Service Migrations: tout savoir sur la protection internationale

Tout savoir sur la protection internationale

La Pastorale des migrations du diocèse de Tournai poursuit son travail de sensibilisation et d’information. Après s’être penchée sur le parcours d’intégration en novembre 2024, elle a mis le processus de demande de protection internationale (autrefois appelée «demande d’asile») au centre de l’attention.

Sans relâche, le service diocésain des Migrations forme et informe, aide à comprendre tout ce qui se cache derrière un phénomène dont on parle beaucoup mais qu’on ne connaît pas toujours bien, et s’attache aussi à patiemment déconstruire les préjugés. Le jeudi 10 avril 2025, c’est Hélène Tilmanne, directrice adjointe du Centre d’accueil de la Croix-Rouge de Genappe, qui est venue à la maison de Mesvin pour expliquer à une bonne trentaine de participants comment se déroule une demande de protection internationale et comment est géré l’accueil des demandeurs en attente de réponse.

En ouvrant cette session de formation, l’abbé Claude Musimar, responsable de la Pastorale des migrations, a rappelé à chacune et à chacun que la terre sur laquelle nous habitons n’est pour nous qu’une demeure temporaire. Et que jamais nous ne devrions nous en sentir propriétaires…  

La Croix-Rouge: une approche humanitaire

Plusieurs grands principes sont inscrits dans la charte de la Croix-Rouge, parmi lesquels on retrouve l’humanité, la neutralité, l’impartialité et l’indépendance. Hélène Tilmanne a d’abord brossé dans les grandes lignes le fonctionnement de ce réseau humanitaire qui est présent dans le plus grand nombre de pays au monde. Un réseau qui œuvre notamment à faire respecter le droit des migrants: «En Belgique, nous sommes mandatés comme auxiliaire des pouvoirs publics. Mais nous ne sommes pas là pour encourager ou décourager la migration et nous sommes un acteur d’accueil parmi d’autres.»

Comme l’avait fait l’abbé Gérard Ilunga, directeur de l’ASBL Vie des communautés africaines du Hainaut, lors de son exposé sur le parcours d’intégration en Région wallonne, Mme Tilmanne est revenue sur quelques notions de base du «phénomène migratoire». Ainsi, alors que la migration cristallise bien des débats et est souvent agitée en épouvantail pour justifier les replis sur soi identitaires, migrer est pourtant un droit repris dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Mais un droit qui s’entrechoque avec le droit des pays d’accepter ou de refuser des personnes souhaitant s’établir sur leur sol.

L’intervenante a également brièvement passé en revue les motifs qui poussent les gens à quitter leur pays : atteinte aux droits personnels, conflits armés, catastrophes naturelles, recherche de mieux-vivre économique, inégalités en matière d’accès à l’éducation ou aux soins de santé, raisons familiales,… «Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises raisons de migrer.»

Des personnes et des chiffres

Les demandeurs de protection internationale représentent le public-cible des centres d’accueil de la Croix-Rouge. En 2023, 117 millions de personnes ont été déplacées de force. Ce qui équivaut à une personne sur 69! «On pense souvent que beaucoup de migrants arrivent en Europe, mais c’est faux. 69% des personnes ayant besoin d’une protection internationale s’installent au sein-même de leur pays ou dans un pays frontalier, tandis que seulement 25% d’entre elles sont parties vers des pays à revenus élevés.» Et en Belgique? «42% des migrants proviennent de l’Union européenne, 32% de pays européens mais hors UE, 10% du continent africain et 11% du continent asiatique.»

Les termes qui définissent des personnes quittant leur lieu de vie sont nombreux, selon les situations individuelles et administratives des unes et des autres: étranger, migrant, déplacé, demandeur de protection internationale, réfugié, apatride, débouté, sans papiers ou encore clandestin. Une courte vidéo a permis à l’assemblée de découvrir toutes les étapes d’une demande de protection internationale et du séjour dans un centre de la Croix-Rouge. Avec malheureusement de longs moments d’attente entre ces différentes étapes.

