Les points de contact de l’Église se concentrent sur la reconnaissance et l’écoute des victimes d’abus sexuels – La commission d’enquête a entendu les coordinateurs flamands et wallons

Le 5 février 2024, la commission d’enquête parlementaire de la Chambre, chargée d’enquêter sur la gestion des abus sexuels dans l’Église et ailleurs, a entendu les points de contact de l’Église. La coordinatrice flamande, Mia De Schamphelaere, a souligné que ces points de contact travaillent de manière indépendante, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas placés sous l’autorité ni l’influence de l’évêque ou d’un supérieur religieux. L’accent est mis sur l’écoute et la reconnaissance des victimes et sur une éventuelle compensation morale, par le biais d’une convention de transaction, des souffrances liées aux abus du passé, faisant l’objet de prescription sur le plan juridique.

Contrairement à la justice, aucune preuve matérielle n’est requise pour qu’un abus soit reconnu. Ce qui compte, c’est la crédibilité des témoignages des victimes. Cette mesure s’inscrit totalement dans la continuité de la politique du centre d’arbitrage recommandée par la précédente commission parlementaire sur les abus en 2011.

Une compensation morale sous la forme d’une somme d’argent est possible. Elle suit les lignes directrices et les montants approuvés par le Parlement fédéral en 2012, avec l’aide d’experts juridiques.

Les conventions de transaction n’impliquent pas d’obligation de silence. La convention de transaction est établie sur proposition des experts en arbitrage, avec l’approbation de la Commission de suivi parlementaire. La clause de confidentialité sert avant tout à garantir la vie privée de la victime. Celle-ci est autorisée à parler des faits, comme l’a montré la série Godvergeten. Néanmoins, d’un point de vue juridique, il convient d’être prudent quant aux noms des auteurs, car ceux-ci n’ont jamais été condamnés par la justice.

Le point de contact et les coordinateurs ne se substituent jamais à la justice. Les abus commis sur des mineurs ou par un auteur encore en vie sont toujours signalés au parquet : c’est la tolérance zéro. Si les victimes ne peuvent plus s’adresser à la justice en raison de la prescription ou du décès de l’auteur, le point de contact de l’Église les aide, les reconnaît et les accueille.

Le point de contact coopère avec tous ceux qui s’engagent à prendre en charge la souffrance des victimes. Les coordinateurs se sont notamment entretenus avec des victimes en présence du prêtre Rik Devillé et de Norbert De Béthune du groupe de travail Droits de l’homme dans l’Église, ainsi qu’avec des victimes assistées par le cabinet d’avocats Van Steenbrugge. D’autres points de contact également orientent régulièrement les victimes vers le point de contact de l’Eglise, compte tenu du besoin de reconnaissance et de compensation des victimes de la part de l’Église.

Mia De Schamphelaere : « Pendant toutes ces années, j’ai rencontré 149 personnes brisées, de Maaseik à Diksmuide, dans de belles demeures, des appartements loués, des institutions psychiatriques et des prisons. Je ne me suis jamais habituée aux histoires horribles d’abus sur des enfants. À chaque fois, je me suis fait toute petite, je suis devenue tout ouïe, j’ai laissé la plaie s’ouvrir et j’ai écouté leur vécu, qui s’est avéré être un combat de survie sans issue. (…)

Le fait d’être écouté pour la première fois au sujet du mal qui leur a été fait, sans que leurs propos ne soient mis en doute, sans être assailli de questions liées aux preuves, d’être accepté et reconnu en tant que victime et d’entendre les excuses officielles de l’Église, c’est vraiment libérateur. Grâce à ces conversations, nous avons pu aider les victimes dans leur processus personnel de récupération.

Dans ce cadre, nous avons déjà pu ressentir beaucoup de gratitude. Dans cette gratitude de la part des victimes, nous trouvons de nouveau le courage de nous attaquer aux nouveaux messages d’abus reçus. Car les signalements ne cesseront d’affluer. En effet, pour traiter des abus subis à un âge précoce, il faut toute une vie. Personne ne sait à l’avance quand les stratégies personnelles de refoulement seront brisées, quel sera l’élément déclencheur ni quand viendra le moment approprié pour oser en parler. »

Le fonctionnement du point de contact est défini dans un protocole, complété par un rapport annuel et d’autres informations pertinentes relatives à la politique de l’Église en matière d’abus.

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