Abus sexuels : communiqué de l’Église de Belgique

Abus sexuels: l’Église catholique veut travailler sur de nouvelles recommandations des commissions parlementaires

En 2023-2024, les commissions parlementaires de la Chambre des représentants et du Parlement flamand se sont penchées sur les abus sexuels dans la société et en particulier dans l’Église catholique. Elles ont conclu leurs travaux au début du mois de mai en formulant une série de recommandations. À présent que la plupart des gouvernements et des parlements ont repris leur travail depuis les élections de juin, l’Église catholique demande que les mesures nécessaires soient prises pour traduire ces recommandations en actions.

Journées de rencontre et enquête

L’Église catholique a pleinement coopéré avec les commissions parlementaires sur les abus sexuels, mises en place après la série Godvergeten de la VRT. Elle s’est également engagée à mettre en œuvre les recommandations de ces commissions et à poursuivre le dialogue avec les instances compétentes au niveau de l’implémentation. À cette fin, les parlements et gouvernements devraient fournir le cadre juridique nécessaire et les modalités d’exécution correspondantes.

Concrètement, il s’agit de proposer une aide psychologique à toutes les victimes d’abus sexuels, de désigner un commissaire national et un comité d’experts dans la lutte contre les abus sexuels, de mettre en œuvre une politique indépendante de soins et d’accompagnement pour toutes les victimes d’abus sexuels, d’accorder des aides et de dégager les moyens nécessaires à la mise en œuvre effective de toutes ces mesures.

Rapport annuel 2023-2024

En attendant ce cadre gouvernemental nécessaire, les points de contact de l’Église catholique poursuivent leur travail. Ils le font sur la base des recommandations de la commission parlementaire 2010-2011, que l’Église ne cesse de mettre en œuvre dans leur intégralité. L’Église est par exemple la seule institution de notre pays à avoir accepté la proposition d’arbitrage de permettre également aux victimes d’actes prescrits aux yeux de la justice d’être entendues, reconnues et indemnisées financièrement. De sa propre initiative, l’Église a poursuivi ce travail au-delà des cinq années de fonctionnement de la Commission d’arbitrage (2012-2017).

L’Église catholique de notre pays rend régulièrement compte du fonctionnement des points de contact. Elle s’efforce ainsi de faire preuve de transparence et invite explicitement et de manière répétée les victimes à se manifester. Le dernier rapport en date couvre la période du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024. Deux cent dix-huit (218) signalements ont alors été enregistrés, principalement des abus historiques datant des années 1950, 1960 et 1970. Par rapport aux 47 signalements du rapport annuel précédent, les chiffres ont donc presque quintuplés.

Cette hausse est probablement due à la série Godvergeten de la VRT, qui a été diffusée en septembre 2023 et qui a eu l’effet positif d’encourager les victimes à se manifester. Cela indique également que les points de contact instaurés par l’Église catholique et fonctionnant indépendamment d’elle répondent à un besoin spécifique des victimes. Le rapport est disponible dans son intégralité ici.

Demande de radiation du registre des baptêmes

En 2023, 14 251 personnes ont demandé à être radiées des registres de baptême de l’Église catholique en Belgique, dont 98% en Flandre et dans l’archidiocèse. Les années précédentes, ce chiffre tournait en général autour des 1200, avec un pic à plus de 5000 en 2021. Aucune raison n’est demandée lors d’une demande de radiation, mais beaucoup ont spontanément indiqué qu’ils le faisaient par dégoût pour les abus sexuels dans l’Église catholique et la culture du silence présente dans le passé, comme le montre la série télévisée Godvergeten.

Célébrations commémoratives

Le 18 novembre marque la Journée mondiale des Nations unies pour la prévention et la guérison de l’exploitation, des atteintes et des violences sexuelles visant les enfants. L’Église catholique en Belgique s’associe à cette journée pour commémorer la souffrance des victimes d’abus et renouveler son engagement dans la prévention des abus sexuels.

Les évêques encouragent les croyants à commémorer cette Journée mondiale le dimanche 17 ou le lundi 18 novembre et à prier pour les victimes d’abus et de violences, au cours des célébrations liturgiques. La Commission Interdiocésaine de Pastorale Liturgique (CIPL) a préparé un ensemble de suggestions liturgiques qui peuvent être utiles pour une telle célébration commémorative ou un tel moment (pour télécharger l’ensemble, cliquez ici).

Une célébration commémorative nationale aura lieu à la basilique de Koekelberg le dimanche 17 novembre à 17h30, présidée par l’archevêque Luc Terlinden. Quelques victimes y prendront la parole. Un moment de commémoration, présidé par l’évêque Lode Aerts, aura lieu dans la cathédrale de Bruges le même jour à 10h. La basilique et la cathédrale s’inclineront toutes deux devant la statue qui y a été placée en mémoire des victimes d’abus sexuels dans l’Église. À la cathédrale de Tournai, le dimanche 17 novembre, après l’eucharistie de 10h, Mgr Guy Harpigny dévoilera un symbole commémoratif peint par une victime d’abus.

Plan d’action en dialogue avec les victimes

La Conférence des Évêques travaille actuellement à l’élaboration d’un plan d’action actualisé dans le cadre de sa lutte soutenue contre les abus dans l’Église catholique. Les recommandations des commissions de la Chambre des représentants et du Parlement flamand, qui se sont penchées l’année dernière sur les abus sexuels dans la société et en particulier dans l’Église, constituent des principes directeurs importants pour cette mise au point. À cette fin, l’Église a déjà organisé plusieurs moments de dialogue avec des victimes d’abus sexuels et a également diffusé une enquête par le biais d’un appel public. On attend les résultats de cette enquête, que la KU Leuven est en train de finaliser.

L‘archevêque Luc Terlinden a écouté les victimes qui ont rencontré le pape François le mois dernier lors d’une réunion de suivi hier soir. Il leur a indiqué que l’Église publiera prochainement une offre d’emploi afin d’assurer la coordination professionnelle et indépendante de l’implémentation et du suivi du plan d’action.

Le samedi 7 décembre, l’Église prévoit une nouvelle journée de rencontre avec les victimes d’abus sexuels pour présenter le plan d’action et écouter leurs réflexions. Les victimes qui ont fait part de leur intérêt dans le cadre de cette enquête seront invitées. D’autres victimes reconnues peuvent également se manifester.

Toutes les informations sur la manière de signaler un abus dans une relation pastorale sont regroupées sur cette pageLes rapports, brochures, code de conduite pour les personnes travaillant dans l’Eglise et autres informations y sont également disponibles.

Un aperçu de toutes les mesures prises par l’Église catholique en Belgique pour lutter contre les abus sexuels dans le cadre d’une relation pastorale est disponible ici.

23/10/2024
Service de presse de la Conférence des Évêques de Belgique

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