Le quotidien dans un centre d’accueil

En Belgique, il existe 35726 places d’accueil, tous partenaires confondus (outre la Croix-Rouge francophone, on retrouve son pendant néerlandophone mais aussi Fedasil, le Samu social, Caritas,…). 94% de ces places sont occupées, en grosse majorité par des familles. Malgré cela, environ 2500 personnes subsistent à la rue alors qu’elles devraient être accueillies. De son côté, la Croix-Rouge dispose de 29 centres et de 8919 places d’accueil en Wallonie et à Bruxelles.

«Nous offrons un accompagnement individuel ajusté aux besoins. Les employés ont une grande polyvalence entre l’accueil, l’organisation des repas,… pour permettre une approche plus humaine. Parfois les centres disposent d’une cuisine communautaire pour que les résidents puissent cuisiner. Il peut y avoir une vestiboutique, un espace rencontre, une garderie,… Nous assurons un encadrement spécifique pour les MENA (les mineurs étrangers non accompagnés). Il y a un bureau médical, un bureau social pour l’accompagnement.» Les centres sont ouverts 24h/24 et les résidents peuvent aller et venir comme ils le souhaitent, avec du personnel encadrant présent lui aussi en permanence.

Bien sûr, faire cohabiter des personnes de nationalités, de langues, d’habitudes ou de cultures différentes n’est pas toujours facile. Des personnes souvent en souffrance, frustrées ou désespérées par l’attente. «Le temps d’attente peut se structurer grâce à des formations, au suivi de l’éducation des enfants, en participant à des activités, en faisant du sport ou du bénévolat. Nous les incitons à participer au maximum à la vie belge hors du centre. Pour cela, nous collaborons avec les services locaux, avec des associations locales comme les centres culturels, on essaie aussi de faire vivre les artisans locaux.» En diffusant des informations aux riverains des centres d’accueil, la Croix-Rouge veut aussi, sur place, très localement, déconstruire les préjugés. Parce que connaître et comprendre l’autre, c’est une des clés d’un réel vivre ensemble.

Agnès MICHEL

Une nouvelle venue
au Service des migrations

L’abbé Claude Musimar a profité de cet après-midi de formation pour présenter une nouvelle «actrice» du service dont il est responsable. En effet, si Nathalie Vast y prendra officiellement ses fonctions d’animatrice pastorale le 2 mai 2025, elle tenait à être présente à ce premier rendez-vous participatif.  

Infirmière de formation âgée de 55 ans, Nathalie a été échevine à la cohésion sociale à Enghien. «J’espère collaborer harmonieusement avec vous tous pour un monde plus doux et en paix», a lancé la nouvelle recrue.

La JMMR 2025 en octobre

Compte tenu de l’année jubilaire, la 111e Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié sera célébrée les 4 et 5 octobre lors du Jubilé des Migrants.

Le Pape François a choisi comme thème: «Migrants, missionnaires d’espérance». Pour le vicaire général Olivier Fröhlich, en charge du service des migrations, les activités organisées dans le cadre des JMMR sont des moments marquants pour nos communautés, et il est donc important de ne pas toujours les célébrer au même endroit.

«On a beaucoup souligné combien l’accueil des migrants est une marque de solidarité humaine. C’est une richesse pour nos communautés paroissiales que les migrants ne restent pas de la théorie mais des visages. Notre identité croyante se joue à travers cela. Nous sommes invités à nous laisser interpeler par les migrants que nous accueillons, tant au niveau de notre vie en Église que de notre vie en société, cela nous oblige à creuser notre humanité commune.»

Pour l’abbé Fröhlich, la pastorale des migrations ne consiste pas exclusivement en l’attention portée aux migrants mais aussi à un service rendu à notre Église: «Nous avons le devoir de sensibiliser toute l’Église et la société à certaines questions car cela nous fait grandir. Les migrations, parmi bien d’autres choses, peuvent être un signe d’espérance pour notre humanité.»

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